Le discours prononcé par Abdul Halim Khaddam, ancien vice-président de la République et l’un des piliers du régime syrien pendant des décennies, sur la chaîne de télévision Al Arabiya à la fin de l’année 2005, l’année des catastrophes tant sur le plan intérieur qu’extérieur, était destiné par Khaddam et d’autres avec lui à être des lignes piégées pour les contours de la Syrie dans la nouvelle année. C’était une bombe à retardement jetée dans les couloirs du régime, conscient que son comportement est dominé par la violence, l’imprudence et la confusion. Il sait bien que la confusion du régime est une conséquence des nombreux crimes, erreurs et péchés commis tant au niveau interne qu’arabe. Cela survient à un moment où le régime se retrouve seul face aux conséquences de son comportement passé et récent, en particulier.
Que dit le « renard » de la politique syrienne et l’un de ses architectes de longue date dans l’histoire récente obscure de la Syrie?
Qu’a-t-il voulu transmettre avec son discours dangereux et explicite en cette période difficile que le régime et la Syrie vivent tous deux?
Enfin, est-ce que ce qu’il a dit à ce moment-là est une sorte de retour à la conscience nationale, ou est-ce plus proche d’un témoignage de deuil pour le régime mourant?
On peut dire, en résumé, que le discours d’Abdul Halim Khaddam vise deux points fondamentaux : tout d’abord, il cherche à se disculper du régime. Il a mentionné à plusieurs reprises avoir essayé et présenté de nombreuses études sur la nécessité de réformes politiques, administratives, économiques, et sur le lancement des libertés publiques. Il a également souligné l’incapacité du régime à adopter un projet de réforme, combinée à l’accumulation d’erreurs et de dangers, notamment dans le dossier libanais et les conséquences de l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais Rafik Hariri. Face à cette situation complexe sous tous les angles, et considérant que la Syrie ressemble à un tas de paille rempli de allumettes au soufre inaccessibles, il a décidé de quitter la Syrie en temps difficile, choisissant la patrie plutôt que le régime.
Le deuxième point est la conviction que le régime est sur le point de s’effondrer. Khaddam a déclaré explicitement que le régime syrien était derrière l’assassinat de Rafik Hariri, détaillant la série d’humiliations, de menaces et d’avertissements subis par Hariri de la part de Bachar al-Assad lui-même et de l’entourage sécuritaire l’entourant. Le danger et l’intérêt de son discours résident dans le fait qu’il s’est exprimé clairement, basé sur des faits, ne mentionnant qu’une fraction de ce qu’il sait sur l’affaire. Le nouvel élément est que l’assassinat de Hariri, d’une telle envergure, est une décision que les agences de sécurité ne peuvent pas exécuter seules. Les paroles de Khaddam sont des indicateurs clairs, pointant vers ceux qui pourraient être derrière cela. Ici, comme on dit, « il a jeté une bombe. »
Abdul Halim Khaddam a déclaré : « Rafik Hariri a été convoqué à Damas, et au Palais présidentiel, il a entendu des paroles extrêmement dures et humiliantes, allant même jusqu’à des niveaux de menaces répétées ! »
Il reste à voir comment le nouveau président de la commission d’enquête internationale traitera de ce nouveau témoignage dans cette nouvelle année cruciale pour l’avenir du régime. Abdul Halim Khaddam, avec sa position bien connue au niveau de l’État, possède des connaissances sur de nombreux secrets du régime.