Assemblée générale des Nations Unies Trente et unième session, déclaration de Khaddam

publisher: United Nations GENERAL ASSEMBLY

Publishing date: 1976-10-06

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Nations Unies

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Trente et unième session

Procès-verbaux officiels

Président : M. Hamilton Shirley AMERASINGHE (Sri Lanka)

Monsieur le Président, je vous transmets les salutations chaleureuses de Son Excellence Abdel Halim Khaddam, Vice-Premier ministre et Ministre des Affaires étrangères de la République arabe syrienne, qui, en raison de certains devoirs importants, ne peut assister personnellement à la réunion d’aujourd’hui, mais qui m’a confié l’honneur de présenter sa déclaration devant cette auguste Assemblée.

 

M. ALLAF (République arabe syrienne) : Permettez-moi tout d’abord, Monsieur le Président, de vous transmettre les salutations chaleureuses de Son Excellence Abdel Halim Khaddam, Vice-Premier ministre et Ministre des Affaires étrangères de la République arabe syrienne, qui, en raison de certains devoirs importants, ne peut assister personnellement à la réunion d’aujourd’hui, mais qui m’a confié l’honneur de présenter sa déclaration devant cette auguste Assemblée. Il me fait plaisir de remplir cette tâche et d’ajouter à tout ce qu’il a exprimé dans sa déclaration concernant votre élection à la très haute fonction de la Présidence de l’Assemblée générale mes expressions personnelles de haute estime et d’admiration.

Je suis ravi de commencer ma déclaration en exprimant notre fierté, Monsieur, de vous voir assumer la présidence de la trente et unième session de l’Assemblée générale des Nations Unies. Nous savons tous le rôle que vous avez joué depuis que vous avez assumé la représentation de votre pays estimé aux Nations Unies en soutenant les principes de l’organisation internationale et en défendant les droits des peuples défavorisés, ainsi que dans les initiatives constantes que vous avez prises pour promouvoir la justice. Ce faisant, vous avez exprimé l’adhésion de votre pays aux principes du droit et sa contribution majeure à l’appel pour libérer l’humanité de l’esclavage et du retard. La dernière initiative prise par votre pays à cet égard a été la récente Cinquième Conférence des Chefs d’État ou de Gouvernement des Pays non alignés et les efforts déployés par le Sri Lanka pour son succès. Par conséquent, veuillez accepter nos meilleurs vœux pour votre succès continu. Nous plaçons notre espoir dans la session actuelle pour consolider les bases du droit, de la justice, de la paix et du progrès.

À cette occasion, je loue également M. Gaston Thorn, le Premier ministre du Luxembourg et Président de la session précédente, pour la manière efficace dont il a dirigé les travaux de la trentième session et pour ses efforts visant à traduire ses actes en résultats tangibles.

Nous nous réunissons aujourd’hui après avoir franchi une nouvelle étape vers l’universalité des Nations Unies avec l’admission des Seychelles dans notre Organisation. Nous félicitons cet État pour la souveraineté et l’indépendance qui ont couronné sa lutte et nous l’accueillons en tant que Membre actif parmi nous. Nous espérons faire davantage de progrès vers l’universalité de cette Organisation, afin de voir parmi nous les représentants de l’Angola et du Vietnam, ces deux peuples héroïques qui méritent l’admiration du monde et qui, en raison de l’abus du veto au Conseil de sécurité, ont jusqu’à présent été privés d’admission aux Nations Unies. Nous sommes convaincus de la victoire de la cause du droit et nous sommes confiants que la libération complète des peuples encore divisés et privés d’entité et d’indépendance par les partisans de l’agression et du racisme sera bientôt accomplie. Nous attendons avec impatience le jour où ces peuples deviendront Membres de cette Organisation et participeront à l’amélioration de la coopération, de la sécurité et de la paix.

Enfin, mais non des moindres, je saisis cette occasion pour saluer les efforts infatigables déployés par M. Kurt Waldheim, le Secrétaire général, au service de la justice, du progrès et de la paix. Nous souhaitons lui assurer le soutien continu de la République arabe syrienne dans la poursuite de ces efforts.

La session actuelle de l’Assemblée générale se réunit aujourd’hui, après un événement qui a attiré l’attention du monde entier. Il y a deux mois, la Cinquième Conférence des pays non alignés s’est tenue à Colombo, où les Chefs d’État ou de Gouvernement de 85 États se sont réunis et ont émis des déclarations et des résolutions qui reflètent la volonté de plus de la moitié des pays du monde d’affirmer l’identité du mouvement des non-alignés, de le soutenir et d’affirmer ses principes. Les événements ont prouvé que ces principes humanitaires et internationaux sont conçus pour réaliser la justice, l’égalité et la coexistence entre les États et les peuples.

La signification fondamentale de la Conférence de Colombo réside dans la détermination de plus de la moitié de la population mondiale à se débarrasser du système de relations inégales ; à établir des relations démocratiques entre les nations dans les sphères politique, économique et scientifique ; à éliminer toutes les formes de colonialisme, de racisme et d’apartheid ; et à mettre fin à la domination, à l’occupation, au retard et à la privation. La Conférence de Colombo a prouvé que le mouvement des non-alignés avance avec des pas sûrs vers la réalisation de ces objectifs. La clarté des concepts qui a caractérisé le travail de la Conférence lui a permis de s’adapter aux changements internationaux et de développer ses aspects positifs sans dévier des principes et bases du mouvement des non-alignés. Nous espérons que l’Assemblée générale soutiendra les demandes contenues dans les déclarations et résolutions de la Conférence de Colombo (voir A/31/197), puisque toutes les positions et demandes exprimées y sont en pleine harmonie avec les principes et objectifs de la Charte des Nations Unies.

La paix internationale ne peut être établie tant que les différences entre les pays riches et pauvres restent aussi importantes qu’elles le sont actuellement, l’écart technologique entre les nations industrialisées et les pays en développement continue de se creuser, et les échanges commerciaux demeurent entachés d’aspects d’exploitation, de la hausse des prix des biens manufacturés et de l’équipement de production, ainsi que de la baisse des prix des matières premières. Le déficit subi par les pays du tiers monde n’est-il pas une conséquence directe de cette exploitation ? Les perturbations constantes dont est victime le système monétaire mondial, dont la responsabilité incombe aux pays capitalistes, ne sont-elles pas une source de déséquilibre dans le commerce mondial et un ajout aux énormes charges déjà supportées par les économies des pays en développement pour surmonter le retard, accélérer le rythme de développement et réaliser des progrès économiques et sociaux pour leurs populations laborieuses ?

Si les stratégies économiques des grandes puissances industrielles continuent d’être guidées par la quête de profits maximums sans tenir compte du principe de coopération égalitaire, et si elles continuent de maintenir leurs relations avec les pays en développement sur une base purement matérialiste, fermée et étroite, et si elles ne prennent pas en considération les problèmes majeurs, qu’ils soient actuels, à moyen terme ou à long terme, et les charges du tiers monde, et, en conséquence, ne participent pas sérieusement au soulagement de ses dettes et au soutien de son développement, alors la situation mondiale actuelle annonce une explosion dont toute l’humanité sera victime.

Notre désir sincère de paix, de réalisation de la véritable égalité et de construction d’un avenir meilleur pour la grande majorité de l’humanité nous pousse à plaider pour la mise en œuvre des résolutions adoptées lors des sixième et septième sessions spéciales de l’Assemblée générale (résolutions 3201 (S-VI), 3202 (S-VI) et 3362 (S-VII)), soutenues par les résolutions de la quatrième session de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), et par la Déclaration économique de la Conférence de Colombo des pays non-alignés (A/31/197/annexe III), ainsi que par les résolutions de la Conférence sur la coopération économique entre les pays en développement tenue au Mexique en septembre.

À cette occasion, il convient de souligner que l’une des premières missions de notre Organisation est de mettre en œuvre le transfert d’une partie des fonds dépensés par les super-puissances dans la course aux armements vers des objectifs de développement. Les appels sincères des pays non-alignés et en développement à cet égard ne doivent pas rester sans réponse.

Nous, en République arabe syrienne, croyons qu’aucune solution à la crise économique mondiale étouffante, ayant un impact sur les relations internationales dans leur ensemble—particulièrement celle de la coopération internationale—ne peut être trouvée à moins que nous ne hâtons l’établissement d’un nouvel ordre économique international fondé sur l’égalité, la souveraineté égale, la coopération et les intérêts communs entre tous les pays du monde.

Nous espérons que les débats de la session actuelle donneront les meilleurs résultats positifs. Outre les crises graves auxquelles elle doit faire face, cette session a devant elle des questions cruciales à traiter, puisque c’est sur les solutions effectives à ces problèmes que dépend l’avenir de l’humanité. Le désarmement total, la limitation des armements stratégiques, la prévention de la prolifération nucléaire et la convocation d’une conférence mondiale sur le désarmement sont des problèmes qui nécessitent une grande volonté et un effort constant afin que les résolutions ne restent pas théoriques et sans application pratique dans le soulagement des tensions et l’arrêt de la course aux armements.

Toute l’humanité place ses espoirs dans l’exploration et l’utilisation des richesses au fond des mers et des océans pour le bien de toute l’humanité. Par conséquent, il serait utile de progresser dans l’élaboration du cadre international exécutif précis qui réaliserait ces espoirs afin de garantir de nouvelles sources de nourriture et d’éliminer la faim et le retard.

Il est également important d’envisager la possibilité d’élaborer des règles avancées pour le droit maritime et de concrétiser le désir ardent de protéger l’environnement à travers des mesures complètes et tangibles qui élimineraient toutes les formes de pollution menaçant toutes les nations.

De plus, les nombreux aspects économiques, culturels et sociaux auxquels l’Organisation tente de diffuser l’esprit de la Charte en théorie et en pratique et de garantir la justice, l’égalité et le progrès dans la communauté internationale doivent recevoir la plus grande attention, car ils contribuent à renforcer l’amitié et la compréhension internationales entre les peuples, surtout puisque l’attention est actuellement focalisée sur les fruits de la détente internationale que nous espérons pouvoir généraliser, englobant toutes les régions et ne se limitant pas à des relations européennes ou Est-Ouest.

En passant à d’autres sphères dans lesquelles les Nations Unies jouent un rôle de premier plan, nous notons que, bien que la décolonisation progresse de manière significative, ce processus vacille parfois en raison de l’entêtement et des manœuvres de certaines puissances coloniales qui lui font face. Par conséquent, de nombreux peuples et régions continuent de lutter pour leur liberté et leur droit à l’autodétermination.

Le racisme, qui cause de grandes souffrances à de nombreuses personnes, notamment en Afrique du Sud et en Rhodésie, est une tache honteuse sur l’histoire de l’humanité et un obstacle à l’avancement de la civilisation. Les régimes racistes dans ces régions africaines persistent à massacrer des patriotes africains et à commettre des agressions contre des États indépendants, tels que l’Angola et la Zambie, allant même jusqu’à occuper la Namibie.

Ces régimes, ennemis de l’humanité, n’auraient pu persister dans leurs crimes sans le soutien politique, militaire et économique qu’ils reçoivent de certaines puissances occidentales et sans la collaboration étroite entre ces régimes et l’entité raciste sioniste en Palestine occupée.

Alors que ces régimes racistes ont réussi à imposer leur existence par l’injustice et l’agression, la prise de conscience des populations autochtones a permis de créer des mouvements de libération nationale qui s’efforcent par tous les moyens possibles d’éliminer le racisme et ses régimes et de créer les conditions nécessaires permettant aux peuples de ces régions d’exercer leur droit à l’autodétermination, à la souveraineté et à l’indépendance. Nous saluons la lutte des peuples d’Afrique du Sud, de Namibie et du Zimbabwe sous la direction de leurs mouvements de libération. Nous applaudissons également la décision du Gouvernement du Mozambique prise en mars 1976 de fermer ses frontières avec la Rhodésie du Sud, conformément aux résolutions pertinentes des Nations Unies. Nous appelons l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité à prendre toutes les mesures prévues par la Charte pour aider ces peuples à obtenir leur libération, pour dissuader les régimes racistes de poursuivre leurs politiques et pratiques abjectes, et pour les contraindre à appliquer les résolutions pertinentes des Nations Unies.

Je me sens obligé de déclarer notre soutien à la juste lutte menée par le peuple coréen pour la réunification de son pays. Nous croyons qu’il est devenu nécessaire d’éliminer les causes de tension et d’explosion dans cette partie du monde en retirant toutes les armes destructrices et toutes les forces étrangères de la Corée du Sud, et de commencer un dialogue entre les deux parties de la Corée visant à leur réunification.

Le problème de Chypre reste non résolu en raison des manœuvres impérialistes et des tentatives de transformer l’île en base de l’OTAN. Nous déclarons donc la nécessité d’accélérer la mise en œuvre des résolutions des Nations Unies relatives à ce problème. Nous appelons également au respect de la souveraineté de l’île, de son indépendance, de son intégrité territoriale et de son non-alignement. Nous saluons les efforts déployés par le Secrétaire général des Nations Unies pour la reprise des négociations entre les deux parties du conflit.

Tout en accueillant chaleureusement les documents d’Helsinki et l’esprit constructif qui y est inscrit, nous croyons toujours que tout discours sur la détente internationale et la sécurité européenne reste insuffisant si les causes de tension au Moyen-Orient ne sont pas éliminées. Cela ne peut être fait qu’à travers l’évacuation par les forces sionistes de tous les territoires arabes occupés et la garantie des droits nationaux légitimes du peuple palestinien comme le prévoient les résolutions des Nations Unies. La communauté mondiale a pris conscience de ce fait, comme en témoigne la guerre d’octobre. Elle a également réalisé que le cœur du problème est la question palestinienne et l’expulsion du peuple palestinien de sa terre natale, ainsi que l’occupation par Israël de cette terre natale en plus de son occupation de États arabes importants dans la région. Par conséquent, il était naturel et logique de considérer la politique des solutions partielles et des petits pas comme une simple politique d’anesthésie et de bluff, dont l’échec a été prouvé par les événements. Il a également été démontré que l’accord de Sinaï, signé il y a plus d’un an, n’était rien d’autre qu’un mouvement qui a immobilisé les efforts de paix et a rétabli dans la région un état de non-guerre, non-paix. La Syrie a donc refusé de tomber dans le piège de l’accord et a mis fin à la politique des étapes.

Les manœuvres de l’impérialisme et des ennemis de la paix ne se sont pas arrêtées là. Alors que les Arabes luttaient pour récupérer leurs territoires occupés, les forces hostiles à la nation arabe ont concentré leurs efforts pour provoquer une nouvelle crise au Moyen-Orient. Ces forces ont engendré les événements au Liban, qui ont conduit à des massacres et à la destruction, assombrissant ainsi les espoirs d’une paix juste dans la région et détournant l’attention des Arabes de la question palestinienne et du chemin de la lutte vers des questions secondaires. Les objectifs de ces forces sont de gêner la recherche d’une paix juste, de laisser le problème non résolu et de créer une crise après l’autre, tout cela pour perpétuer l’occupation israélienne des territoires arabes et maintenir le peuple palestinien déplacé et sans patrie.

Face à cette situation explosive, et compte tenu des liens fraternels et nationaux, ainsi que des liens particuliers, qui existent entre la Syrie et le Liban, et en réponse aux sentiments et aux appels des diverses parties au conflit au Liban, la Syrie n’avait d’autre choix que de contribuer aux efforts visant à mettre fin aux combats fratricides et à encourager les parties à trouver un terrain d’entente sur lequel le dialogue pourrait se dérouler de manière démocratique. Pour ce faire, la Syrie a déployé tous les efforts possibles. Vous êtes sans doute au courant de toutes les étapes que nous avons entreprises, la dernière en date étant notre contribution effective à permettre au nouveau Président du Liban, M. Elias Sarkis, d’assumer ses fonctions constitutionnelles et de créer les conditions positives nécessaires pour résoudre la crise. Nous ne faillirons pas et n’hésiterons pas à lui fournir toute l’assistance nécessaire pour restaurer la stabilité à nos frères libanais et pour préserver l’intégrité territoriale du pays et l’unité nationale de son peuple.

Nous avons également déployé tous les efforts possibles pour atténuer les souffrances et diminuer les difficultés de nos frères libanais et palestiniens au Liban. La Syrie a dû, en même temps, assumer le fardeau et répondre aux besoins quotidiens de près de 1 million de citoyens arabes—libanais, palestiniens et autres—qui ont fui la mort et la faim. Ces efforts sincères ont réussi à apporter sécurité et tranquillité à de vastes régions du Liban. La Syrie poursuit ses efforts nationaux et humanitaires jusqu’à ce que la conspiration contre le Liban, la cause palestinienne et la nation arabe soit complètement vaincue.

Si la première tâche de notre Organisation est assurément la consolidation de la paix et de la sécurité internationales, il s’ensuit que tout discours sur cette paix et cette sécurité ne peut être séparé de la situation au Moyen-Orient, qui devient de plus en plus explosive en raison de l’intransigeance d’Israël et de son mépris des résolutions des Nations Unies.

La question palestinienne et les problèmes qui en découlent, notamment l’agression de juin 1967, ont occupé les divers organes des Nations Unies, en particulier l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, pendant près de 30 ans. L’Assemblée générale a examiné la question palestinienne année après année jusqu’à ce que le nombre de résolutions adoptées par les Nations Unies et ses organes spécialisés sur cette question et ses ramifications dépasse 360, face auxquelles Israël a adopté une attitude de rejet et de défiance.

Cette obstination et cette arrogance ont conduit à la guerre d’octobre, exposant le monde à la menace d’une nouvelle guerre. En poursuivant cette voie, Israël pousse à nouveau le monde au bord d’un conflit mondial général. Les déclarations quotidiennes et les innombrables incidents confirment que l’entité sioniste ne se retirera pas des territoires qu’elle a occupés par l’agression et que le peuple palestinien restera sous occupation et en exil. Le conflit continuera donc dans la région, mettant en danger la paix et la sécurité internationales.

À la suite de la guerre d’octobre, la communauté internationale a pris conscience des dangers implicites dans la situation troublée de cette région. Les Nations Unies ont été sensibilisées par la gravité de la tragédie du peuple palestinien. Engagées à résoudre le conflit avec une certaine mesure de justice, et reconnaissant que la question palestinienne est le cœur du problème du Moyen-Orient, les Nations Unies ont appelé Israël à se retirer des territoires arabes occupés et à reconnaître les droits inaliénables du peuple palestinien. La communauté mondiale a également reconnu la légitimité de la lutte du peuple palestinien en recevant l’Organisation de libération de la Palestine à l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité en tant que représentant de ce peuple qui exprime ses droits et ses aspirations.

Israël a poussé loin son rejet continu de toutes les résolutions des Nations Unies relatives à la cause palestinienne et au problème du Moyen-Orient. Par un tel comportement, Israël n’a jamais, depuis son admission aux Nations Unies, dévié de la ligne qu’il s’est fixée, à savoir celle de la violation des principes de la Charte, du droit international, de la Déclaration universelle des droits de l’homme et des résolutions des Nations Unies. Un tel comportement de la part d’Israël n’a rien d’étonnant, puisque sa structure est fondée sur l’agression et l’usurpation. Israël n’a jamais hésité à recourir au mensonge et à la tromperie bien qu’il se soit engagé devant les Nations Unies et dans le cadre de son adhésion à respecter sans réserve la Charte et ses principes, et à appliquer la résolution 181 (II) de l’Assemblée générale du 29 novembre 1947, et la résolution 194 (III) du 11 décembre 1948 relative au retour des réfugiés. Il est grand temps que l’Assemblée générale agisse avec fermeté et décision, assume ses responsabilités et exerce ses pouvoirs en vertu de la Charte en réexaminant l’adhésion d’Israël aux Nations Unies. Il est grand temps que l’Assemblée générale prenne les mesures nécessaires concernant la situation explosive actuelle en mettant en œuvre ses résolutions 3236 (XXIX) et 3376 (XXX) sur la question de la Palestine et sa résolution 3414 (XXX) sur la situation au Moyen-Orient. L’Assemblée générale doit déterminer les étapes et le calendrier de la mise en œuvre desdites résolutions et prendre des mesures pratiques tant pour assurer leur mise en œuvre effective que pour dissuader la partie récalcitrante.

Ayant ressenti profondément la grave injustice subie par le peuple palestinien, et désireuse, lors de sa dernière session, de mettre en œuvre la volonté internationale de rendre justice à ce peuple et de restaurer ses droits non seulement en réaffirmant les principes généraux mais aussi en veillant à leur application pratique, l’Assemblée générale a adopté sa résolution historique 3376 (XXX) relative à la création du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien. Les fonctions générales de ce Comité sont basées sur les principes de la Charte et les résolutions des Nations Unies. Sa tâche est d’élaborer un plan procédural visant à permettre au peuple palestinien d’exercer les droits reconnus dans la résolution 3236 (XXIX).

Ce Comité a accompli sa tâche de la meilleure manière possible et mérite l’appréciation de la grande majorité des membres de la communauté internationale. Dans son rapport (A/31/35), il a spécifié les phases nécessaires pour mettre fin à l’occupation israélienne des territoires palestiniens occupés lors de l’agression de 1967.

Cette initiative constructive, manifestant la volonté de la communauté internationale et le travail précieux accompli par le Comité, a été réaffirmée par la majorité des membres du Conseil de sécurité. Cependant, en juin dernier, les États-Unis ont opposé leur veto au projet de résolution approuvant le rapport du Comité (ibid., annexes III et IV). Ainsi, les États-Unis ont avorté un effort précieux qui était destiné à réaliser le pas le plus concret et tangible vers l’établissement de la paix et de la justice dans cette région stratégique, si vitale pour la paix et la sécurité internationales. Les États-Unis ont également avorté cette année deux autres tentatives lorsque nous avons eu recours au Conseil de sécurité, l’organe international suprême, et avons obtenu le soutien de la majorité des membres du Conseil. Ainsi, les États-Unis ont bloqué d’autres voies qui auraient pu mener à une paix juste et durable.

L’occupation sioniste des territoires arabes suite à l’agression de juin 1967 a continué. Israël a persisté dans la mise en œuvre de ses plans et projets colonialistes et dans l’annexion des territoires occupés, ainsi que dans l’oppression de la population arabe pour la contraindre à se soumettre définitivement à l’occupation, ou à partir. Environ 70 colonies ont été établies dans les territoires occupés.

Face à tous ces actes agressifs, le peuple palestinien n’a eu d’autre choix que d’organiser ses rangs à l’intérieur et à l’extérieur des territoires occupés et de se battre par tous les moyens à sa disposition pour récupérer ses droits usurpés. Cela a été la cause du soulèvement populaire généralisé qui se poursuit dans les territoires occupés depuis le printemps dernier, malgré toutes les mesures de type nazi utilisées par les forces d’occupation pour réprimer la population rebelle et perpétuer l’occupation.

La révolte du peuple palestinien et les méthodes d’annihilation et d’oppression sionistes nazies, ainsi que la situation explosive au Moyen-Orient, ont constitué une réponse décisive à tous ceux qui imaginaient qu’Israël se retirerait des territoires occupés et reconnaîtrait les droits du peuple palestinien. Il y a quelques mois, le Cabinet israélien a été confronté à une crise aiguë en raison d’une proposition de déplacer une colonie établie à proximité d’un village arabe. Le Cabinet était sur le point de s’effondrer lorsque certains ministres ont estimé qu’un tel déplacement contrevenait au prétendu droit d’Israël à s’installer dans les territoires arabes. Le Cabinet israélien a finalement trouvé un compromis, à savoir maintenir la colonie jusqu’à ce qu’un autre emplacement puisse être trouvé en Cisjordanie occupée. Si le déplacement d’une colonie illégalement établie sur des territoires arabes a provoqué une crise au sein du Cabinet, est-il possible de croire qu’Israël pourrait se retirer des territoires occupés ou reconnaître les droits du peuple palestinien ?

Nous aspirons à la paix. Cependant, la paix désirée que nous sommes impatients d’atteindre grâce à votre aide et à celle de tous les peuples épris de paix et de justice est la paix juste et durable qui garantirait le rétablissement complet de tous nos territoires occupés et des droits nationaux des Palestiniens.

Nous n’avons ménagé aucun effort et avons essayé de saisir chaque occasion pour atteindre cet objectif. Nous avons accueilli, et continuons à accueillir, toute initiative propice à la mise en œuvre des résolutions des Nations Unies conformément aux principes que nous avons répétés à maintes reprises. Le premier principe est qu’une initiative qui ignore et méconnaît l’unité de la cause et ne vise pas une solution globale perpétue l’impasse et porte en elle les germes d’une reprise des hostilités. Le deuxième principe est qu’une initiative qui n’est pas fondée sur la reconnaissance des droits nationaux complets et inaliénables du peuple palestinien et sur le retrait total de tous les territoires occupés en 1967 est en contradiction avec les principes de la Charte et les résolutions des Nations Unies, et est vouée à l’échec. Le troisième principe est qu’un effort international visant à établir une paix juste et durable sans la participation des représentants légitimes du peuple palestinien en tant que partie principale égale aux autres parties concernées est en contradiction avec les résolutions de l’Assemblée générale et prive la paix souhaitée de ses facteurs fondamentaux de justice, de continuité et d’universalité.

En outre, nous croyons que tout retard dans la recherche de moyens pour éviter l’impasse actuelle ou dans la mise en œuvre des résolutions des Nations Unies entraînerait inévitablement une intensification des tensions dans la région et exposerait la paix et la sécurité au Moyen-Orient et dans le monde entier à de graves dangers.

Nous pouvons résumer la période de trois ans écoulée depuis la guerre d’octobre de libération—dont nous célébrons aujourd’hui le troisième anniversaire—en affirmant que toutes les initiatives de paix au Moyen-Orient ont été obstruées par l’agression israélienne et la tyrannie colonialiste. Tant que les efforts sérieux et constructifs en faveur de la paix restent immobilisés et paralysés face aux portes hermétiquement scellées par le sionisme et l’impérialisme, la seule voie qui reste ouverte à notre peuple est de poursuivre la lutte par tous les moyens jusqu’à ce que nos objectifs, qui sont en fait les objectifs de la Charte et les objectifs des résolutions de l’Assemblée générale, soient atteints. La guerre d’octobre a prouvé que nous possédons le potentiel nécessaire et adéquat et que nous sommes capables de l’utiliser, et que nous n’avons d’autre alternative que de l’utiliser si les efforts de paix continuent à échouer. Il incombe donc à notre Organisation de se tenir ferme contre l’agresseur et de lui ôter les moyens d’agression, et de le contraindre à respecter les dispositions de la Charte des Nations Unies et les résolutions.

L’atteinte de la paix désirée dépend du désir sincère des membres de l’Assemblée générale de mettre en œuvre les résolutions adoptées par eux, résolutions basées sur les principes de la Charte. Membres de l’Assemblée, nous sommes pleinement confiants dans votre croyance en la Charte et dans votre empressement à consolider le rôle des Nations Unies dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales, ainsi que dans l’établissement d’une paix juste et durable au Moyen-Orient. Cela ne peut être accompli que si vous déterminez les étapes et les phases temporelles pour la mise en œuvre de vos résolutions, et si vous adoptez les mesures pratiques qui garantiraient une telle mise en œuvre et dissuaderaient l’agresseur, le forçant à respecter les décisions de la communauté internationale.

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