Un défi difficile pour un ancien haut fonctionnaire du régime syrien qui est passé dans l’opposition.

publisher: الرأي

Publishing date: 2006-01-15

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L’ancien vice-président syrien Abdel Halim Khaddam, qui dirige une campagne médiatique visant à renverser le président Bashar al-Assad, fait face à un test imprévisible.

Un certain nombre d’opposants et d’experts suggèrent que l’opposition devrait rester méfiante envers cette figure de l’ancien régime.

Khaddam, 73 ans, a justifié ses actions lors d’une interview avec l’Agence France Presse cette semaine, déclarant : « J’ai été en contact avec des figures du Parti socialiste arabe baath et d’autres partis en Syrie, et d’autres contacts seront pris avec d’autres personnes. »

« Mon appel s’adresse à tous les Syriens pour contribuer à façonner le destin de leur pays », a-t-il souligné, mettant en évidence que « le peuple syrien est mécontent du régime actuel, de l’oppression des services de sécurité, de la limitation des libertés et de la corruption au sein de l’entourage du chef de l’État. »

Accompagné de son fils Jihad et de plusieurs membres de sa famille, Khaddam a rencontré l’ancien chef d’état-major général Hikmat Shihabi « à titre amical » avant d’exprimer publiquement son opposition et de faire des déclarations audacieuses aux médias le 30 décembre. L’emplacement de la réunion n’a pas été spécifié.

Un proche collaborateur de l’ancien chef d’état-major, qui réside à Los Angeles, aux États-Unis, a déclaré que « Shihabi ne souhaite être associé à rien du tout », malgré le fait que son nom soit mentionné dans certains médias en tant qu’activiste de l’opposition.

Khaddam, qui a cherché refuge avec sa famille à Paris, où ils résident dans une maison luxueuse, a considérablement intensifié ses interventions médiatiques au cours des deux dernières semaines, dans le but de susciter un « soulèvement populaire » contre Bashar al-Assad.

Il accuse le président syrien d’avoir ordonné l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais Rafiq Hariri le 14 février lors d’une attaque à la bombe attribuée à Damas.

Interrogé sur les motifs derrière ses actions, Khaddam a répondu : « J’ai décidé de m’exprimer après avoir été en contact avec plusieurs responsables et forces politiques. »

Concernant ses déclarations depuis la France, où il s’est installé après avoir démissionné de ses fonctions gouvernementales et de son adhésion au parti en juin, il a expliqué : « Le peuple syrien est conscient que si j’avais fait ce discours depuis la Syrie, j’aurais subi le même sort que d’autres. » Il a ajouté que « le peuple syrien comprend les raisons de ma présence en France. »

Dans le contexte de sa critique du régime syrien, il a ajouté : « Ce régime ne tolère aucune forme de critique. Il craint d’accorder aux gens la liberté et leur répond par la violence. Il appréhende également de faire des concessions dans ses relations avec les étrangers. »

Interrogé sur son intention de demander l’asile politique en France, Khaddam a déclaré fermement : « Jamais. »

Lors d’une conversation téléphonique avec l’Agence France Presse à Paris, le fils de Khaddam a annoncé hier que son père resterait en France et n’avait aucune intention de se rendre en Arabie saoudite.

Jihad Khaddam a rejeté les informations de certains médias suggérant que son père était sous pression du gouvernement français pour quitter le pays. Il a souligné qu’il n’y avait aucune intimidation de la part du gouvernement français et qu’en réalité, c’était le contraire. Il a également précisé qu’il n’y avait aucun plan ni intention de déménager en Arabie saoudite.

Il a qualifié ces rapports de propagande « trompeuse » du régime syrien.

À Damas, certains opposants se sont éloignés des positions de Khaddam. Khaddam, qui fut autrefois l’un des plus proches conseillers du défunt président Hafez al-Assad, a gouverné le pays d’une main de fer.

Ali Sadreddin Al-Bayanouni, le Comptroller général des Frères musulmans en Syrie, a déclaré depuis son exil à Londres que son organisation était prête à collaborer avec Khaddam pour provoquer un changement de régime en Syrie. Cependant, il s’est montré sceptique quant à l’engagement proclamé de Khaddam en faveur de la démocratie.

Concernant la possibilité d’un soulèvement populaire dans un pays longtemps dominé par les services de sécurité, une figure de l’opposition syrienne basée à Paris, qui a souhaité rester anonyme, a déclaré à l’AFP : « Cela est très peu probable. »

Le célèbre écrivain et journaliste britannique Patrick Seale a également déclaré que « ce scénario est difficile à imaginer et nécessiterait des années et même une organisation clandestine. »

Seale, un expert renommé des affaires du Moyen-Orient, s’est interrogé sur le soutien que Khaddam pourrait recevoir. Dans son pays, Khaddam est perçu comme responsable de la répression du Printemps de Damas qui a émergé après que Bashar Al-Assad ait pris le pouvoir en 2000.

L’hypothèse demeure que Khaddam pourrait recevoir le soutien de la France ou des États-Unis, car ces deux pays étaient à l’origine de la résolution 1559 du Conseil de sécurité, qui a entraîné le retrait de l’armée syrienne du Liban. Ils continuent d’exercer des pressions sur la Syrie pour qu’elle coopère avec la Commission internationale d’enquête sur l’assassinat de Hariri.

Les autorités françaises ont confirmé à plusieurs reprises qu’elles n’avaient eu « aucun contact » avec Khaddam et qu’il résidait à Paris à titre privé. Le journaliste et ancien prisonnier politique Yassin Al-Haj Saleh, à Damas, a exprimé des doutes quant à l’idée qu’une figure comme Khaddam prendrait une telle initiative sans plan ou accord avec des entités internationales, régionales ou même locales.

Seale a estimé que « les États-Unis, la France et Israël ne cherchent pas à renverser Bashar, mais plutôt à l’affaiblir » et à le contraindre à « sacrifier » certains de ses proches collaborateurs

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