Il est clair que l’un des principaux objectifs de ceux qui plaident en faveur de cette conférence est de présenter un projet de règlement avec le régime plutôt que de développer un projet de soutien à la révolution en cours dans le pays, où tout le monde est d’accord pour renverser le régime et construire un État démocratique libre où les citoyens sont égaux en droits et devoirs. Les objectifs du règlement, tels qu’énoncés dans la déclaration, peuvent être résumés comme suit :
La conférence appelle à la démission immédiate du président Bachar al-Assad de toutes ses fonctions, remettant le pouvoir, selon les procédures constitutionnelles, à son adjoint temporairement jusqu’à l’élection d’un conseil de transition chargé de rédiger une nouvelle constitution pour le pays. Ensuite, des élections parlementaires et présidentielles doivent avoir lieu dans un délai d’un an à compter de la démission du président.
Cela implique :
a. La reconnaissance de la légitimité du régime actuel pendant une période d’un an, avec sa structure constitutionnelle et institutionnelle intacte. Les responsables nommés par le régime continueront leurs fonctions pendant cette période. En conséquence, toute élection aboutirait probablement à une majorité significative de partisans du régime actuel.
b. Le régime n’est pas seulement le président, mais inclut la constitution et les institutions constitutionnelles. La constitution actuelle accorde au chef de l’État des pouvoirs décisionnels étendus. Par conséquent, le maintien de la constitution actuelle avec un nouveau président permettrait à ce président de consolider le pouvoir, contribuant à la crise qui a commencé avec l’adoption de la constitution actuelle.
La déclaration évite habilement de traiter de l’article 8 de la constitution, qui a été un thème récurrent dans chaque discours politique. Cette omission vise-t-elle à s’aligner sur la déclaration du Secrétaire général adjoint du Parti Baas, refusant de modifier l’article 8 de la constitution ? Le manque de mention vise-t-il à faciliter un dialogue potentiel avec le régime ?
La déclaration aborde les crimes odieux commis par le régime en termes généraux sans les connecter explicitement à ceux qui les ont ordonnés, planifiés et supervisés. Les meurtres, l’invasion de villes et de villages, ainsi que la profanation des corps de martyrs (par exemple, le cas du martyr Hamza Al-Khatib), ne sont pas directement attribués à des individus spécifiques. De plus, la déclaration ignore toute référence aux détenus et à leur torture. Le fait de négliger la poursuite des responsables de ces crimes fait-il partie du projet de règlement ?
La déclaration comprend deux paragraphes, l’un rejetant l’intervention étrangère et l’autre exhortant la communauté internationale à assumer ses responsabilités légales et morales pour arrêter les violations des droits de l’homme. La distinction entre le contenu de ces deux paragraphes n’est pas clairement définie. Les participants à la conférence considèrent-ils le régime syrien actuel comme un régime national ? Un régime utilisant les forces militaires et de sécurité pour envahir les villes et les villages avec des chars et diverses armes est-il encore considéré comme un régime national ? Les canons et les chars appartenant à l’armée sont-ils toujours considérés comme nationaux, même s’ils détruisent le pays ?
Les participants à la conférence ne reconnaissent-ils pas l’ampleur du rôle de l’Iran dans les opérations sanglantes du régime ? La participation iranienne est-elle considérée comme une participation nationale ? Pourquoi cet aspect a-t-il été ignoré ?
Le régime n’a-t-il pas cherché l’assistance d’Israël, comme indiqué par les déclarations de Rami Makhlouf au New York Times, où il appelait les États-Unis à cesser de faire pression sur son président, puis s’adressait à Israël en leur disant que la sécurité d’Israël est liée à celle de la Syrie ? Une telle position constitue-t-elle une position nationale ?
Le régime, avec ses forces, massacre les citoyens alors qu’ils manifestent pacifiquement. Faut-il permettre au régime de continuer ses crimes, ou faut-il explorer tous les moyens pour protéger le peuple syrien du meurtre, de la répression et de la persécution ? Ne portons-nous pas la responsabilité sérieuse d’exhorter la communauté internationale à prendre des mesures décisives pour arrêter ces massacres, démanteler ce régime et donner le pouvoir au peuple de réaliser ses aspirations ? Qu’est-ce qui est plus profondément patriotique : protéger le peuple syrien et le sauver, ou brandir des slogans vides sans réaliser les conséquences potentielles, telles qu’une augmentation des meurtres et de la destruction ou des réactions conduisant à la rupture de l’unité nationale ?
La déclaration ne touche pas à deux problèmes interconnectés : le premier étant la loi d’amnistie émise par le chef du régime, et le deuxième étant le dialogue initié par le régime. Cette omission est-elle parce que le contenu de la déclaration sert de document de travail pour le dialogue ?
Toutes les déclarations de l’opposition à l’étranger ont souligné que leur tâche était de soutenir la révolution plutôt que de fournir des solutions, de soutenir plutôt que de perturber. Le contenu de la déclaration représente-t-il un écart par rapport à cet engagement et une tentative d’entraver le rôle de ces héros résilients qui, avec la poitrine découverte, font face aux balles et aux bombes du régime ?
Enfin, que Dieu protège la Syrie, préserve son peuple, sauvegarde sa révolution et ait pitié de ses martyrs.
Abdul Halim Khaddam 3 juin 2011