Schulz s'est rendu à Damas et a rencontré le président Assad, concentrant leur discussion sur deux points : la conférence internationale et la réconciliation au Liban. Concernant la conférence internationale, la position syrienne a été communiquée à travers les médias, définissant quatre conditions pour participer à la conférence. Au Liban, Schultz a évoqué la question de manière générale, laissant les détails à Khaddam et Murphy. Le président Assad a souligné que le Liban était une question stratégique pour la Syrie, et pas seulement une question tactique liée à des différends personnels avec le président Gemayel. Le président Assad a vu la question au-delà des interactions personnelles, englobant la nécessité d’un nouveau système garantissant la justice et les droits de toutes les communautés et de tous les groupes. Lorsque Schultz s'est enquis du système approprié pour parvenir à la réconciliation au Liban, le président Assad a donné les grandes lignes, confiant les détails à son adjoint, Abdel Halim Khaddam. Schultz a accepté cet arrangement et a chargé Murphy de se coordonner avec Khaddam pour discuter des détails. La discussion entre Assad et Schultz sur le Liban s’est terminée en quinze minutes.
Khaddam, Murphy et Glaspie ont tenu plusieurs réunions, dont une à Baabda entre Al-Hakam et Glaspie. Au cours d'une des séances entre Khaddam et Murphy, le vice-président syrien a exprimé son point de vue, affirmant que toutes les solutions au Liban ont été imposées de l'extérieur tout au long de l'histoire, depuis l'époque des Ottomans et du mandat français jusqu'en 1958. Khaddam a proposé un accord direct avec les Américains, les Syriens assurant sa mise en œuvre auprès de leurs opposants dans les zones où l'armée syrienne est présente, tandis que les Américains garantiraient sa mise en œuvre du côté chrétien. Murphy a alors chargé son assistant, Glaspie, de transmettre cette information au palais de Baabda. Glaspie s'est rendu à Beyrouth et a rencontré le président Gemayel, qui a accepté d'explorer le véritable point de vue des Syriens à condition que les Américains ne soient liés par aucun accord final.
Suite à cela, Khaddam et Murphy ont eu une réunion importante qui a duré sept heures, parvenant apparemment à un accord sur la participation et l'abolition sectaire. Des nouvelles ont commencé à circuler concernant un accord final syro-américain sur le document de réforme. Après la visite à Damas, Schultz, Murphy et Glaspie retourneraient à Washington sans passer par Beyrouth et sans informer le médiateur du contenu de l'accord.
La perspective syrienne sur l’accord est la suivante :
Premièrement, le statut de commandant suprême de l'armée devrait être supprimé auprès du président de la République et l'armée devrait être considérée comme une administration exécutive placée sous l'autorité du Conseil des ministres.
Deuxièmement, le Conseil des ministres devrait être une institution indépendante dirigée par des autorités exécutives et administratives. Le Président de la République assiste aux séances du Cabinet sans droit de vote sur les décisions. Les décisions du Cabinet sont prises à la majorité et non par consensus ou à l'unanimité. Le Premier ministre est nommé au terme de « consultations obligatoires » menées par le Président de la République en présence du Président du Parlement.
Troisièmement, le sectarisme devrait être aboli, avec les mesures suivantes :
- Abolition immédiate du sectarisme dans les nominations.
- Égalité entre les sectes à la Chambre des représentants.
- Représentation équilibrée des maronites, sunnites et chiites au Conseil des ministres.
- Un calendrier devrait être fixé pour l’abolition du sectarisme politique.
Le gouvernement actuel adopte cet accord ou ces idées et les présente à la Chambre des représentants pour approbation. Ils seront inclus dans la déclaration ministérielle du gouvernement, qui sera élaborée immédiatement après l'approbation de l'accord, suivie des élections présidentielles. Le président nouvellement élu mettra en œuvre ce qui a été convenu.
Parallèlement, les consultations entre Damas et ses alliés sur la scène libanaise se poursuivent pour évaluer la phase actuelle, notamment compte tenu des récentes positions du gouvernement et de l'annonce faite par le Dr Samir Geagea, commandant des "Forces libanaises".
Selon un correspondant d'Al-Diyar dans la capitale syrienne, une délégation des "Partis nationaux" est arrivée hier après-midi à Damas, composée d'Asim Kansuh, George Hawi, Mustafa Saad, Marwan Faris, Enam Raad et Suheil Hamadeh. La délégation s'entretiendra avec des responsables syriens et leur fera le point sur les discussions avec Mme Glaspie à Damas.
Des sources politiques ont informé Al-Diyar que les pourparlers entre le vice-président syrien Abdel Halim Khaddam et Mme Glaspie "n'ont fait aucun progrès".
La délégation du parti doit se rendre aujourd'hui à Tripoli, dans l'Ouest, suite à une invitation du colonel Mouammar Kadhafi. Le ministre Walid Joumblatt, actuellement à Amman, les rejoindra lundi prochain. Khaddam a rencontré un délégué du Vatican mardi dernier. La situation actuelle sur la scène libanaise a également été présentée lors de ces discussions.