Le gouvernement libanais est passé aujourd’hui à une phase cruciale de son programme visant à démanteler complètement toutes les milices privées, alors que le président Elias Hrawi a rencontré le vice-président syrien pour discuter du soutien des 40 000 soldats syriens au Liban dans la suppression de toute opposition à cet effort.
Le vice-président syrien, Abdel Halim Khaddam, le deuxième dans la hiérarchie du gouvernement après le président Hafez al-Assad, a effectué une visite imprévue à Beyrouth, la première visite d’un haut responsable syrien en 10 ans. Il s’est rendu directement à la villa présidentielle de M. Hrawi dans l’ouest de Beyrouth, principalement musulman, qui est surveillée conjointement par des soldats libanais et syriens. Les deux dirigeants ont rapidement été rejoints par le Premier ministre libanais, Omar Karami.
Les pourparlers de haut niveau ont souligné l’importance de la tentative que le gouvernement libanais est sur le point de faire pour désarmer et dissoudre les armées privées qui ont détenu les rênes effectives du pouvoir pendant près de 16 ans de conflit civil.
Le président Hrawi a convoqué une réunion du cabinet mercredi au cours de laquelle, selon les responsables gouvernementaux, une stratégie sera adoptée pour démanteler les groupes armés comme stipulé dans un nouveau pacte de réconciliation nationale.
Le gouvernement a obtenu la coopération de la plupart des principales milices, assurant l’évacuation de leurs unités de combat de la région de Beyrouth en décembre. Mais le président Hrawi a rencontré une résistance de la part de la force chrétienne la plus puissante, les Forces libanaises de 10 000 hommes, et du Parti de Dieu fondamentaliste soutenu par l’Iran.
De plus, le gouvernement est déterminé à démanteler quelque 11 000 guérilleros palestiniens dans le sud, le nord et l’est du pays qui ont juré de garder leurs armes pour continuer leur lutte contre Israël. La charte de réconciliation nationale, approuvée par les législateurs libanais musulmans et chrétiens sous les auspices arabes il y a 17 mois, stipulait entre autres que les milices libanaises et étrangères devaient être désarmées et dissoutes avant jeudi.
L’atmosphère ici rappelle les jours précédant la défaite d’un général de l’armée chrétienne renégat, Michel Aoun, en octobre dernier.
Les forces syriennes et les unités de l’armée libanaise loyales au président Hrawi ont monté une attaque conjointe qui a forcé le général Aoun à fuir son refuge dans l’ancien palais présidentiel de la banlieue de Baabda et à se réfugier dans l’ambassade de France voisine, où il vit depuis.
M. Khaddam a déclaré aux journalistes après sa rencontre avec le président Hrawi que la Syrie était prête à fournir au gouvernement libanais toute l’aide nécessaire pour étendre son autorité à toutes les régions du Liban. Il a dit qu’il ne s’attendait pas à des problèmes sérieux pour démanteler les milices parce que tous les partis libanais ont approuvé le pacte de réconciliation. Il n’a pas abordé la présence de Palestiniens armés.