La Syrie a fait savoir aujourd'hui qu'elle exigerait la reconnaissance par Israël des « droits nationaux palestiniens » comme condition à un accord de trêve dans le secteur du plateau du Golan du front du Moyen-Orient.
Le ministre syrien des Affaires étrangères Abdel Halim Khaddam a déclaré lors d'une conférence de presse que son pays enverrait un représentant à Washington le mois prochain pour entamer des discussions sur une séparation des forces similaire à celle réalisée entre l'Égypte et Israël dans la région de Suez. Le délégué syrien arrivera après que le ministre israélien de la Défense, Moshe Dayan, aura présenté le plan de désengagement de son pays et sera parti.
La reconnaissance israélienne des « droits des Palestiniens », que M. Khaddam n’a pas définis, doit intervenir au cours des discussions, a déclaré le ministre. « Israël doit comprendre une fois pour toutes qu'il doit reconnaître son obligation de se retirer de tous les territoires arabes qu'il occupe, non pas de chaque territoire syrien, mais de tous les territoires arabes sans exception », a déclaré M. Khaddam.
Retour des terres
« De plus, a-t-il ajouté, et c’est très important pour les Arabes, Israël doit reconnaître les droits nationaux légitimes du peuple palestinien. Ces deux conditions doivent être remplies avant qu’il puisse y avoir un accord sur la séparation des forces entre la Syrie et Israël. »
M. Khaddam s'est exprimé peu avant que le conseil ministériel de la Ligue arabe ne termine trois jours de discussions en exprimant son soutien à la Syrie. Il y a eu un effort majeur de toutes les parties pour masquer les profondes divergences exprimées en privé entre la Syrie et l’Égypte sur les tactiques à utiliser envers Israël et envers les efforts américains de rétablissement de la paix.
Les Syriens avaient accusé l'Egypte, lors d'une séance à huis clos du comité politique, d'avoir isolé la Syrie en concluant un accord séparé avec les Israéliens.
L'attaque syrienne avait amené le ministre égyptien des Affaires étrangères, Ismail Fahmy, à la conférence depuis le Caire dans un apparent effort d'apaisement. Les deux ministres se sont entretenus plusieurs fois seuls, et ce matin, après une courte rencontre finale, le pimpant diplomate égyptien a souligné devant les journalistes : « Il n'y a pas de conflit entre la Syrie et l'Égypte. Nous coordonnons constamment nos positions. Il n'a cependant pas répondu lorsqu'on l'a interrogé sur les conditions de désengagement de M. Khaddam.
M. Fahmy respirait la confiance après avoir remporté un point majeur. Une conférence au sommet prévue le mois prochain au Caire, qui risque d'être déchirée par des dissensions, a été reportée à septembre à Rabat, au Maroc. En guise de concession à la Syrie, la Ligue a ajouté la phrase « à moins que la situation au Moyen-Orient n’oblige la Syrie à demander une date antérieure ».
M. Khaddam a refusé de réitérer publiquement ses critiques à l'égard de l'Égypte et a déclaré aux journalistes que « la Syrie et l'Égypte sont côte à côte dans cette bataille victorieuse ».
Il a déclaré que même si la Syrie avait accepté de mettre fin aux combats en octobre dernier, elle poursuivait toujours deux objectifs principaux : le retrait des forces israéliennes de tous les territoires occupés par Israël depuis 1967 et la reconnaissance des « droits des Palestiniens ».
Il a déclaré que la séparation des forces n’était qu’une « étape » dans un programme de paix global. Mais il a clairement indiqué qu'il souhaitait des engagements à long terme de la part d'Israël avant même que cette étape puisse être atteinte, affirmant que la Syrie ne faisait aucune distinction entre les conditions d'un désengagement militaire et les conditions d'une paix permanente.
On pense que le principal grief des Syriens contre les Egyptiens et d’autres pays arabes modérés concerne à la fois la signature d’un accord avec Israël et la levée de l’embargo pétrolier contre les États-Unis. Les Syriens estiment que l’embargo a été levé trop tôt, les laissant seuls dans la lutte pour les objectifs arabes.
M. Khaddam a obtenu un soutien indirect pour sa position intransigeante à l'égard des Palestiniens de la part du ministre relativement modéré des Affaires étrangères de l'Arabie Saoudite, Omar Saqqaf, qui a déclaré au journaliste du quotidien tunisien La Pressa que les Arabes attendaient des accords entre Israël et la Syrie et entre Israël et la Syrie. Israël et les Palestiniens. M. Saqqaf a invoqué cette raison pour reporter les négociations au sommet arabe à l'automne.
Le conseil, qui regroupe 21 pays arabes et a réuni un nombre record de 17 ministres des Affaires étrangères, a également convenu de constituer une délégation de neuf membres pour répondre favorablement à une offre du Marché commun européen pour des négociations sur la coopération économique et technologique.