Message daté du 26 mars 1979, adressé au Secrétaire général par le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la République arabe syrienne

publisher: United Nations

Publishing date: 1979-03-26

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ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Trente-quatrième session

Points 24 et 25 de la liste préliminaire

QUESTION DE LA PALESTINE LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Lettre datée du 26 mars 1979 du Représentant permanent de la République arabe syrienne auprès des Nations Unies adressée au Secrétaire général

Sur instruction de mon gouvernement, j’ai l’honneur de transmettre ci-joint un message de Son Excellence M. Abdul Halim Khaddam, Vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères de la République arabe syrienne.

Je vous prie de bien vouloir faire circuler ce message en tant que document officiel de l’Assemblée générale, sous les points 24 et 25 de la liste préliminaire, ainsi qu’au Conseil de sécurité.

(signé) Hamoud El-Choufi

Ambassadeur Représentant permanent

Message daté du 26 mars 1979 du Vice-Premier ministre et Ministre des Affaires étrangères de la République arabe syrienne au Secrétaire général

La détermination du Président égyptien à conclure un traité de paix séparé avec Israël a créé une situation pleine de dangers pour la région du Moyen-Orient et est contraire aux décisions des précédentes conférences arabes de sommet et aux résolutions des Nations Unies. À notre avis, et selon l’opinion de tous les observateurs neutres, les chances d’établir une paix juste et complète au Moyen-Orient ont été compromises par cette action.

Tout en exprimant ma reconnaissance pour la position prise par les Nations Unies et sa prise de conscience des dangers inhérents à cette démarche unilatérale et de ses effets possibles sur la situation au Moyen-Orient, je souhaite souligner que ces vues reflètent le sentiment de la grande majorité des États arabes et leur condamnation de l’action égyptienne. Ces États ont appelé à la convocation d’une conférence pour appliquer des mesures contre le Gouvernement égyptien, compte tenu de son action et de son écart par rapport aux décisions convenues par les États arabes lors de divers sommets arabes.

Vous vous souviendrez sans doute de la manière dont les Nations Unies, tant à l’Assemblée générale qu’au Conseil de sécurité, ont traité la question de la Palestine et des territoires arabes occupés. Un certain nombre de résolutions adoptées par les Nations Unies, particulièrement depuis l’agression de 1967, établissent les bases d’une solution complète au problème dans le cadre des Nations Unies.

Face au rejet continu par Israël de cette solution et à sa persistance à perpétuer l’occupation des territoires arabes, ainsi qu’à son refus de reconnaître les droits nationaux inaliénables du peuple arabe palestinien, le régime égyptien, encouragé par et en étroite collaboration avec les États-Unis d’Amérique, a entrepris de mettre en œuvre un plan visant à liquider le problème en le fragmentant en solutions séparées, en dehors du cadre des Nations Unies et en violation de ses résolutions.

Ces parties ont maintenant convenu d’un traité de paix entre l’Égypte et Israël qui va à l’encontre de la volonté de l’Organisation internationale et des bases pour un règlement global établies par les Nations Unies. En faisant cela, elles ont traité un aspect tout en ignorant le cœur du problème. Le traité proposé, au lieu de préparer le chemin pour la paix, comme le prétendent ses auteurs, obstruera en fait le processus de paix initié par les Nations Unies en vue d’atteindre un règlement complet.

Le danger de cette démarche devient plus apparent puisqu’elle est complètement en dehors du cadre des Nations Unies et de ses décisions, et puisqu’elle ignore totalement les territoires arabes occupés et les droits nationaux inaliénables du peuple palestinien, y compris leur droit au retour, à l’indépendance nationale et à la souveraineté en Palestine, conformément à la Charte et à la résolution 33/28 de l’Assemblée générale, adoptée le 7 décembre 1978. Elle ignore également la disposition contenue dans cette résolution qui appelle une fois de plus « à inviter l’Organisation de libération de la Palestine, représentante du peuple palestinien, à participer, sur la base de la résolution 3236 (XXIX) de l’Assemblée générale, à tous les efforts, délibérations et conférences sur le Moyen-Orient organisés sous les auspices des Nations Unies, sur un pied d’égalité avec les autres parties ». De plus, le traité de paix est en flagrante violation de la résolution 33/29 de l’Assemblée générale, adoptée le 7 décembre 1978, qui déclare que « la paix est indivisible et qu’un règlement juste et durable du problème du Moyen-Orient doit être basé sur une solution globale, sous les auspices des Nations Unies, prenant en compte tous les aspects du conflit arabo-israélien, en particulier l’obtention par le peuple palestinien de tous ses droits nationaux inaliénables et le retrait israélien de tous les territoires palestiniens et autres territoires arabes occupés ».

Comme vous pouvez le voir, ledit traité n’établit aucune base pour la paix dans la région du Moyen-Orient, ni ne protège les droits inaliénables du peuple palestinien, ce qui signifie que les ingrédients de l’instabilité et du conflit demeurent intacts. Ces ingrédients ont conduit à l’éruption du conflit arabo-israélien et à sa perpétuation pendant plus de trois décennies. Il est tout à fait naturel pour le peuple palestinien de continuer à lutter pour regagner ses droits par tous les moyens prévus par la Charte des Nations Unies et avec le soutien des nations arabes et de tous les peuples pacifiques.

De plus, une partie des territoires arabes syriens est encore occupée par Israël.

Israël continue de rejeter les résolutions des Nations Unies prévoyant le retrait complet de ces territoires. Comme vous le savez, cette occupation crée un autre facteur important d’instabilité dans la région. Conformément à la Charte des Nations Unies, le peuple syrien a le droit d’utiliser tous les moyens à sa disposition pour libérer son territoire occupé.

La République arabe syrienne est liée par les décisions des sommets arabes qui ont explicitement affirmé que le devoir de libérer tous les territoires arabes occupés et de permettre au peuple palestinien de regagner ses droits inaliénables, y compris le droit à l’autodétermination et le droit d’établir son propre État sur sa terre natale, était une condition préalable à l’établissement d’une paix juste et complète. La République arabe syrienne souhaite confirmer que le traité égyptien-israélien constituera un obstacle sérieux à une telle solution. Nous considérons que les parties au dit traité sont responsables de compromettre la possibilité d’atteindre une paix juste et complète, car elles ont légalisé l’occupation par Israël des territoires arabes et son refus de reconnaître les droits inaliénables du peuple palestinien. Elles devront assumer toutes les conséquences découlant d’un règlement partiel en contradiction avec les résolutions des Nations Unies et la volonté de la communauté internationale.

Conscients du danger imminent qui prévaudrait au Moyen-Orient à la suite du traité égyptien-israélien, il est impératif de faire appel à la collaboration collective des États membres pour mettre en œuvre les résolutions des Nations Unies et mettre fin à la détérioration actuelle de la situation au Moyen-Orient. Je crois que nos efforts doivent être combinés pour ramener le problème devant les Nations Unies, le seul lieu possible pour établir une paix juste et complète à laquelle toutes les parties concernées pourraient participer, y compris les représentants du peuple palestinien. Nous continuerons à œuvrer pour atteindre une telle paix, dans l’intérêt des peuples du Moyen-Orient et de la paix dans le monde entier.

(signé) Abdul Halim Khaddam

Vice-Premier ministre et

Ministre des Affaires étrangères de la

République arabe syrienne

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