Le ministre des Affaires étrangères Abdul Halim Khaddam : la Syrie considère Israël comme une menace économique pour les Arabes

publisher: The New York times

Publishing date: 1977-12-01

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Le ministre syrien des Affaires étrangères Abdel Halim Khaddam exprime ses inquiétudes

Le ministre syrien des Affaires étrangères, Abdel Halim Khaddam, connu pour son franc-parler, a exprimé l’inquiétude du gouvernement face à la possibilité d’une normalisation des relations égypto-israéliennes et à son impact sur le reste du monde arabe, lors d’un discours politique majeur prononcé le week-end dernier devant le Parlement syrien.

Selon M. Khaddam, le premier accomplissement majeur de la visite de M. Sadate à Jérusalem a été l’élimination de l’état de belligérance et l’établissement d’une véritable réconciliation ainsi que de relations normales entre Israël et l’Égypte.

« Les Israéliens comprennent que ce n’est qu’en établissant des relations normales qu’ils peuvent liquider la cause palestinienne et réaliser leur conception israélienne de la sécurité », a déclaré le ministre syrien des Affaires étrangères.

Crainte d’un « contrôle total » par Israël

Il a mis en garde contre le fait qu’avec des relations normales, les Israéliens imposeraient un « contrôle total sur la patrie arabe, économiquement, culturellement et politiquement. »

M. Khaddam a prédit que les Arabes deviendraient une main-d’œuvre pour l’économie israélienne, « comme c’est actuellement le cas en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. » Il a ajouté que le citoyen arabe, qu’il soit ouvrier, paysan, professionnel, homme d’affaires ou intellectuel, deviendrait sous des relations normales « un outil au service de l’économie israélienne. »

D’un autre côté, M. Khaddam a déclaré que la « conception israélienne de la paix » signifierait l’ouverture de la région à des millions de Juifs du monde entier, leur permettant d’immigrer et d’acheter des terres dans la patrie arabe, « comme cela s’est produit en Palestine. »

« Des terres en Syrie, au Liban, en Jordanie et en Égypte seront habitées par des immigrants juifs et deviendront une base pour une nouvelle expansion israélienne dans le cadre de l’établissement de l’État juif du Nil à l’Euphrate », a-t-il prédit.

Des responsables syriens ont indiqué que leur objectif principal était désormais d’expliquer cette menace et de tenter de mobiliser l’opinion arabe contre elle.

On a également rapporté que le président Hafez el-Assad assisterait demain à une réunion arabe du « courant radical » à Tripoli, en Libye, afin d’alerter le monde arabe sur ce que la Syrie considère comme « les dangers » des politiques de M. Sadate.

Les Syriens voient une « menace agressive »

Dans des conversations privées, des responsables syriens expriment une vive appréhension quant à ce qui est désormais connu sous le nom de « nature de la paix. » Tout en soulignant leur fierté pour leur civilisation ancienne, ils regardent avec méfiance l’ouverture de l’Égypte à ce qu’ils considèrent comme une menace de plus en plus agressive du sionisme international.

« Israël a besoin des marchés et de la main-d’œuvre arabes et cherche à transformer la société arabe en un marché de consommation pour des biens israéliens produits par des travailleurs arabes », a déclaré un Syrien. Il a prédit que si les Égyptiens allaient jusqu’au bout de leur projet de coopération économique, leur économie deviendrait dépendante du sionisme et ils perdraient leur indépendance.

Selon des sources gouvernementales syriennes, M. Sadate pense que la coopération avec Israël résoudra les difficultés économiques de l’Égypte. Il aurait affirmé aux dirigeants syriens qu’il souhaitait bénéficier de la technologie israélienne et leur aurait assuré qu’il pourrait garder les Israéliens « sous contrôle. » Il aurait ajouté que s’il avait pu, en 1972, se débarrasser des techniciens militaires soviétiques en Égypte, pourquoi ne pourrait-il pas se débarrasser des techniciens israéliens si nécessaire ?

Les Syriens ne partagent pas cet avis et, en privé, comparent fréquemment M. Sadate au maréchal Pétain, le dirigeant français qui a collaboré avec l’Allemagne nazie après la défaite de 1940, préférant apporter « l’humiliation » à son pays plutôt que de subir davantage de pertes humaines et de destructions.

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