Il n’a pas d’alliance avec Hikmat Shihabi et n’a rien à voir avec Rifat Al-Assad. Il a tenu le régime syrien pour responsable de la détérioration des relations avec Paris.
L'ancien vice-président syrien Abdel Halim Khaddam, résidant actuellement à Paris, a annoncé son intention d'établir une alliance nationale en Syrie visant à renverser le président Bashar Al-Assad et à demander des comptes aux agents de sécurité impliqués dans des actions négatives contre les citoyens syriens. Il a précisé qu'il n'avait pas d'alliance avec l'ancien chef d'état-major Hikmat Shihabi, qui réside en Amérique. Dans une interview accordée samedi à United Press, Khaddam a déclaré : « Je ne forme pas d'alliance avec Hikmat Al-Shihabi, mais je travaille à l'établissement d'une alliance nationale en Syrie. Mes objectifs ne sont pas personnels et je n'ai aucune ambition personnelle. Mon objectif est de renverser Bachar Al-Assad et de traduire en justice les agents de sécurité qui ont agi contre les intérêts des citoyens syriens. Je n’ai rien à cacher ni à craindre. »
Khaddam a clairement indiqué qu'il n'avait aucun lien, proche ou lointain, avec des responsables syriens vivant en dehors de la Syrie, y compris l'ancien vice-président syrien Rifaat Al-Assad, qui réside en France. Il a déclaré : « Je n'ai aucune intention de rencontrer Zaid ou Omar. » Interrogé sur la vision d'un nouveau régime en Syrie après son départ du parti arabe socialiste Baas, Khaddam a répondu : « Dans les années 1950, la Syrie était un pays démocratique. La Syrie démocratique a conduit à la cessation de l'Alliance de Bagdad. avait l'habitude d'envoyer son personnel dans la plupart des pays arabes. Il a souligné que le système souhaité pour la Syrie est un système démocratique, qui implique la libération des libertés publiques et l'abolition de l'état d'urgence. Cela permettrait à son tour de libérer le potentiel du peuple syrien, permettant ainsi à la Syrie de remplir son rôle sur la scène arabe.
Khaddam a exprimé son soutien à la Déclaration de Damas, publiée le 16 octobre par 12 partis politiques et plusieurs personnalités de l'opposition syrienne, appelant à un changement démocratique global en Syrie. Il a souligné que l'établissement d'un système national démocratique est la principale approche du projet de changement et de réforme politique. Khaddam a déclaré : « J'approuve pleinement cette déclaration. Son contenu correspond parfaitement à mes propres opinions. » Il a refusé de répondre s'il était en contact avec les personnes qui ont signé la Déclaration de Damas et a souligné l'importance de promulguer une nouvelle loi pour les partis politiques en Syrie, sans aucune restriction pour tout groupe souhaitant former un parti.
Après avoir salué le président français Jacques Chirac et salué la justesse de sa politique envers la Syrie et le Liban, Khaddam a attribué la détérioration des relations entre Paris et Damas à Assad et à ses associés. Il a catégoriquement nié tout contact avec des responsables américains, qu'ils soient initiés par lui ou par eux. Khaddam a refusé de fournir des détails sur la déclaration qu'il a faite vendredi devant la Commission internationale d'enquête sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais Rafik Hariri. Hariri a été tué dans un attentat à la bombe visant son convoi à Beyrouth le 14 février.
Khaddam a accusé Assad d'avoir maltraité Hariri, ce qui a entraîné des saignements de nez, et a estimé que l'incitation d'Assad avait conduit à l'assassinat de Hariri. Interrogé sur la possibilité de normaliser les relations tendues entre le Liban et la Syrie, Khaddam a déclaré qu'il ne serait pas possible de convaincre un groupe de Libanais de le faire tant que l'enquête sur l'assassinat de Hariri n'est pas terminée. De nombreux Libanais tiennent le régime Assad pour responsable de cet assassinat. La Syrie nie l'implication d'aucun de ses citoyens dans l'assassinat de Hariri. Khaddam, qui était responsable du dossier libanais depuis le déclenchement de la guerre civile en 1975 jusqu'à ce que Bachar Al-Assad accède à la présidence de la Syrie à l'été 2000, a mis en garde contre toute atteinte à l'accord de Taëf, qui garantissait un partage égal du pouvoir entre chrétiens et Musulmans au Liban. Il pensait que cela ramènerait le Liban à la case départ, ce qui pourrait conduire à une nouvelle guerre civile.
Concernant son séjour en France, Khaddam a déclaré qu'il n'avait contacté aucun responsable français ni demandé l'asile politique. Il a souligné qu'aucun protocole n'empêche les hommes politiques étrangers de s'exprimer en France puisque la liberté d'expression est respectée dans le pays. Certains diplomates français ont exprimé leur malaise face aux récentes déclarations de presse de Khaddam sur sa défection du régime syrien et ses accusations de corruption et d'incitation contre les dirigeants de Damas. Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Mattey, a précisé vendredi qu'ils n'avaient aucun contact avec M. Khaddam et que ses déclarations ne reflétaient pas leur position. Répondant à une question sur les propos de Chirac, Khaddam a souligné que Chirac n'était aucunement impliqué dans l'utilisation de ses déclarations pour renverser le régime syrien. Khaddam a affirmé la véracité de ses propres propos, affirmant qu'il n'avait pas prétendu œuvrer au renversement du régime en Syrie. Il estime que la raison de la détérioration des relations entre Damas et Paris réside dans l'interprétation et les décisions erronées d'Assad. Khaddam a également exprimé que la France est un pays ami de la Syrie, du Liban et du monde arabe et qu’elle devrait être approchée sur cette base.