118. Télégramme du secrétaire d'État Kissinger à l'assistant adjoint du président pour les affaires de sécurité nationale (Scowcroft)
7 novembre 1974.
Veuillez transmettre le message suivant au Président :
Début du texte :
- Ma conversation de trois heures avec le Président Asad aujourd’hui a confirmé que sa stratégie à Rabat en soutien de l’OLP visait à bloquer toute négociation, que ce soit sur les fronts jordano-israélien ou égypto-israélien, en l’absence de possibilités immédiates de progrès concrets sur le plateau du Golan. À plusieurs reprises au cours de la conversation, cependant, j’ai détecté une certaine anxiété de la part d’Asad quant à la manière de procéder à présent à la lumière de Rabat. Il a ponctué cela en demandant plusieurs fois : comment voyez-vous la prochaine étape ; pourquoi ne pouvons-nous pas avancer ensemble sur tous les fronts ? J’ai donc ressenti à la fois un soulagement de sa part qu’il était improbable qu’une négociation exclue la Syrie, tout en étant préoccupé par l’impasse probable qu’il a contribué à créer en soutenant l’OLP à Rabat. Je suis de plus en plus convaincu qu’une période de temps sera nécessaire, où toutes les parties concernées, particulièrement les Arabes en ce moment, devront prendre en compte toutes les implications de Rabat.
- J’ai adopté avec Asad la posture selon laquelle je n’avais pas l’intention d’entreprendre de nouvelle initiative, mais que je suis disponible pour aider si les Arabes ou les Israéliens souhaitent mon assistance. J’ai conseillé la modération dans le débat à venir sur la question palestinienne à l’Assemblée générale des Nations Unies lors de son ouverture le 13. J’ai également, de manière très discrète, demandé à Asad de réfléchir à savoir s’il est dans son intérêt de retarder l’extension de la Force d’Observation des Nations Unies dans la zone tampon entre la Syrie et Israël lorsque cette question sera soulevée au Conseil de sécurité de l’ONU fin novembre. Je pense qu’il voit maintenant que si la décision est prise de ne pas renouveler le mandat de la Force de l’ONU pour encore six mois, cela ne fera qu’alimenter l’argument israélien selon lequel les négociations avec les Syriens ne sont ni réalisables ni utiles. Cependant, je ne sais pas ce qu’il décidera.
- J’ai passé une bonne partie de mon temps à expliquer à nouveau ce que nous entendons par une approche étape par étape, dont l’objectif n’est pas de diviser les Arabes ni d’exclure les Syriens, mais plutôt ma conviction que c’est fondamentalement la seule façon gérable de procéder. Il est clair qu’Asad cherche une manière que les négociations se déroulent plus ou moins simultanément entre les Égyptiens et les Israéliens d’une part, et les Syriens et les Israéliens d’autre part.
- Enfin, je pense qu’il est notable qu’Asad ait tenu à souligner que quelles que soient les différences entre nous concernant la manière de procéder à l’avenir, il souhaite maintenir les relations améliorées qui existent entre les États-Unis et la Syrie. Apparemment, il attachait suffisamment d’importance à cela pour que le Ministre des Affaires Étrangères Khaddam fasse cette déclaration publiquement à l’aéroport au moment où je quittais Damas.
Fin du texte.
Cordialement.