En réponse à la citation à comparaître émise par un tribunal syrien à son encontre hier, Abdel Halim Khaddam a déclaré : « En fait, je n’ai rien reçu. J’ai lu dans les journaux qu’une action en justice a été engagée contre moi et 25 membres de ma famille, y compris des enfants de deux ans. Cela indique que Bashar Al-Assad est dans une très mauvaise situation. Il a perdu l’esprit et est confus, sachant que celui qui sera jugé pour corruption, c’est Bashar Al-Assad et sa famille, car cette corruption a prospéré sous l’égide de la famille Al-Assad depuis 1970. Je suis sûr qu’ils seront bientôt jugés et sévèrement punis par le peuple. »
Khaddam, dans des déclarations à la BBC, a défié le régime de prouver toute accusation de corruption à son encontre. Il a déclaré : « Je défie toute accusation réelle de corruption. J’ai déjà défié Bashar Al-Assad de former un comité pour enquêter sur tous les dossiers de corruption en Syrie depuis 1970. Le comité devrait être présidé par Sameh Ashour, le Barreau en Égypte, avec la participation du Secrétaire général de l’Union des avocats arabes, du Président de la Cour de cassation en Égypte et d’un employé de la Commission des Nations Unies contre la corruption. Je suis prêt à comparaître devant eux et à fournir toutes les informations en ma possession. »
Selon la citation à comparaître, Khaddam, sa femme et 23 membres de sa famille doivent comparaître devant le tribunal de Banias au milieu du mois prochain. Khaddam sera jugé par contumace s’il ne répond pas à ce mémorandum.
En ce qui concerne la légalité du procès, l’ancien vice-président syrien a déclaré : « Il n’y a pas de pouvoir judiciaire en Syrie. Le crime majeur commis par le régime en Syrie est d’avoir aboli l’indépendance du pouvoir judiciaire et d’en avoir fait un organe de sécurité utilisé par l’autorité contre lui. » Il a nié la possibilité de comparaître devant le tribunal, affirmant qu’il est lié à des organes et qu’il ne recrutera pas d’avocat pour le défendre car ce tribunal est illégal et que le régime est illégal. Il a considéré que toutes les décisions émises par eux sont sans valeur et que leurs auteurs seront tenus pour responsables.
Khaddam a expliqué que le but de cette action en justice est de saisir sa propriété et celle de sa femme et de ses enfants. Par exemple, on lui demande de payer 60 millions de livres syriennes pour l’eau utilisée par sa maison dans la ville de Banias, et l’ensemble du projet d’eau de cette ville n’a pas coûté ce montant. Khaddam a souligné que tous ceux mentionnés dans la plainte vivent en dehors de la Syrie.
Il convient de noter que le Parti Baas au pouvoir en Syrie avait décidé en décembre dernier d’expulser Khaddam de ses rangs et avait demandé qu’il soit jugé pour haute trahison, à la suite d’une interview donnée par Khaddam à la chaîne de télévision par satellite Al Arabia, dans laquelle il critiquait ouvertement la direction syrienne.
L’Assemblée du Peuple syrien avait également recommandé que Khaddam soit jugé pour haute trahison. Ses députés l’avaient accusé de trahison et de travailler pour les ennemis de la Syrie. Ils avaient demandé qu’il soit jugé par le peuple et que son nom soit retiré des listes du Barreau. Ils considéraient que ses déclarations faisaient partie de la pression exercée sur la Syrie.
Khaddam avait formulé des critiques sans précédent à l’égard de la direction syrienne, affirmant qu’elle avait commis une série d’erreurs. Il avait également mentionné qu’il avait beaucoup de choses sérieuses à dire en temps voulu.
Lors de l’interview à Paris, Khaddam avait révélé que l’ancien Premier ministre libanais Rafiq Hariri avait reçu de nombreuses menaces de la part de la Syrie et du président syrien personnellement avant son assassinat à Beyrouth en février 2005. Il avait souligné que Hariri avait été convoqué à Damas alors qu’il dirigeait le gouvernement au Liban, et que Assad s’était adressé à lui en des termes très durs.