102. Télégramme de l’Ambassade en Syrie au Département d’État
Damas, le 12 septembre 1977, 11h45 Z
- Pour le Secrétaire, de la part de Murphy. Sujet : Message au Président Carter de la part du Président Assad. Réf : État 192565.
- J’ai été convoqué au ministère des Affaires étrangères le 11 septembre, la veille du début de la période de cinq jours de vacances du Ramadan, pour recevoir la réponse d’Assad à la lettre du Président Carter du 14 août (référence). La traduction ministérielle de la réponse d’Assad est la suivante :
Citation :
Cher Monsieur le Président,
J’ai reçu votre lettre que l’Ambassadeur Murphy a remise le 16 août 1977, et j’apprécie grandement vos efforts pour parvenir à l’établissement de la paix dans la région du Moyen-Orient.
La visite du Secrétaire Vance dans la région et ses deux réunions avec nous lors de cette visite ont été une occasion utile pour échanger des informations et présenter des idées. Nous considérons que cette visite constituait une étape importante au cours de laquelle nous avons cherché à exposer nos points de vue sur toutes les questions qui ont été discutées.
Tout d’abord, je tiens à souligner clairement que les points de vue israéliens qui nous ont été transmis par le Secrétaire Vance étaient, dans leur ensemble et dans chaque partie, des obstacles aux efforts visant à réaliser la paix. Alors qu’Israël parle de paix, elle souhaite conserver et poursuivre tous les aspects et les faits de l’agression. Alors qu’Israël prétend ne pas poser de préconditions, nous le voyons s’accrocher à tout ce qui est destiné à saboter les discussions de paix en déformant la question et en gagnant du temps pour mettre en œuvre ses plans visant à perpétuer la situation actuelle et à entreprendre des actions visant à l’annexion et à l’expansion.
Les points de vue spécifiques que nous considérons comme adéquats en tant que base pour un règlement pacifique de la question du Moyen-Orient sont les suivants :
A. Procédures :
Comme la question palestinienne est au cœur du problème, nous réitérons notre point de vue sur la nécessité de la participation des Palestiniens aux pourparlers de paix à la Conférence de Genève.
Compte tenu de notre engagement envers les décisions de la Conférence du Sommet du 7 avril à Rabat, l’OLP est le représentant légitime du peuple palestinien. Nous envisageons sa participation selon l’une des deux formules suivantes :
Soit (1) en formant une délégation arabe unifiée, représentant la Syrie, l’Égypte, la Jordanie et l’OLP,
soit (2) en formant des délégations arabes individuelles représentant la Syrie, l’Égypte, la Jordanie et l’OLP.
B. En ce qui concerne la question de la paix :
Le retrait complet de tous les territoires occupés en 1967 et le retour aux lignes du 4 juin 1967 ;
La garantie des droits nationaux du peuple palestinien, y compris leur droit à l’autodétermination et à l’établissement de leur État indépendant. Nous envisageons cet État comme comprenant la Cisjordanie et la bande de Gaza avec un corridor entre eux ;
La résolution du problème des réfugiés palestiniens conformément aux résolutions de l’ONU ;
« La fin de l’état de guerre » signifie la paix.
L’accord peut inclure d’autres mesures complémentaires, dont les détails peuvent être convenus, tels que la délimitation de zones tampons étroites des deux côtés des frontières et le déploiement d’observateurs internationaux dans ces zones, ainsi que d’autres mesures qui ne contreviennent pas aux principes énoncés dans les paragraphes précédents.
Ce sont là les idées que nous envisageons d’inclure dans l’accord de paix. Elles sont fondées de manière objective sur les principes et les bases de la Charte des Nations Unies et des résolutions de l’ONU, y compris les résolutions 338 et 242 du Conseil de sécurité.
En ce qui concerne le problème du Sud du Liban, je tiens à affirmer que le problème le plus important dans cette question est l’intervention constante d’Israël dans cette région. Une telle intervention représente l’obstacle majeur aux efforts déployés pour mettre en œuvre l’accord de Shtaura et, par conséquent, pour assurer la stabilité et la sécurité dans tout le Liban. Néanmoins, cela ne nous empêchera pas de poursuivre nos efforts concentrés pour mettre en œuvre l’accord de Shtaura et le cessez-le-feu, et pour assurer la stabilité dans cette partie du Liban. Monsieur Khaddam, lors de sa visite à venir aux États-Unis en septembre, serait prêt à clarifier les points susmentionnés lors de ses rencontres avec vous et Monsieur Vance.
Je saisis cette occasion pour réaffirmer notre vif désir de poursuivre le processus afin de parvenir à une paix juste dans la région. Je réitère mon appréciation pour vos sincères efforts en ce sens.
Cordialement vôtre,
Hafez al-Assad
Non cité.
2. Commentaire :
Bien que cette lettre soit essentiellement une répétition des formulations verbales précédentes d’Assad, il est néanmoins encourageant de constater que le Président a été disposé à franchir cette première étape dans l’élaboration d’un accord de paix.
**3. Nous avons maintenant tout ce que je soupçonne que nous allons obtenir avant l’arrivée de Khaddam à Washington en ce qui concerne la langue de projet syrienne pour un « accord de paix ». Le texte ne contient aucune surprise, mais nous n’avions aucune raison d’en attendre. Son unique échappatoire réside dans la déclaration selon laquelle « l’accord peut inclure d’autres mesures complémentaires, dont les détails peuvent être convenus… ainsi que d’autres mesures qui ne contreviennent pas aux principes énoncés dans les paragraphes précédents ».
**4. Le retard dans la réponse d’Assad à la lettre du 14 août de Carter est largement attribuable, je le crois, au fait que le Président était en vacances dans le district de Lattaquié pendant les dix derniers jours d’août et la première semaine de septembre. Il est probablement significatif que sa livraison ait suivi la dernière conférence des ministres des Affaires étrangères arabes au Caire.
**5. Note sur la traduction. Dans le texte arabe, la phrase « M. Khaddam lors de sa prochaine visite… avec vous et M. Vance » est incluse comme dernière phrase du paragraphe sur le Sud du Liban. Je suis d’accord avec l’interprète du ministre des Affaires étrangères selon lequel cette phrase se réfère logiquement à l’ensemble du message précédent et pas seulement au Sud du Liban.
Murphy