Bruxelles – UPI – Le vice-président syrien démissionnaire, Abdul Halim Khaddam, a estimé que la déclaration récente de la Confrérie musulmane en Syrie, annonçant la suspension de ses activités d’opposition au régime, « constitue une divergence par rapport à la ligne générale du Front du Salut qu’il dirige ». Il a souligné que « les raisons de l’affaiblissement des activités de l’assemblée d’opposition ces derniers temps sont liées à sa concentration sur les affaires intérieures », qu’il considère comme incompatible avec les activités publiques.
Khaddam a déclaré lors d’une entrevue avec United Press International à Bruxelles, en marge de la réunion périodique du Secrétariat général du « Salut », que la déclaration de la Confrérie, l’une des factions les plus importantes de l’opposition, « représente leur point de vue, et personnellement, je ne suis pas d’accord avec lui. Nous, au Front du Salut, sommes un groupe de partis et de forces, et il y a de nombreux sujets sur lesquels j’ai des opinions divergentes avec la Confrérie musulmane ou d’autres parties. »
Il a ajouté que la Confrérie « a adopté cette position, et en réalité, je ne suis pas d’accord avec elle, car elle ne sert pas l’opposition et profite au régime, mais elle représente finalement leur point de vue et leurs affaires. »
Interrogé sur le fait que la position de la Confrérie et les déclarations de leur porte-parole, qui ont ensuite salué la position du régime syrien face à l’agression israélienne contre la bande de Gaza, sont en contradiction avec les orientations du Front, Khaddam a répondu : « Nous ne sommes pas d’accord avec de tels propos et nous les considérons comme allant à l’encontre de la ligne générale du Front du Salut. » Il a ajouté : « Le régime syrien a adopté de nombreuses positions à travers le discours prononcé par son président Bachar al-Assad lors du sommet de Doha, lorsqu’il a déclaré que l’initiative de paix arabe était morte et que ce qui a été pris par la force ne peut être récupéré que par la force, mais en même temps, il lance des déclarations encourageant le nouveau président américain Barack Obama à accélérer le processus de paix au Moyen-Orient, ce qui est considéré comme une position opportuniste. »
Il a souligné que le régime « a voulu exploiter un moment spécifique de la souffrance du peuple palestinien et du sang des Palestiniens pour couvrir ce qu’il fait dans le cadre non déclaré ». Khaddam a exclu la possibilité que les récentes propositions des Frères musulmans syriens s’inscrivent dans le cadre de médiations avec le régime, déclarant : « À mon avis, la rencontre entre la Confrérie musulmane et le régime n’est pas envisageable. Ni le régime n’accepte leur retour, ni ne sont-ils capables de faire les concessions nécessaires. » Il a suggéré que l’objectif derrière ces fuites pourrait être de « perturber l’opposition syrienne ».
Interrogé sur la possibilité que le « Salut » prenne une position en réponse à l’annonce de la suspension des activités de l’opposition par les Frères musulmans, Khaddam a affirmé que « les opinions de la majorité des membres du Secrétariat général du Front du Salut ne sont pas en accord avec cette proposition, mais cette perspective représente leur opinion personnelle. Si on nous interrogeait, nous exprimerions notre objection, mais c’est une question de point de vue et nous n’avons pas le droit de leur imposer notre point de vue. »
L’ancien vice-président a confirmé que l’adhésion de la Confrérie au Front « continuera, quel que soit son récent positionnement, malgré les rumeurs récurrentes sur ses orientations visant à l’isoler ou à se retirer du Front ». Cependant, une source proche du Front a informé United Press International que l’adhésion des Frères au « Salut » serait décidée lors de la réunion de son Conseil national le mois prochain.
Le groupe, interdit en Syrie, a annoncé la suspension de ses activités d’opposition au régime, appelant à « la réconciliation avec son peuple et à lever tous les obstacles empêchant la Syrie, en tant qu’État et peuple, de soutenir la résistance des Palestiniens ». Dans une déclaration le mois dernier, il a lancé cette initiative « en reconnaissance de la phase historique que traversent les deux nations arabe et islamique, ainsi que des conditions politiques, militaires et humanitaires imposées par l’agression sioniste contre notre peuple à Gaza, et en fournissant tous les efforts pour la bataille principale. »
Khaddam a nié tout contact récent avec le juge belge Daniel Bellemare, président de la commission d’enquête internationale sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, déclarant : « Personne de la commission d’enquête ne m’a contacté, mais la commission a pris ma déposition il y a plus d’un an. »
Il a décrit la situation en Syrie comme « complexe sur le plan économique, de la vie quotidienne et du ressenti des gens face à l’injustice, à l’oppression, à la domination et à l’ampleur de la corruption répandue dans le pays », soulignant que ces conditions « constitueront des facteurs sérieux pour réaliser le changement souhaité ».