D’AMBASSADE DAMAS
AU SECRÉTAIRE D’ÉTAT WASHINGTON DC ACT IMMÉDIATEMENT 8827
SECRET
DAMAS 0’630’6
NODIS
DE MURPHY POUR FORS/SHILL UNIQUEMENT
OBJET : PREMIÈRE RENCONTRE AVEC KHADDAM SUR LE LIBAN-SUD
DATE 27/09/1984
RÉSUMÉ ET COMMENTAIRE : LORS DE NOTRE RENCONTRE AVEC KHADDAM LE 27 SEPTEMBRE, NOUS AVONS PASSÉ UNE HEURE ENTIERE À DISCUTER DU LIBAN-SUD. JE L’AI INFORMÉ DE L’ORIENTATION GÉNÉRALE ET DE LA SUBSTANCE DE NOTRE RENCONTRE EN ISRAËL, QUI COMPORNAIT L’ENCOURAGEMENT DU GOL À CONTACTER LE SG DE L’ONU AU PLUS VITE POUR DISCUTER DU NOUVEAU MANDAT DE LA FINUL ET COMMENCER DES DISCUSSIONS MILITAIRES DIRECTES AVEC LES CONTREPARTIES DE L’IDF. IL A RÉPONDU EN DISANT QU’IL AVAIT QUELQUES QUESTIONS SUR MA PRÉSENTATION. SA PREMIÈRE QUESTION ÉTAIT DE SAVOIR SI LA POSITION ISRAÉLIENNE SELON LAQUELLE LA FINUL DEVRAIT AVOIR L’AUTORITÉ DE REMPLIR LES ZONES VACANTES PAR ISRAËL SIGNIFIAIT QUE L’ALF NE POUVAIT PAS ENTRER DANS CES ZONES. J’AI RÉPONDU QUE SELON L’INTERPRÉTATION DU MOD ISRAÉLIEN, L’ALF N’ÉTAIT PAS DU TOUT EN MESURE DE SE DÉPLACER, ET AINSI LES ISRAÉLIENS ONT ACCORDÉ PLUS D’ATTENTION À LA FINUL. SI LA QUESTION EST DE SAVOIR SI L’ALF PEUT « EN PRINCIPE » SE RENDRE DANS LES ZONES SOUS AUTORITÉ LIBANAISE, LA RÉPONSE EST OUI.
ENSUITE, KHADDAM A FAIT UNE DÉCLARATION QU’IL A DITE ÊTRE VRAIMENT UNE DEMANDE D’ÉLABORATION. IL A DIT : « IL DEVRAIT Y AVOIR UNE DÉCISION CLAIRE QUE L’ALF PEUT SE DÉPLACER DANS N’IMPORTE QUELLE ZONE DU LIBAN VACUÉE PAR L’IDF. »
J’AI RÉPONDU QUE LES ISRAÉLIENS ONT UN PROBLÈME FONDAMENTAL DE CONFIANCE QUI NE PEUT ÊTRE AMÉLIORÉ QUE LORSQUE LES REPRÉSENTANTS DES DEUX ARMÉES S’ASSEOIENT POUR DISCUTER DES QUESTIONS. À CE MOMENT, KHADDAM A DÛ ÉCOURTER NOTRE RÉUNION, ET NOUS AVONS CONVENU DE NOUS RENCONTRER À NOUVEAU À 17H00 LOCALES. J’AI RÉPÉTÉ À KHADDAM QUE NI LE SECRÉTAIRE NI LE PRÉSIDENT N’ONT DÉCIDÉ QUE LE GOUVERNEMENT AMÉRICAIN DEVRAIT S’ENGAGER DANS LA MÉDIATION.
RÉSUMÉ SUITE : NOUS PENSONS QUE KHADDAM POURRAIT AVOIR D’AUTRES QUESTIONS, PEUT-ÊTRE CONCERNANT LA ZONE D’OPÉRATION DE LA FINUL ET LE RÔLE DES FORCES DE LAHAD. NOUS ATTENDONS DE REÇOIR DES QUESTIONS DIFFICILES CE SOIR, Y COMPRIS UNE INSISTANCE SYRIENNE RENOUVELÉE QUE L’ALF DOIT AVOIR LE DROIT DE SE DÉPLOYER À N’IMPORTE QUEL POINT DANS LE SUD DU LIBAN. J’AI L’INTENTION DE M’EN TENIR LE PLUS POSSIBLE À MA PRÉSENTATION GÉNÉRALE, CHERCHANT À ATTIRER L’ATTENTION SYRIENNE SUR LE BESOIN URGENT POUR LE LIBAN DE RECHERCHER UNE EXPANSION DU MANDAT DE L’ONU ET POUR QUE L’ARMÉE LIBANAISE ENGAGE DES DISCUSSIONS DIRECTES AVEC L’ARMÉE ISRAÉLIENNE. IL SEMBLE QUE LES SYRIENS VEULENT CONTINUER À PARLER, MAIS IL EST TROP TÔT POUR DIRE S’ILS COOPÉRERONT. FIN DU RÉSUMÉ.
MURPHY, GLASPIE ET LES MEMBRES DU PERSONNEL ONT RENCONTRÉ LE VICE-PRÉSIDENT KHADDAM PENDANT PRÈS DE DEUX HEURES LE MATIN DU 27 SEPTEMBRE. KHADDAM ÉTAIT ACCOMPAGNÉ DU VICE-MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ALNAIB, D’UN INTERPRÈTE ET D’UN PRENEUR DE NOTES. LES QUESTIONS CONCERNANT LES TERRORISTES AU LIBAN ET LA QUESTION D’UNE AMBASSADE À JÉRUSALEM ONT ÉTÉ RAPPORTÉES PAR SEPTELS.
EN ISRAËL, J’AI D’ABORD RENCONTRÉ LE MINISTRE DE LA DÉFENSE RABIN À TEL-AVIV ET LE PREMIER MINISTRE PERES AVEC RABIN À JÉRUSALEM. L’ANCIEN MINISTRE DE LA DÉFENSE ARENS, QUI EST MAINTENANT MINISTRE SANS PORTFOLIO, A PARTICIPÉ AUX DEUX RÉUNIONS EN TANT QUE MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES PAR INTÉRIM (SHAMIR À NEW YORK). AINSI, IL NE FAUT AUCUN DOUTE QUE LES POINTS DE VUE EXPRIMÉS REPRÉSENTAIENT L’ENSEMBLE DU GOUVERNEMENT PLUTÔT QUE SEULEMENT LA PARTIE TRAVAILLEURISTE DE LA COALITION. DES PROFESSIONNELS SUPÉRIEURS DES MINISTÈRES DE LA DÉFENSE ET DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ÉTAIENT ÉGALEMENT PRÉSENTS. BIEN QU’AUCUNE DÉCISION GOUVERNEMENTALE FORMELLE N’AIT ENCORE ÉTÉ PRISE, J’AI L’IMPRESSION CLAIRE QUE LES ISRAÉLIENS ONT ATTEINT UN CONSENSUS, AUSSI DÉLICAT SOIT-IL, SUR CE QU’ILS VEULENT FAIRE AU LIBAN AINSI QUE SUR LES LIMITES DE LEURS ACTIONS À CET ÉGARD.
J’AI INFORMÉ LES ISRAÉLIENS QUE J’AVAIS RENCONTRÉ SÉPARÉMENT LE MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES, LE VICE-PRÉSIDENT ET LE PRÉSIDENT, ET QUE LORS DE CHAQUE RÉUNION, J’AVAIS DÉCRIT UN ENSEMBLE DE HUIT IDÉES OU CONCEPTS AMÉRICAINS QUE JE SOUHAITAIS EXPLORER AVEC LES SYRIENS, QUE J’AI ENSUITE RÉSUMÉS POUR EUX. J’AI DIT QUE LE MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET LE VICE-PRÉSIDENT N’ONT PAS RÉAGI OFFICIELLEMENT AUX IDÉES. LORS DE MA RÉUNION AVEC LE PRÉSIDENT, IL A INDIQUÉ QUE LES LIBANAIS AVAIENT INFORMÉ LA SYRIE DE LA POSSIBILITÉ QUE LES ÉTATS-UNIS JOUENT UN RÔLE DANS L’OBTENTION DU RETRAIT ISRAÉLIEN. IL N’A PAS ÉMIS D’OBJECTION À CE QUE LES ÉTATS-UNIS LE FASSENT EN RÉPONSE À MA PRÉSENTATION, LE PRÉSIDENT A DIT QUE LES LIBANAIS ONT INDIQUÉ QUE L’ALF ET LA FINUL DEVRAIENT ASSURER LA SÉCURITÉ DANS LE SUD DU LIBAN. UNE TELLE ARRANGEMENT CONSTITUERAIT CE QUI DEVRAIT OU POURRAIT ÊTRE FAIT AU MAXIMUM.
LE PRÉSIDENT A INDIQUÉ QU’IL PRÉFÉRAIT NE PAS ALLER PLUS LOIN DANS LES COMMENTAIRES DÉTAILLÉS. CEPENDANT, J’AI NOTÉ QUE LE PRÉSIDENT A DIT QUE LA SYRIE NE S’OPPOSERAIT PAS À UN ÉLARGISSEMENT DU MANDAT DE LA FINUL SI LE LIBAN LE CONSIDÉRAIT COMME UTILE, BIEN QUE LA FINUL NE DEVRAIT PAS ÊTRE DÉPLOYÉE PLUS PRÈS DE LA FRONTIÈRE SYRIENNE QU’ELLE NE L’EST ACTUELLEMENT.
LES ISRAÉLIENS ONT ACCUEILLI UN RÔLE AMÉRICAIN DANS LES RELATIONS AVEC LA SYRIE ET LE LIBAN. ILS ONT RÉAFFIRMÉ LEUR INTENTION DE QUITTER LE LIBAN AUSSI RAPIDEMENT QUE POSSIBLE, MAIS DE LE FAIRE UNIQUEMENT SI LA SÉCURITÉ D’ISRAËL N’EST PAS MENACÉE. ILS M’ONT ÉGALEMENT RAPPELÉ QUE ISRAËL EXERCERA SON DROIT À LA LÉGITIME DÉFENSE CONFORMÉMENT À L’ARTICLE 52 DE LA CHARTE DE L’ONU SI LA SÉCURITÉ D’ISRAËL EST MENACÉE À NOUVEAU. À COURT TERME, LES ISRAÉLIENS NOUS ONT DEMANDÉ DE DISCUTER AVEC LES LIBANAIS DE DEUX POINTS QU’ILS CONSIDÈRENT COMME TRÈS IMPORTANTS POUR INITIER UN PROCESSUS QUI POURRAIT MENER À UN PROGRAMME DE RETRAIT ISRAÉLIEN COMPLET JUSQU’À LA FRONTIÈRE INTERNATIONALE, CE QUI NE SERAIT PAS LIÉ AU RETRAIT SYRIEN.
PREMIÈREMENT, ILS VEULENT QUE NOUS ENCOURAGIONS LES LIBANAIS À RECHERCHER UN CHANGEMENT DANS LE MANDAT DE LA FINUL. LES ISRAÉLIENS CROIENT QUE CE CHANGEMENT DEVRAIT INCORPORER LE PRINCIPE SELON LEQUEL LES ZONES ÉVACUÉES PAR L’ARMÉE ISRAÉLIENNE DEVRAIENT ÊTRE REMPLIES PAR LA FINUL. NOUS RECONNAISSONS QUE L’ONU SERAIT MIEUX PLACÉE POUR TRAVAILLER AVEC LES PARTIES CONCERNÉES SUR UN NOUVEAU MANDAT UNE FOIS QUE LE GOL A PRIS L’INITIATIVE DE RECHERCHER UNE EXTENSION. NOUS N’AVONS PAS L’INTENTION DE DISCUTER AVEC LES LIBANAIS DES DÉTAILS DE TOUT CHANGEMENT PARTICULIER DANS LE MANDAT.
DEUXIÈMEMENT, LES ISRAÉLIENS VEULENT QUE LES LIBANAIS ACCEPTENT DES DISCUSSIONS DIRECTES MILITAIRE-À-MILITAIRE SUR LE RETRAIT ET LES ARRANGEMENTS DE SÉCURITÉ. NOUS AVONS DÉJÀ, BIEN ENTENDU, ENCOURAGÉ LES LIBANAIS À TRAITER DIRECTEMENT AVEC LES ISRAÉLIENS. IL A LONGTEMPS ÉTÉ POSITION AMÉRICAINE D’ENCOURAGER DES DISCUSSIONS DIRECTES. CE QUE JE PEUX CONSEILLER AUJOURD’HUI, C’EST QUE LE CÔTÉ ISRAÉLIEN ACCEPTE MAINTENANT QUE LES DISCUSSIONS SOIENT DE NATURE STRICTEMENT MILITAIRE, BIEN QU’IL FAILLE COMPRENDRE QUE TOUT ACCORD CONCLU SERA CONTRAIGNANT POUR LES DEUX GOUVERNEMENTS. CES DISCUSSIONS INCLURONT LA CONSIDÉRATION DES RÔLES ET ZONES DE DÉPLOIEMENT POUR LA FINUL, L’ALF ET LES FORCES LOCALES. CECI SOULIGNE UNE FOIS DE PLUS LA NÉCESSITÉ POUR NOUS D’AVANCER RAPIDEMENT. SI ISRAËL ET LE LIBAN S’ACCORDAIENT SUR UNE PROLONGATION DU MANDAT DE L’ONU, CE NE SERAIT QUE LA PREMIÈRE ÉTAPE DANS LE PROCESSUS DIFFICILE ET LONG DE L’OBTENTION DE L’ACCORD DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’ONU, PUIS DE SA TÂCHE D’OBTENIR L’ACCORD DES NATIONS CONTRIBUTRICES DE TROUPES ET DU CONSEIL DE SÉCURITÉ DE L’ONU. LE PROGRAMME DE RETRAIT D’ISRAËL SERAIT PHASÉ MAIS PRÉVOIRAIT UN CALENDRIER DE RETRAIT COMPLET JUSQU’À LA FRONTIÈRE INTERNATIONALE.
EN PLUS DES POINTS CI-DESSUS, ISRAËL S’ATTENDRAIT À CE QUE LA SYRIE EMPÊCHE L’INFILTRATION D’ÉLÉMENTS ARMÉS AU SUD DU LIBAN DEPUIS LES LIGNES MILITAIRES SYRIENNES OU AUTOUR, ET QUE LES FORCES SYRIENNES NE DOIVENT PAS AVANCER LORSQUE L’IDF SE RETIRE.
EN CONCLUSION, JE VOUDRAIS AJOUTER QUE LES ISRAÉLIENS ONT DIT QU’ILS ÉTAIENT INTÉRESSÉS À TRAITER LES QUESTIONS DES ARRANGEMENTS DE SÉCURITÉ/RETRAIT ISRAÉLIEN DE MANIÈRE PRAGMATIQUE ET QU’ILS NE RECHERCHENT PAS LA CONFRONTATION. LEUR PRÉOCCUPATION PRINCIPALE EST D’OBTENIR DES ARRANGEMENTS SATISFAISANTS POUR LA SÉCURITÉ DE LEUR ZONE FRONTIÈRE NORD.
APRÈS AVOIR PRÉSENTÉ CE RAPPORT SUR LES POSITIONS ISRAÉLIENNES, J’AI DIT À KHADDAM QUE JE SOUHAITAIS FAIRE UN COMMENTAIRE PERSONNEL SUPPLÉMENTAIRE SUR LA PERSPECTIVE ISRAÉLIENNE SUR LE RETRAIT. EN INSISTANT SUR LE FAIT QUE JE NE CITAI AUCUN OFFICIEL ISRAÉLIEN EN PARTICULIER MAIS QUE JE LISAIS ENTRE LES LIGNES, JE CROIS QU’IL Y A TROIS OPTIONS ISRAÉLIENNES POSSIBLES EN MATIÈRE DE RETRAIT :
(A) UN RETRAIT ORDONNÉ NÉGOCIÉ ET ACCEPTÉ PAR DES DISCUSSIONS DIRECTES AVEC LA MILITAIRE LIBANAISE ET AVEC LA PARTICIPATION DE LA FINUL DANS LES ARRANGEMENTS DE SÉCURITÉ.
(B) UN RETRAIT INCOMPLET, LAISSANT L’IDF DANS LE BOQAA OU OÙ D’AUTRE QU’ILS POURRAIENT TROUVER LEUR SÉCURITÉ MENACÉE.
(C) UN RETRAIT RAPIDE ET NON COORDONNÉ, COMPLET OU PARTIEL. CELA ME FAIT PENSER AU CAUCHEMAR D’UN RETRAIT COMME EN SEPTEMBRE 1983 DU CHOUF ET DES BATAILLES GÉNÉRALISÉES MENAÇANT LES FACTIONS LIBANAISES.
À la suite de la présentation ci-dessus, sans interruption de la part de Khaddam sauf pour les traductions, j’ai demandé s’il avait des questions. Il a répondu affirmativement et a posé les questions rapportées dans le résumé. Après qu’un aide lui ait apporté une note, il a indiqué qu’il devrait écourter notre réunion. Il a demandé à quel moment nous devions partir. J’ai répondu que nous pouvions passer une autre nuit à Damas. Khaddam a préféré organiser une deuxième réunion ; il avait d’autres questions et souhaitait relire le compte rendu de cette première réunion. Cela lui donnerait également le temps de consulter Assad. Nous avons fixé une deuxième réunion à 17h00 heure locale. Nous prévoyons de partir demain matin pour Beyrouth.
Nous aurons besoin cet après-midi de l’opinion honnête du vice-président sur ce que je devrais recommander au Secrétaire. Khaddam a répondu qu’il « comprenait clairement ».
GLASPIE