Déclaration du gouverneur du Fonds pour la République arabe syrienne—Abdul Halim Khaddam

publisher: International Monetary Fund

Publishing date: 1970-09-22

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Déclaration du Gouverneur du Fonds monétaire international pour la République arabe syrienne – Abdul Halim Khaddam

Il me fait plaisir, en premier lieu, d’exprimer nos remerciements au gouvernement et au peuple du Danemark pour leur hospitalité sincère et leur courtoisie infaillible, ainsi que pour les efforts remarquables qu’ils ont déployés afin d’assurer le succès de nos délibérations ici.

Les réunions annuelles d’un tel rassemblement distingué offrent une occasion unique de présenter ses opinions sur certaines des questions pertinentes pour le développement de l’économie internationale en général et du système monétaire international en particulier.

I. Lors de la dernière réunion annuelle, le distingué Directeur général a annoncé que le Fonds étudierait la possibilité d’améliorer le processus d’ajustement des déséquilibres de la balance des paiements, y compris l’utilisation d’une flexibilité limitée des taux de change. L’annonce a été vraisemblablement et en partie faite en réponse aux demandes croissantes dans les milieux universitaires et bancaires visant à introduire divers régimes de flexibilité des taux de change comme méthode pour amener un ajustement plus rapide et plus efficace des paiements internationaux.

Les résultats des études du Fonds sont devant nous et sont principalement contenus dans le rapport des Administrateurs exécutifs intitulé Le rôle des taux de change dans l’ajustement des paiements internationaux.

Le rapport contient une analyse précieuse, et nous sommes globalement d’accord avec les implications politiques de cette analyse. Nous souscrivons aux points de vue des Administrateurs exécutifs dans leur rejet des systèmes de (1) taux de change flottants ; (2) parités convenues avec le Fonds mais permettant des marges substantiellement plus larges ; et (3) ajustement automatique des parités sur la base d’une formule prédéterminée. Nos raisons pour de tels rejets sont essentiellement les mêmes que celles exposées dans le rapport aux pages 42-46. Les mêmes raisons nous amènent à réaffirmer notre conviction que les principes fondamentaux du système de Bretton Woods sont solides, et qu’ils devraient être maintenus et renforcés ; que la stabilité des taux de change (et non pas leur rigidité) à un niveau réaliste est une condition essentielle pour l’expansion équilibrée du commerce international ; que des changements de parités doivent être effectués pour corriger les déséquilibres fondamentaux ; que les changements de la valeur de change d’une monnaie d’un membre ne peuvent être effectués que sur proposition de ce membre ; et que les changements de parité sont des questions qui concernent la communauté internationale dans son ensemble et devraient donc être régis par des procédures internationales convenues.

Nous pensons que les lacunes du système de parité actuel ne sont pas dues à des défauts inhérents au système en tant que tel mais au manque de mise en œuvre efficace de celui-ci, et que la réforme devrait principalement garantir la mise en œuvre efficace des principes du système actuel, et en particulier l’ajustement rapide et efficace des taux de change en cas de déséquilibres fondamentaux.

Nous notons cependant que les Administrateurs exécutifs n’ont pas encore adopté de position définitive concernant l’introduction d’une marge légèrement plus large de fluctuations autour de la parité. Le principal avantage allégué d’une telle mesure est qu’elle induira des mouvements de capitaux à court terme équilibrants, à condition qu’il y ait confiance dans la parité existante. Ma délégation estime qu’une telle mesure est sans pertinence en ce qui concerne son adoption par la majorité des pays en développement, précisément en raison de l’étroitesse de leurs marchés monétaires intérieurs, du fait que leurs mouvements de capitaux sont strictement contrôlés, et parce que la pression sur leur balance des paiements est d’une nature qui ne peut être contenue par une telle mesure. De plus, l’adoption de marges légèrement plus larges par les pays développés peut avoir des effets défavorables sur les pays en développement. Ces effets peuvent prendre les formes suivantes : (1) la création de problèmes difficiles de gestion de portefeuille pour les pays qui maintiennent un système de réserves multiples ; (2) les fluctuations possibles autour de la parité par rapport à la monnaie d’intervention de manière déstabilisante et/ou déséquilibrante ; et (3) la possible création de perturbations dans les relations financières et économiques entre les pays en développement membres de regroupements régionaux.

Nous sommes conscients que la question de l’élargissement légèrement des marges autour de la parité est l’une des questions sur lesquelles les Administrateurs exécutifs n’ont pas encore pris de décision définitive. Nous les exhortons donc à accorder une attention particulière dans leurs études futures aux intérêts des pays en développement et également à ce que les mesures qui pourraient être prescrites et recommandées ne portent pas atteinte à ces intérêts

II. Cette année a été l’une des plus mouvementées pour le Fonds, dans le sens où des droits de tirage spéciaux ont été alloués et où la résolution permettant l’ajustement des quotas à la suite du cinquième examen quinquennal a été adoptée par le Conseil des gouverneurs. Lors de la réunion annuelle de l’année dernière, ma délégation, avec d’autres délégations des pays en développement, a soutenu que la distribution des DTS proportionnellement aux quotas serait inéquitable, et a plaidé en faveur d’une correction de cette iniquité, (1) en envisageant l’établissement d’un lien entre l’allocation du nouvel actif de réserve et la fourniture de financements supplémentaires au développement pour les pays en développement, et (2) en ajustant les quotas dans le cadre du cinquième examen général des quotas de manière à donner aux pays en développement une part plus importante dans le total des quotas du Fonds.

Nous pensions et pensons toujours que l’ajustement des quotas selon la manière que nous avons proposée repose non seulement sur des considérations d’équité mais également sur le fait que, toutes choses étant égales par ailleurs, les pays en développement ont davantage besoin de liquidités conditionnelles et inconditionnelles. Cela s’explique par le fait qu’ils sont exceptionnellement vulnérables aux fluctuations de la balance des paiements ; qu’ils ont une flexibilité limitée dans l’ajustement de leurs importations ; et qu’ils n’ont généralement pas accès à des facilités de crédit à court terme alternatives. Il convient de noter, cependant, que les appels à envisager l’établissement du lien et l’ajustement des quotas des pays en développement selon la manière proposée ci-dessus étaient consignés dans les paragraphes opérationnels (2) et (3) de la résolution sur la « Réforme monétaire internationale », adoptée l’année dernière par l’Assemblée générale des Nations unies. Il est regrettable, cependant, que, à l’exception notable de l’Italie, l’attitude des pays développés à l’égard de l’établissement du lien soit toujours négative. Nous sommes également très déçus que les ajustements généraux récents des quotas aient entraîné une légère diminution de la part des pays en développement dans le total des quotas du Fonds au lieu d’une augmentation de cette part comme le prévoyait la résolution susmentionnée de l’Assemblée générale.

III. Comme le dernier rapport de la Banque mondiale le montre clairement, le transfert net total de ressources financières des pays du CAD en pourcentage du PNB de ces pays a diminué en 1969. De plus, la composante officielle de ce transfert est passée de 0,49 % en 1964 à environ 0,39 % en 1969. Le rapport indique que « si le niveau de 0,49 % avait été maintenu tout au long de la période, près de 3,9 milliards de dollars auraient été ajoutés aux flux officiels nets entre 1964 et 1969, dont 1,8 milliard de dollars rien qu’en 1969 ». De plus, les conditions de financement du développement ont tendance à se durcir ; la proportion de subventions dans les flux officiels totaux diminue ; tandis que l’utilisation de la pratique consistant à lier l’aide à l’approvisionnement dans le pays donateur est en augmentation. Cette tendance régressive est très regrettable, surtout compte tenu de la capacité croissante des pays en développement à mieux utiliser l’aide au développement. Il est possible que les contraintes de la balance des paiements dans les pays développés aient joué un rôle important dans la survenue de cet état insatisfaisant des choses dans le domaine de l’aide au développement. Nous espérons sérieusement, cependant, qu’avec l’allocation de DTS, cette contrainte sera atténuée, et que des progrès réels seront réalisés vers l’atteinte de l’objectif de 1 % et l’amélioration des conditions globales de financement du développement.

IV. Le dernier point que je voudrais soulever est lié au financement supplémentaire, qui vise à protéger les plans de développement des pays en développement contre les baisses de leurs recettes d’exportation en deçà des attentes raisonnables…

Premièrement, nous croyons que le financement supplémentaire ne devrait pas se faire aux dépens du financement de base du développement ; c’est-à-dire que les ressources consacrées au financement supplémentaire devraient constituer un ajout à celles consacrées au financement de base. Deuxièmement, nous espérons que la Banque sera en mesure de développer un critère objectif pour mesurer les déficits d’exportation par rapport aux attentes raisonnables, car nous pensons que plus l’agence de financement supplémentaire a de discrétion dans la détermination des déficits d’exportation, moins les pays en développement seront assurés de la protection de leurs plans de développement contre les effets de ces déficits. À cet égard, nous suggérons que l’expérience du Fonds dans la détermination des déficits par rapport à la tendance à moyen terme aux fins de financement compensatoire soit prise en considération.

22 septembre 1970.

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