Monsieur le Président, c’est avec plaisir que je vous adresse mes félicitations pour votre élection à la présidence de la trente-cinquième session de l’Assemblée générale, et je vous souhaite un succès complet dans cette tâche des plus importantes.
Je suis convaincu que votre efficacité et votre expérience vous permettront de mener notre session à une conclusion réussie.
Ma délégation fera de son mieux pour coopérer avec vous en vue de cet objectif.
Permettez-moi d’exprimer ma reconnaissance à M. Salim Ahmed Salim, le président de la session précédente, au cours de laquelle l’Assemblée générale a tenu trois sessions spéciales.
M. Salim a conduit les travaux de l’Assemblée avec une efficacité exemplaire.
Je saisis cette occasion pour saluer l’admission du Zimbabwe en tant que membre des Nations Unies, à la suite d’une longue et amère lutte menée par le peuple héroïque du Zimbabwe contre le régime colonialiste raciste, prouvant ainsi que les peuples luttant pour leur droit à l’autodétermination et à l’indépendance sont destinés à gagner.
Je félicite également Saint-Vincent-et-les-Grenadines pour son admission dans la communauté internationale.
Notre foi en la Charte et ses principes, ainsi qu’en les Nations Unies en tant que forum international pour tous les peuples du monde, ne cesse de se renforcer, malgré les problèmes compliqués et les crises aiguës auxquels le monde est confronté aujourd’hui.
Guidés par cette foi, nous comptons sur l’Organisation pour examiner de tels problèmes et crises, et nous sommes prêts à coopérer pour trouver des solutions propices à la sécurité, à la stabilité et au progrès de l’humanité.
Le premier développement de l’année écoulée a été le choc sévère qui a secoué le processus de détente internationale.
La détente avait réussi à maintenir le monde temporairement à l’abri de la guerre froide, d’une part, et à créer une nouvelle atmosphère de coopération internationale, d’autre part.
L’impérialisme mondial est revenu à ses pratiques antérieures visant à atteindre la plus grande domination possible en créant des sphères d’influence, en acquérant des bases et des installations militaires, en amassant des troupes dans des régions spécifiques et en déployant des réseaux de missiles nucléaires destructeurs.
Tous ces actes ont replongé le monde dans le climat de guerre froide et ont créé des foyers de conflit susceptibles d’éclater à tout moment.
Par conséquent, nous assistons à une tension internationale croissante et à une lutte pour les sphères d’influence, ainsi qu’à une résistance à ces actions de la part des peuples aimant la paix.
De cette tribune, nous avons averti l’Assemblée à plusieurs reprises que le processus de détente ne peut être universel et mondial à moins que son cadre ne soit élargi, englobant le monde entier et nous permettant de résoudre les grandes crises internationales.
La preuve la plus significative en est la question de la Palestine et du Moyen-Orient.
Les États-Unis, une superpuissance et membre permanent du Conseil de sécurité avec des responsabilités spécifiques pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales, ont retiré la question des Nations Unies et ont cherché à agir eux-mêmes, avec Israël et le régime égyptien, sans impliquer les autres parties concernées, en particulier le peuple arabe palestinien et son représentant légitime, l’Organisation de libération de la Palestine [OLP].
La persistance de tels problèmes et de pratiques impérialistes souligne la nécessité pour toutes les nations de participer, sur un pied d’égalité, à la définition de la politique de détente basée sur le droit et la justice, afin de lui donner la dimension internationale complète dont elle a besoin pour devenir un facteur positif garantissant la paix et la sécurité internationales, et d’établir un nouvel ordre des relations internationales.
Le désarmement complet et global est un objectif majeur que la communauté internationale s’efforce continuellement d’atteindre.
Il n’y a pas de preuve plus claire que le fait que l’ordre du jour de la présente session comprend plus de 20 points relatifs au désarmement, et que les Nations Unies ont organisé plusieurs sessions spéciales et conférences à ce sujet.
Néanmoins, la course aux armements continue de croître et de s’intensifier.
Nous assistons à une activité croissante des forces impérialistes dans l’établissement de bases militaires dans certaines régions, ce qui représente un défi. Il est donc grand temps pour l’Assemblée de faire tous les efforts nécessaires pour freiner la course aux armements et l’établissement d’installations militaires étrangères, afin que le monde puisse sentir que l’Organisation travaille sérieusement et sincèrement pour lui épargner les tragédies d’une guerre mondiale destructrice.
À cet égard, nous tenons à souligner, en raison de la situation actuelle dans le monde, que le désarmement ne peut être réalisé que par l’élimination du colonialisme, du racisme, du sionisme et de tous les aspects de l’agression, de l’usurpation, de l’occupation, de la domination et de l’exploitation étrangère.
Il ne peut être réalisé que si tous les peuples comprennent que la sécurité repose sur le droit, la justice et l’égalité, et s’ils sont assurés du respect de leur intégrité territoriale, de leur indépendance et de leur souveraineté, ainsi que de leur droit à l’autodétermination et de choisir le régime qu’ils souhaitent.
Parmi les problèmes majeurs qui restent brûlants et dangereux, il y a le problème des régimes racistes, qui persistent à défier l’opinion publique mondiale et la Charte ainsi que les résolutions des Nations Unies.
Ils continuent de pratiquer le racisme en Afrique australe et en Palestine ainsi que dans les territoires occupés.
Ces régimes poursuivent leur politique expansionniste et agressive, consolidant leur collaboration dans divers domaines, notamment dans la fabrication d’armes nucléaires.
En raison de la faiblesse de la dissuasion internationale, les régions dominées par de tels régimes sont devenues des foyers mettant en danger la paix et la sécurité internationales, et menaçant directement la paix et l’indépendance du continent africain et du monde arabe.
Nous réaffirmons notre soutien total aux mouvements de libération en Afrique du Sud et en Namibie dans leur lutte pour les droits de leurs peuples à l’autodétermination, à l’indépendance et à la souveraineté nationale.
Nous tenons également à souligner notre soutien à la résistance des États africains en première ligne face aux agressions racistes sauvages et aux complots contre les aspirations des peuples d’Afrique australe.
Nous ne pouvons qu’exprimer notre profond regret pour la situation explosive dans plusieurs régions d’Asie, en raison des complots impérialistes et des tentatives de domination de ces régions.
De plus, le problème coréen reste non résolu.
Cela nous pousse à souligner la nécessité du retrait de toutes les troupes étrangères et d’un dialogue entre les deux parties, en application du Communiqué conjoint Nord-Sud signé en 1972, en vue de réunifier pacifiquement et indépendamment le pays sans aucune ingérence étrangère.
La situation à Chypre reste tendue et préoccupante. Nous saluons, à cet égard, les efforts du Secrétaire général, qui a réussi à relancer le processus de négociation entre les deux communautés, dans le but de trouver une solution basée sur les résolutions pertinentes des Nations Unies et dans le cadre du respect de la souveraineté de Chypre, de son indépendance, de son intégrité territoriale, de son unité et de sa non-alignement.
Les Nations Unies, à travers l’Assemblée générale, les conférences et les comités, ont déployé des efforts considérables et bienveillants en vue d’établir un nouvel ordre économique international.
Bien que cinq ans se soient écoulés depuis les fondements d’un tel ordre, les nations industrialisées continuent de placer des obstacles sur la voie de cet ordre, s’accrochant aux avantages que leur offre le système économique, commercial et monétaire actuel, basé sur l’exploitation et loin d’être juste.
En conséquence, les résolutions adoptées par l’Assemblée générale et divers organismes internationaux sont dans une impasse et de tels efforts ont échoué jusqu’à présent.
Cela entraînera inévitablement un élargissement de l’écart entre les pays riches et les pays pauvres et privera les pays en développement des moyens de développement économique et social, en particulier des moyens d’acquérir la technologie moderne nécessaire à un tel développement.
Cela conduira également à intensifier le blocus imposé par certains pays industrialisés développés, en collaboration avec les sociétés transnationales, sur les pays en développement pour les contraindre à vendre leurs matières premières à des prix très bas, tandis que les pays industrialisés développés augmentent les prix de leurs produits industriels d’une manière qui menace l’effondrement des économies des pays en développement.
Nous soulignons la nécessité d’initier un changement fondamental dans la structure actuelle des relations économiques et de mettre en place un nouvel ordre économique international, consolidant ainsi l’indépendance économique des pays en développement, assurant la prospérité et la stabilité des peuples et contribuant au maintien de la paix et de la sécurité internationales.
Dans notre examen de certains des problèmes et des questions internationaux, nous ne pouvons que toucher à la question des droits de l’homme et aux interprétations spécifiques données par certains pays cherchant des prétextes pour intervenir dans les affaires intérieures d’autres pays, principalement les pays du tiers monde.
Nous ne pouvons que mettre en garde contre les dangers de telles tentatives et interprétations, surtout étant donné que leurs auteurs appartiennent à des pays qui ne cessent d’apporter une aide matérielle et morale aux régimes d’oppression, d’agression, d’occupation et de racisme pour leur permettre de persister dans la violation des droits de l’homme et de la dignité de l’homme, voire de son existence même.
Partant de notre foi dans les droits des individus, des groupes et des peuples, grands et petits, nous estimons nécessaire de faire face à cette offensive artificielle visant à détourner l’attention de l’opinion publique mondiale des droits des individus dans tel ou tel pays, plutôt que de se concentrer sur les droits fondamentaux de millions de peuples encore sous le joug du colonialisme, de l’occupation, du sionisme et du racisme, et même privés de leur droit à la vie. Aucun droit de l’homme ne peut être préservé dans des conditions d’exercice de la force, de la coercition et de l’oppression colonialiste et raciste, où l’être humain est privé de sa nation, de sa terre et de son domicile.
Un exemple des plus marquants est fourni par les souffrances des Arabes sous le joug du colonialisme raciste sioniste en Palestine et dans les territoires arabes occupés, ainsi que les souffrances des Africains sous le joug des régimes racistes en Afrique du Sud et en Namibie.
Si la première fonction de l’Organisation est le maintien et la consolidation de la paix et de la sécurité internationales, aborder la situation explosive au Moyen-Orient doit figurer en tête des priorités des Nations Unies.
L’Assemblée est bien consciente de l’importance stratégique de la région du Moyen-Orient et de son impact sur la paix et la sécurité internationales.
Ainsi, traiter la situation dans cette région est fondamental pour le travail de l’Organisation et ses objectifs.
Notre région souffre et est confrontée à des dangers à cause de l’entité sioniste en Palestine, en raison de la nature raciste et agressive de cette entité, et de sa défiance persistante à l’égard des Nations Unies et de la détermination de ces dernières à préserver la paix et la sécurité.
Cela prouve que la situation dangereuse prévalente peut exploser à tout moment.
Cette situation a été encore aggravée par le complot tripartite concocté par l’impérialisme des États-Unis, en collaboration avec Israël et le régime égyptien, à Camp David, conçu pour réaliser les objectifs suivants :
premièrement, affaiblir la nation arabe en embourbant le régime égyptien dans une politique contraire aux intérêts et à l’avenir des Arabes et aux intérêts de la paix et de la sécurité ;
deuxièmement, liquider la cause de la Palestine et saper l’unité nationale du peuple palestinien et ses aspirations à la libération et à l’autodétermination et à établir son État indépendant sur son sol national ;
troisièmement, perpétuer l’agression israélienne en Palestine et dans les territoires arabes occupés et utiliser Israël comme une base mettant en danger et menaçant la sécurité, la paix et l’avenir de la région ;
quatrièmement, étendre l’hégémonie des États-Unis dans la région, notamment l’hégémonie militaire, économique et politique.
Cette tendance se manifeste par la mise en place d’une série de bases militaires américaines dans certains pays de la région.
Il était naturel pour les Arabes de rejeter et de s’opposer à ce complot, car ils refusent la capitulation dans la même mesure qu’ils sont désireux de réaliser la paix basée sur le droit et la justice.
La paix qui n’est pas fondée sur le droit et la justice n’est rien de plus qu’une phase vers une nouvelle guerre.
Le sentiment continu d’oppression et d’injustice est destiné à accroître l’impulsion vers l’élimination des causes de l’oppression et de l’injustice.
La politique de Camp David a réalisé certains des objectifs d’Israël et des États-Unis en isolant l’Égypte et en embourbant le gouvernement égyptien dans une politique contraire à la nation arabe et aux intérêts du peuple arabe d’Égypte, en établissant des bases militaires américaines dans certains pays de la région et en adoptant une décision par le gouvernement israélien d’annexer Jérusalem et de poursuivre la politique des colonies.
Cependant, malgré ces objectifs extrêmement dangereux, qui ont fait de la région un champ de bataille pour un conflit international et régional féroce, la politique de Camp David n’a pas réussi à réaliser l’un de ses principaux objectifs, à savoir de liquider la cause de la Palestine, en raison de son échec à trouver un négociateur palestinien et en raison de l’opposition ferme des Arabes à une telle politique.
Pour cette raison, des tentatives sont faites par certains cercles internationaux ici et là, qui sont directement liés à la politique et à la stratégie des États-Unis.
Ces tentatives visent à trouver une percée pour la politique de Camp David afin de lui permettre de poursuivre son cours sous un autre titre.
Tout en mettant en garde le public mondial des dangers de telles tentatives, nous soulignons qu’elles sont destinées à compliquer et à aggraver encore la situation dans la région.
Nous n’accepterons jamais aucune manœuvre ou conspiration en ce qui concerne notre droit de libérer nos territoires occupés et les droits inaliénables du peuple palestinien, reconnus par les Nations Unies, à savoir le droit au retour, à l’autodétermination et à établir leur propre État indépendant.
L’Assemblée a défini dans de nombreuses résolutions les bases d’une paix juste et durable dans la région.
Ces bases peuvent être résumées comme suit : premièrement, le retrait complet et inconditionnel d’Israël de tous les territoires arabes occupés et deuxièmement, la reconnaissance des droits nationaux inaliénables du peuple palestinien.
L’Assemblée générale a défini la nature et les limites de ces droits.
Cependant, les accords de Camp David ont transformé le processus d’établissement d’une paix juste et durable en obstacles à la réalisation de la paix. Ces obstacles sont :
premièrement, le Traité égypto-israélien, et donc l’alliance égypto-israélo-américaine et les objectifs qu’elle vise à atteindre dans la région ;
deuxièmement, la création de bases militaires américaines, qui révèlent l’intention hégémonique des États-Unis d’Amérique dans la région ;
troisièmement, les décisions et mesures israéliennes relatives à Jérusalem, à la création de colonies et à l’altération des caractéristiques des territoires occupés.
Ces résultats cumulés ont créé un déséquilibre dans la région, immobilisant ainsi le processus de paix et créant une impasse majeure.
Une telle situation exige que tous les peuples épris de paix se tiennent aux côtés des Arabes afin d’éliminer ces obstacles.
C’est la seule voie qui créerait des conditions normales pour l’établissement de la paix dans la région.
Voilà la situation dans notre région. Les dangers s’accroissent jour après jour en raison de la politique continue d’agression d’Israël dans les territoires occupés et contre le Liban frère, qui incluent des raids terrestres, aériens et maritimes qui compromettent la paix et la sécurité du Liban et de toute la région.
Il est devenu urgent pour l’Assemblée générale d’assumer ses responsabilités en imposant des sanctions contre Israël, puisque les États-Unis d’Amérique ont réussi à paralyser le Conseil de sécurité par l’abus du droit de veto.
Ainsi, il est impérieux que la communauté internationale réexamine l’adhésion d’Israël aux Nations Unies, car Israël non seulement rejette systématiquement les résolutions des Nations Unies mais les défie également et persiste dans sa défiance.
Y a-t-il une situation qui mérite davantage l’attention et l’adoption de résolutions sérieuses ?
Nous exhortons l’Assemblée générale à adopter des résolutions imposant des sanctions contre Israël et suspendant son adhésion à l’Organisation internationale, afin de garantir le respect de la Charte et des résolutions des Nations Unies et de souligner l’importance de travailler pour la paix.