« Abdul Halim Khaddam à ‘Newsweek Middle East’ : Ce qui se passe en Syrie est un conflit mondial, et Washington a trahi son allié la Turquie dans le dos. »

publisher: كوردسترست

Publishing date: 2016-10-06

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« Je ne peux pas imaginer comment la guerre en Syrie prendra fin… Je crois que l’administration américaine n’est peut-être plus capable de réparer la situation là-bas, » avec ces mots, l’ancien vice-président syrien Abdul Halim Khaddam a exprimé sa vision des événements qui se déroulent dans son pays natal.

Depuis sa maison parisienne, à des milliers de kilomètres de son pays d’origine, le politicien syrien de 84 ans a discuté au téléphone de l’intervention iranienne en Syrie, de la tentative de coup d’État ratée en Turquie, des élections présidentielles américaines, de l' »arsenal chimique syrien » et du récent ciblage « mystérieux » des forces armées syriennes par les États-Unis au lieu des groupes terroristes à Deir ez-Zor. Il a affirmé qu’il n’a pas l’intention de jouer un rôle politique dans la phase « post-Assad », mais rêve de retourner dans son pays.

Au cours de la conversation, Khaddam a qualifié la guerre qui sévit dans son pays depuis 2011 de conflit mondial, soulignant que la communauté internationale et les nations arabes ont manqué plusieurs occasions d’aider la révolution, qui n’a pas réussi à atteindre son objectif principal de « renverser le régime du président Bachar al-Assad en quelques semaines ou mois ».

Dans ce contexte, il a attribué la responsabilité de l’attisement de ce conflit à la rivalité russo-américaine et aux différends mondiaux sur l’utilisation de la force en Syrie, considérant le traitement de Washington envers l’opposition comme « incompréhensible » après l’avoir trahie, refusant une assistance militaire et permettant à la Russie de miner la position de la Syrie.

En ce qui concerne les relations entre les États-Unis et la Turquie, Khaddam a estimé que Washington a également trahi son alliée dans la région, contribuant à la tentative de coup d’État ratée en juillet de l’année dernière. Il a noté que les États-Unis ont armé les Kurdes contre la Turquie, indiquant que Moscou s’est réconcilié avec les Kurdes et a partagé des informations à ce sujet avec Ankara il y a quelques jours à peine, après l’escalade des tensions entre la Russie et la Turquie suite à l’incident de l’abattage d’un avion « Sukhoi » en novembre.

Concernant l’attribution de deux attaques chimiques en Syrie aux autorités syriennes par les Nations Unies, la première en 2017 et la seconde en 2016, Khaddam a nié avoir connaissance de l’arsenal chimique de son pays dans son intégralité avant qu’Israël ne cible le Centre syrien d’études et de recherche scientifique en 2013. Il a affirmé que cette question relève de la compétence des agences de renseignement et de l’armée. Il a parlé de l’occupation de Washington et de Moscou par cet « arsenal » au début des événements et a déclaré que « ces circonstances ont donné à Assad l’opportunité de tuer avec d’autres armes », critiquant certains responsables américains pour avoir envisagé l’idée de son maintien au pouvoir pour un deuxième mandat.

En ce qui concerne l’intervention américaine en Syrie, Khaddam a qualifié le ciblage récent par les États-Unis des positions de l’armée syrienne à Deir ez-Zor de « mystérieux », le justifiant en affirmant qu’ils connaissent les emplacements tant du « régime » que des groupes terroristes. Politiquement, il a affirmé que le président américain Barack Obama l’a déçu après avoir pris le pouvoir, notamment en se réconciliant avec « l’Iran » malgré son intervention en Syrie, en Irak, au Liban et au Yémen. Il a exprimé l’espoir de la victoire du candidat du Parti démocrate, Hillary Clinton, après lui.

Sur le sujet de « l’État islamique », Khaddam a estimé que plusieurs circonstances ont contribué à son essor et à son expansion en Syrie, soulignant qu’Iran l’avait « nourri » dans le cadre de ses efforts pour établir une force sunnite pour combattre les sunnites dans la région. Il a souligné la différence significative entre le président Assad senior et son fils en ce qui concerne leur relation avec l’Iran. Alors que ce dernier a permis à l’Iran, qui se considère maintenant comme l’héritier de Damas, d’intervenir dans les affaires syriennes par le biais des Gardiens de la révolution iranienne et du « Hezbollah » et d’autres groupes de soutien, Téhéran avait peur de contrarier le président Assad senior et craignait de lui porter préjudice.

Dans ce contexte, Khaddam a lié la présence du « Hezbollah » et la présence du « régime » en Syrie, prétendant que ce dernier « ne pourra pas se tenir sur ses propres pieds si la ligne de vie en provenance d’Iran, qui lui fournit de l’argent, est coupée en Syrie. ‘Hezbollah’ ne vaut rien sans le régime syrien actuel. »

En conclusion, Khaddam a souligné que la crise syrienne ne prendra fin que si toutes les parties prenantes se réunissent autour d’une table. Il a proposé la tenue d’une conférence internationale pour sauver la Syrie, avec la participation de toutes les puissances mondiales, de l’Occident à l’Orient, y compris l’Iran, qui a actuellement une « direction modérée ». Il a soutenu la libération de la Syrie et la création d’une force armée internationale qui œuvre pour désarmer toutes les factions.

En revanche, Khaddam a rejeté toute solution politique, mettant en garde contre la possibilité que « le régime ou ses hommes restent au pouvoir en vertu de celui-ci, ce qui pourrait conduire à de nouveaux conflits à l’avenir, dont la portée pourrait s’étendre à d’autres régions de la région et du monde ». Il a nié rechercher quelque poste politique que ce soit en Syrie dans la phase « post-Assad », qualifiant son rôle de national.

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