RELATIONS ÉTRANGÈRES DES ÉTATS-UNIS, 1977-1980, VOLUME IX, CONFLIT ARABO-ISRAÉLIEN, AOÛT 1978-DÉCEMBRE 1980, DEUXIÈME ÉDITION RÉVISÉE
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Lettre du Président Carter au Président syrien Assad
Washington, le 19 septembre 1978 Cher Monsieur le Président,
Je tiens à ajouter une note personnelle à mon message du 17 septembre 1978, dans lequel je vous ai informé des résultats des pourparlers à Camp David. Les préoccupations de votre pays ont été très présentes dans mon esprit au cours des deux dernières semaines. J’apprécierais beaucoup avoir de vos nouvelles directement afin d’éviter tout malentendu éventuel.
Permettez-moi de souligner un point que j’ai abordé hier soir dans mon discours devant une session conjointe du Congrès3 : la paix que nous recherchons au Moyen-Orient est globale. Le document-cadre général signé par l’Égypte et Israël traite spécifiquement des principes applicables à tous les fronts du conflit. La Résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations unies, dans toutes ses parties, demeure la base convenue pour un règlement pacifique du conflit israélo-arabe. J’ai également déclaré dans mon discours qu’il devait y avoir une solution juste au problème des réfugiés qui tienne compte des résolutions appropriées des Nations unies.
Je suis au courant de votre engagement profond non seulement envers la Syrie et la Nation arabe, mais aussi envers les droits légitimes du peuple palestinien, que Israël a maintenant, pour la première fois, reconnus. Bien que les accords de Camp David ne répondent pas à toutes les questions liées aux Palestiniens, ils posent néanmoins une base pour résoudre le problème palestinien sous tous ses aspects. Selon les termes de l’accord signé par Israël, une solution serait possible en deux étapes. Tout d’abord, l’occupation militaire israélienne de la Cisjordanie et de Gaza prendrait fin, un nombre important de forces israéliennes serait retiré et celles qui restent seraient redéployées dans quelques endroits spécifiés pour assurer la sécurité d’Israël contre les attaques extérieures. La sécurité intérieure serait assurée par une force de police palestinienne solide. Avec la fin de l’occupation militaire, une autorité autonome librement élue serait établie. Après la signature de ce cadre et pendant les négociations pour mettre en place l’autorité gouvernante, aucune nouvelle colonie israélienne ne sera établie. La question des futures colonies israéliennes sera décidée et convenue entre les parties négociantes.
La deuxième étape impliquerait des négociations sur le statut final de la Cisjordanie et de Gaza, ainsi que sur la paix entre Israël et la Jordanie, avec la participation des Palestiniens à ces négociations. Ces négociations devraient être basées sur les principes de la Résolution 242, y compris le retrait des forces armées israéliennes. Les résultats de ces négociations devraient permettre aux Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza de décider de la manière dont ils souhaitent se gouverner.
Je sais qu’il y a de nombreuses questions que nous n’avons pas pu résoudre à Camp David. Mais je tiens à vous assurer de mon engagement personnel profond à rester impliqué dans la recherche d’une paix juste et durable au Moyen-Orient. J’espère que vous partagerez vos points de vue avec moi et avec le Secrétaire Vance lorsqu’il vous rendra visite à Damas le 23 septembre.
Recevez mes meilleurs vœux.
Cordialement,
Jimmy Carter