Message de M. Abdel Halim Khaddam concernant l'initiative de Mistura pour une solution politique à la crise sanglante en Syrie :
Dans les temps modernes, le monde n’a pas vu un dirigeant tuer son propre peuple, détruire son pays, disperser ses citoyens, confisquer les libertés publiques et individuelles et nuire à l’économie nationale comme le tyran Bachar Al-Assad. Il a utilisé les forces armées et les services de sécurité pour massacrer ses propres citoyens, dévaster la nation, ouvrir les portes des prisons et propager la corruption.
L'injustice, l'oppression et la famine sont des facteurs clés qui provoquent la haine et le ressentiment contre le régime, qui a commis de nouveaux crimes en exploitant les divisions sectaires et ethniques et en incitant les minorités. Ces actions ont déchiré le pays et favorisé les conflits entre les citoyens, alors que le tyran ne réalise pas le danger dans lequel il a placé la Syrie.
Au cœur de ces événements sanglants, les États-Unis d'Amérique et la Russie ont convenu de convoquer une conférence pour trouver une solution à la tragédie perpétrée par le tyran Bashar Al-Assad. La conférence de Genève s'est tenue fin juin 2012 et a réuni de nombreux pays européens et arabes, en plus des organisateurs de la conférence.
Après de longues discussions, la conférence est parvenue à un accord sur un document appelé Document de Genève 1, visant à résoudre la crise syrienne. Le document comprenait plusieurs principes destinés à résoudre la crise, même si certains de ces principes se sont heurtés à des objections non seulement de la part du peuple syrien mais également de la part des deux pays de tutelle.
Les États-Unis d'Amérique ont annoncé que le document éliminerait Bachar Al-Assad du pouvoir, tandis que la Fédération de Russie a exprimé son engagement en faveur de la survie de Bachar Al-Assad.
L'article controversé est le suivant : « La création d'un organe directeur de transition qui peut créer un environnement neutre dans lequel le processus de transition peut avoir lieu. L'organe directeur de transition exercera les pleins pouvoirs exécutifs et pourra inclure des membres du gouvernement actuel, de l'opposition. , et d'autres groupes. Sa formation doit être basée sur le consentement mutuel.
Ce texte contient une ambiguïté qui le gêne. Premièrement, le document accorde à l’organe de transition les pleins pouvoirs exécutifs, mais il ne s’adresse pas au chef de l’État qui, en vertu de la Constitution syrienne, détient le pouvoir législatif et exécutif absolu. Cette omission perturbe l'ensemble du document si toutes les parties ne parviennent pas à s'entendre sur cet article. Deuxièmement, le projet ne précise pas le processus de sélection des représentants de l'opposition, de détermination du tiers mentionné ou d'équilibre dans les actions du groupe.
Ce texte présente une ambiguïté qui nuit à sa clarté. Premièrement, le document accorde à l’organe de transition les pleins pouvoirs exécutifs, mais il ne s’adresse pas au chef de l’État qui, selon la Constitution syrienne, possède des pouvoirs législatifs et exécutifs absolus. Ceci est d’autant plus crucial que l’article, s’il n’est pas accepté par toutes les parties, perturbe l’ensemble du document.
Deuxièmement, le projet ne précise pas la procédure de sélection des représentants de l'opposition, de détermination du tiers mentionné ou d'équilibre dans les actions du groupe.
Le projet comprend également le paragraphe suivant :
"Le maintien des institutions gouvernementales et des employés compétents est essentiel. Il est nécessaire de maintenir ou de restaurer le fonctionnement des services publics, y compris les forces armées et les services de sécurité. Cependant, toutes les institutions gouvernementales, y compris les services de renseignement, doivent respecter les droits de l'homme et les règles professionnelles. normes, opérant sous la direction de hauts dirigeants de confiance, responsables devant l'organe directeur de transition.
Il ne fait aucun doute que l’objectif du peuple syrien n’est pas de renverser l’État syrien, car l’État et le système politique sont des questions distinctes. L’objectif est de démanteler le système politique, ce qui n’implique pas la dissolution des institutions étatiques. Au lieu de cela, ils doivent être réformés et purifiés. Si cela ne se produit pas et que les services de sécurité, l’armée et les agences de renseignement restent inchangés, cela pourrait conduire à la résurgence du régime par le biais d’un coup d’État militaire. Bachar al-Assad n’a pas besoin de revenir, mais un exemple peut être donné. Toutefois, cela entraînera l’effondrement de la nouvelle institution, la prolifération du chaos dans le pays et la croissance de l’extrémisme.
Ce texte aurait dû être conclu sur le principe de tenir pour responsables ceux qui ont commis des crimes de meurtre, de destruction et de corruption. Tous ceux qui ont servi dans l'État ne sont pas responsables de sa politique, mais les individus au sein de la structure étatique ont perdu leur capacité à maintenir la ligne qui protège les intérêts du pays. Cette ligne devrait être déterminée par le peuple au moyen d’élections libres.
Si la tenue d’élections n’est pas réalisable, une conférence nationale globale sera convoquée, impliquant tous les partis représentant le peuple syrien, y compris ses composantes nationales, religieuses et politiques, qui se sont opposées au régime autoritaire et ont œuvré à son renversement.
Après quatre ans et demi de massacres et de destructions, les principaux pays ont pris des mesures pour trouver une solution à la crise syrienne, mais ils restent divisés. Les États-Unis ont annoncé la possibilité d’une solution politique en présence du tyran Bachar, tandis que la Russie a évoqué la possibilité d’un leadership politique en l’absence de Bachar al-Assad. Dans ce contexte, un responsable de l'ONU, M. Staffan de Mistura, nommé par le Secrétaire général des Nations Unies, a été chargé de rechercher une solution politique. Bien qu’il n’ait aucune expérience préalable des Nations Unies au Moyen-Orient ou du dossier syrien, il a présenté un projet qui a été adopté à l’unanimité par le Conseil de sécurité de l’ONU sans discussion approfondie, malgré plusieurs lacunes qui entravent sa mise en œuvre.
Il existe des lacunes importantes dans le projet :
Premièrement, le projet a préservé la présence de Bachar al-Assad et de son régime, sans tenir compte du sang versé par des centaines de milliers de Syriens, ainsi que des destructions et des souffrances endurées par le peuple syrien.
Deuxièmement, le projet entraînerait le démantèlement de l'intégrité démographique et géographique de la Syrie, en créant des organisations gouvernementales appelées « cantons » pour gérer chaque section.
Troisièmement, le projet se concentre principalement sur la situation des minorités.
Selon ce projet, la Syrie serait divisée en plusieurs États : un au Sahel, un à Damas, un à Alep, un dans les régions orientales et un au centre de la Syrie, comprenant Homs et Hama.
J’appelle passionnément le peuple syrien et les organisations politiques, y compris la Coalition nationale, à reconnaître le sérieux de ce projet. Le but ultime est de démanteler la Syrie, une nation qui défend les principes de justice, de vérité et d’égalité trouvés dans l’Islam et d’autres religions célestes, et une nation qui a vu les efforts des Syriens s’étendre jusqu’aux frontières de la Chine et du sud de l’Europe.
Tout au long de leur longue histoire, les Syriens sont connus pour leur coexistence entre les composantes religieuses, sectaires, nationales et politiques de la société. Cette coexistence est un héritage précieux profondément ancré dans le cœur et l’esprit des Syriens.
Le démantèlement de la Syrie est non seulement périlleux pour le peuple syrien mais aura également des répercussions sur d’autres pays arabes et islamiques.
Frères,
Nous devons nous méfier de ceux qui prétendent œuvrer dans le meilleur intérêt du peuple syrien tout en poursuivant des programmes différents ailleurs.
Aucun Syrien n’a le droit de décider unilatéralement des questions nationales, car des erreurs dans ces domaines peuvent avoir de profondes conséquences pour le pays.
Le projet de Mistura présente un risque important et nous devrions tous nous efforcer d’éviter de tomber dans ce piège. Notre pays bien-aimé, chers citoyens, est en grave danger et nécessite les efforts collectifs de nous tous. Je vous implore de mettre de côté vos divergences et d’unir vos efforts pour sauver la Syrie, notre patrie et la Syrie de son peuple.
Que Dieu nous guide tous vers ce qui est le mieux pour notre peuple et notre nation.
Abdel Halim Khaddam