Le Liban a refusé de remettre à Damas les espions et les agents israéliens impliqués dans les deux réseaux libanais d'espionnage et de sabotage pour des raisons judiciaires liées aux procédures judiciaires à Beyrouth. Hier, les autorités judiciaires libanaises ont ouvert une enquête sur les projets agressifs des membres des deux réseaux, visant la Syrie et le Liban. Le juge d'instruction militaire Riad Talaie a émis sept mandats d'arrêt contre 11 individus accusés d'appartenir au réseau subversif associé au parti (dissous) Forces Libanaises. Ils ont été accusés d'avoir fait exploser un bus syrien à Damas fin 1996 et d'avoir fomenté des tentatives d'assassinat contre les ministres Michel El-Murr, Eli Hobeika et le commandant des forces de reconnaissance syriennes au Liban, le général Ghazi Kanaan.
Le Liban a communiqué à la Syrie les raisons de son refus d'extrader les espions et agents subversifs.
Des sources libanaises ont révélé hier une visite secrète surprise du vice-président syrien Abdel Halim Khaddam dans la région de Shtaura. Lors de cette visite secrète, Khaddam a rencontré Nabih Berri, le président de la Chambre des représentants, Rafiq Hariri, le Premier ministre, et Mohsen Dalloul, le ministre de la Défense, pour discuter des réseaux de sabotage et d'espionnage.
Selon des sources judiciaires, le juge Taleea poursuivra ses investigations dans les prochains jours. Il envisage de délivrer des mandats d'arrêt par contumace contre plusieurs accusés en fuite. Le juge d'instruction militaire a souligné que l'enquête serait menée de manière approfondie et qu'aucune conclusion prématurée ne serait tirée.
L'enquête en cours sur l'attentat à la bombe contre un bus syrien a attiré une attention considérable, la partie libanaise affirmant qu'aucune des personnes impliquées ne sera remise aux autorités syriennes.
Pour renforcer cette position, le procureur discriminatoire Adnan Adoum a envoyé une lettre officielle à la Direction générale des forces de sécurité intérieure, se concentrant sur la rationalisation du processus d'extradition des criminels terroristes et sur le renforcement de l'entraide entre les États membres à cet égard.
Par ailleurs, le journal libanais Al-Nahar a rapporté que le vice-président syrien Abdel Halim Khaddam avait effectué une visite surprise à Shtaura, dans l'est du Liban. Il a rencontré le président de la Chambre des représentants Nabih Berri, le Premier ministre libanais Rafik Hariri, le ministre libanais de la Défense Mohsen Dalloul, ainsi que le général Ibrahim Safy, commandant des forces syriennes opérant au Liban, et le général de division Ghazi Kanaan, chef du service de sécurité et de reconnaissance des forces syriennes. Les discussions ont porté sur les réseaux de bombardement et d'espionnage récemment révélés au Liban, ainsi que sur la situation intérieure du Liban. Selon des sources gouvernementales citées par Al-Nahar, il n'y a pas de perspectives immédiates de négociation et des solutions semblent peu probables compte tenu de la politique militante d'Israël dans la région. En outre, le journal libanais Al-Kifah al-Araby a rapporté que la réunion non divulguée de Khaddam concernait la session extraordinaire de la Chambre des représentants, que le président Nabih Berri est déterminé à convoquer. Ils ont également évoqué l'amendement constitutionnel et les candidats désignés à la présidence de la République. Le journal a en outre indiqué que le vice-président syrien avait demandé de reporter la discussion sur cette question jusqu'après le retour du président syrien Hafez Al-Assad de sa visite à Paris.