La Syrie a rejeté le plan de paix du président Reagan au Moyen-Orient visant à « imposer l’hégémonie américano-sioniste » sur les Arabes et a averti qu’elle contrecarrera tout pacte entre le Liban et Israël menaçant les intérêts syriens.
La radio de Damas, dirigée par l’État, a annoncé aujourd’hui que le ministre syrien des Affaires étrangères, Abdel Halim Khaddam, a fait ces déclarations lors d’une réunion jeudi du Bureau de coordination des 49 membres du Mouvement des non-alignés à Managua, au Nicaragua.
Les médias contrôlés par l’État à Damas ont immédiatement dénoncé le plan de Reagan dès sa présentation le 1er septembre dernier, mais les commentaires de Khaddam marquent la première fois qu’un haut responsable syrien rejette ouvertement le plan.
La diffusion radio des déclarations de Khaddam a été surveillée à Beyrouth.
Les États-Unis et Israël « visent à transformer la région arabe en une colonie et un espace vital pour le système impérialiste, qui tente de redécouper le monde et de le soumettre à la servitude », aurait déclaré Khaddam.
La Syrie rejette tout plan qui ne repose pas sur « le retrait complet (d’Israël) de tous les territoires arabes occupés et la reconnaissance des droits inaliénables du peuple palestinien », aurait ajouté Khaddam.
Environ 30 000 forces israéliennes occupent actuellement des parties du Liban sud et est. Israël occupe également la Cisjordanie et la bande de Gaza, saisies lors d’une guerre avec la Jordanie en 1967.
Khaddam aurait déclaré que les droits des Palestiniens comprennent « leur droit au rapatriement, à l’autodétermination et à l’établissement de leur État indépendant sur leur sol national ».
Le ministre syrien des Affaires étrangères aurait qualifié l’initiative au Moyen-Orient de Reagan de « plan visant à imposer l’hégémonie américano-sioniste sur les Arabes », ajoutant que des actions arabes collectives doivent être entreprises pour contrer cette tentative américaine.
Le plan au Moyen-Orient de Reagan prévoit une entité palestinienne, mais pas un État palestinien indépendant, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza occupées par Israël, sous l’égide jordanienne.
Khaddam aurait également déclaré que la Syrie « résistera et tentera de contrecarrer toute tentative d’imposer un accord qui porterait atteinte à l’unité et à la souveraineté du Liban sur son territoire, ou qui porterait atteinte à la sécurité de la Syrie et à ses intérêts ».
Cette déclaration faisait référence aux pourparlers entre Israël et le Liban sur le retrait des forces israéliennes, ainsi que des 40 000 forces syriennes et des 10 000 forces de l’Organisation de libération de la Palestine du Liban.
La Syrie craint que l’influence israélienne et américaine ne s’étende au Liban, où elle a été un acteur puissant dans les domaines politique et militaire.