ASSEMBLÉE GÉNÉRALE des Nations Unies trentième session 30/09/1975 .. Discours de Khaddam

publisher: United Nations GENERAL ASSEMBLY

Publishing date: 1975-09-30

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M. KHADDAM (République arabe syrienne) (interprétation de l'arabe) :

Monsieur le Président, permettez-moi tout d’abord de vous féliciter pour votre élection en tant que Président de cette session de l’Assemblée générale. Je suis confiant que vous accomplirez votre tâche de la meilleure manière possible, compte tenu de votre expérience, de vos connaissances et de votre grande renommée. Nous vous souhaitons sincèrement du succès.

Il me plaît également de remercier Monsieur Abdul Aziz Bouteflika, le ministre des Affaires étrangères de l’Algérie, pour les efforts qu’il a déployés lors de sa présidence de la vingt-neuvième session, qui ont largement contribué aux résultats significatifs obtenus lors de la session. À lui et à notre sœur l’État de l’Algérie, je transmets mes salutations.

Des événements significatifs se sont produits depuis la dernière session dans le domaine de la lutte des peuples pour la libération et l’indépendance.

Les peuples vietnamiens ont remporté la victoire et ont pu réaliser leur volonté après une guerre féroce pour laquelle ils ont sacrifié des millions de vies.

Les peuples cambodgiens ont également remporté la victoire et ont réalisé leur souhait de choisir le système et la voie qu’ils souhaitaient. La lutte des peuples du Mozambique, du Cap-Vert, de Sao Tomé-et-Principe a été couronnée de succès, et je salue l’admission de ces pays en tant que membres actifs de la communauté internationale et je m’attends à ce qu’ils jouent leur rôle dans le soutien aux forces de la liberté et du progrès. Je dénonce la politique visant à empêcher l’admission des deux parties du Viêt Nam aux Nations unies. Nous considérons que cette admission serait un enrichissement de l’expérience humaine héroïque.

Malgré ces victoires, il y a encore des peuples qui souffrent du joug du colonialisme et qui sont toujours soumis aux formes les plus abominables d’oppression raciale. Je considère comme mon devoir, depuis cette tribune, de saluer la juste lutte menée par le peuple de l’Angola, de la Namibie, de la Rhodésie et de l’Afrique du Sud, ainsi que par les différents mouvements de libération dans le monde, pour leur liberté et pour l’éradication des vestiges des régimes colonialistes raciaux qui exploitent encore leurs terres et leurs ressources. Je déclare également notre plein soutien à la juste lutte du peuple coréen pour réaliser son unité nationale.

À Chypre, cette île voisine qui a été le théâtre d’événements sanglants, nous demandons la mise en œuvre des résolutions pertinentes des Nations unies et la sauvegarde de son unité et de son intégrité territoriale. Nous observons avec une grande préoccupation les tentatives impérialistes et les manœuvres visant à transformer l’île en une base de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN).

Puisque je parle encore du droit des peuples à l’autodétermination, je trouve impératif de faire référence au Sahara occidental, qui fait partie du sol arabe, dont le destin concerne toute la nation arabe, et qui est toujours occupé par les troupes espagnoles. J’en appelle au gouvernement espagnol ami pour qu’il accélère son évacuation de ce territoire arabe. Je déclare mon soutien aux efforts déployés par le gouvernement marocain pour résoudre le différend concernant l’avenir du Sahara conformément à la Charte des Nations unies et aux décisions de la Conférence des chefs d’État ou de gouvernement arabes, tenue à Rabat en octobre 1974.

La politique de détente internationale a réalisé une avancée significative positive lorsqu’elle a réussi à convoquer, à Helsinki, la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe, qui a établi des principes à adopter par les membres participants pour renforcer les perspectives de paix en Europe. Tout en soutenant et en saluant cette étape importante, puis-je demander quelles sont les chances de paix lorsque la région voisine, à savoir le Moyen-Orient, est un foyer de tension enflammé ? Puis-je également rappeler à l’Assemblée l’emplacement stratégique de cette région et son profond impact sur la sécurité européenne ?

La guerre de libération d’octobre 1973 a été une forte preuve de ce lien. Toute discussion sur la détente internationale et la sécurité européenne restera vaine tant que les causes de tension ne seront pas éliminées. Une telle élimination ne peut être réalisée que par l’évacuation par les forces sionistes de tous les territoires occupés et par la réalisation des droits légitimes du peuple palestinien, y compris le droit au retour et à l’autodétermination. Je reviendrai sur ce sujet plus tard.

La crise économique suffocante subie par l’économie capitaliste mondiale et son impact sur le commerce international et le système monétaire mondial se sont reflétés dans les économies des pays du tiers monde, comme si ces pays devaient toujours payer pour les erreurs des autres.

Il est grand temps que l’Organisation internationale aborde sérieusement ces problèmes. La paix souhaitée dans la Charte des Nations unies ne peut être assurée tant qu’il y aura des pays riches et des pays pauvres, des pays dominateurs et des pays exploités ; tant que l’écart entre les pays riches et les pays pauvres ne sera pas réduit ; et tant que les pays exploités ne seront pas autorisés à recouvrer tous leurs droits et leur souveraineté sur leurs richesses et leurs ressources.

Pour propager la justice internationale que nous recherchons tous, il est essentiel d’établir un nouvel ordre économique mondial qui permettrait d’améliorer le mécanisme des échanges commerciaux en vigueur et de permettre aux pays en développement de vendre leurs matières premières à des prix rémunérateurs et stables proportionnés aux prix pratiqués par les pays avancés lorsqu’ils réexportent ces matériaux sous forme de biens manufacturés. Un tel ordre aiderait les plans de développement des pays en développement. Un autre moyen qui aiderait ces pays économiquement et socialement serait que les pays avancés fournissent aux pays en développement une assistance financière et technologique, tout en les laissant libres de choisir la voie qu’ils souhaitent suivre pour leur développement.

À cet égard, nous soutenons les résolutions adoptées par l’Assemblée générale lors de ses sixième et septième sessions extraordinaires, ainsi que celles adoptées par la Conférence des non-alignés à Lima. Nous soulignons en particulier le Programme d’action adopté par l’Assemblée lors de sa sixième session extraordinaire [résolution 3202 (S-VI)], qui a été réaffirmé par la septième session extraordinaire et la Charte des droits et devoirs économiques des États [résolution 3281 (XXIX)], et nous demandons la mise en œuvre de leurs dispositions.

Je trouve impératif de mentionner le fait que toute conférence économique internationale dont l’ordre du jour se limite à discuter de la crise énergétique et ne s’étend pas à discuter de toutes les matières premières, comme le prévoient les résolutions de la Conférence des Nations en Développement pour les Matières Premières tenue à Dakar en février 1975, est vouée à l’échec, tout comme l’a été le sort de la tentative entreprise au printemps dernier.

Un autre sujet qui nécessite une solution rapide est la réforme de l’ordre monétaire international actuel qui a été ébranlé en raison de l’inflation et de la récession dans les pays industrialisés ces dernières années, une situation qui a provoqué d’importantes fluctuations dans les taux de change des principales devises et la flottaison de la plupart d’entre elles. Cela a eu un effet néfaste sur le commerce mondial, en particulier sur les économies des pays en développement, et cet ordre est devenu incapable de gérer les paiements internationaux de manière stable et équitable.

Les changements majeurs qui ont eu lieu dans l’équilibre des pouvoirs dans le monde au cours des dix dernières années et la libération de nombreux pays en développement et leur émergence sur la scène internationale rendent nécessaire la réévaluation de cet ordre, afin que les pays en développement reçoivent le statut qu’ils méritent au sein des établissements monétaires et économiques internationaux. Toute réforme de l’ordre monétaire international doit prendre en considération la stabilisation des principales devises du système de paiement international afin de sécuriser des sources stables de telles devises pour les pays en développement qui exportent des matières premières.

Les effets explosifs de la situation tendue au Moyen-Orient ne peuvent pas se limiter à cette région seule. La situation menace plutôt la paix mondiale dans son ensemble, pour les raisons suivantes :

Premièrement, la région du Moyen-Orient occupe une position stratégique. Elle est au carrefour de trois continents et est située sur deux océans et trois mers à travers lesquels passent les routes de communication internationales les plus vitales.

Deuxièmement, il y a l’entrelacement des intérêts internationaux dans cette région.

Nous nous souvenons tous comment la guerre d’octobre 1973 a placé les superpuissances au bord d’une guerre nucléaire dévastatrice.

Troisièmement, il y a la signification économique de cette région en raison des énormes quantités de pétrole qui y sont stockées. Nous nous souvenons tous des grandes crises subies par l’économie mondiale à cause de la guerre d’octobre.

Étant donné que l’un des principaux objectifs de la Charte est de traiter de tout ce qui compromet la paix et la sécurité mondiales, la situation tendue au Moyen-Orient occupe une place prépondérante parmi les problèmes à résoudre.

Il est grand temps pour la communauté internationale de mettre fin aux actes d’Israël basés sur la domination, l’expansion et le défi à la Charte des Nations Unies et au non-respect des résolutions des Nations Unies.

Lorsque Balfour a fait sa déclaration en 1917 promettant aux Juifs une patrie nationale, les Juifs alors résidant en Palestine ne possédaient pas plus de 2,5 % de la superficie totale de la Palestine. La résolution de partition adoptée en novembre 1947 [résolution 181 (II)] leur a accordé 56 % de cette superficie. Ils dominent actuellement tout le sol palestinien.

Les Juifs résidant en Palestine en 1918 ne dépassaient pas 56 000 personnes, soit 8 % de la population totale. En raison de l’immigration organisée et encouragée par le sionisme mondial et le gouvernement du mandat, ce nombre a augmenté à 31 % en 1947. La population d’Israël aujourd’hui est d’environ 2,5 millions de personnes, tandis que l’immigration vers Israël se poursuit encore.

Compte tenu de l’augmentation de la population et de la petite superficie des terres, Israël a commis les pires et les plus odieux crimes contre les habitants arabes en les forcant à quitter leurs terres et leurs propriétés.

En conséquence, le plus grand exode connu dans l’histoire a eu lieu : un peuple entier a été chassé de force de sa patrie et remplacé par d’autres personnes.

Je mentionne ces faits pour prouver qu’ils sont une continuation du passé et mettre en évidence la nature expansionniste et agressive d’Israël, qui n’a pas changé mais qui a plutôt été renforcée. La détermination d’Israël à maintenir son emprise sur les territoires arabes occupés à la suite de la guerre de 1967 est une preuve de ce que je dis.

L’histoire d’Israël est une série de défis et de défiance à l’égard de la Charte des Nations Unies et de mépris pour ses résolutions, commençant par la résolution 181 (II) et les résolutions relatives au retour et à l’indemnisation des réfugiés jusqu’à celles concernant Jérusalem, la protection des Lieux Saints et l’interdiction de tout changement dans les sites archéologiques des territoires occupés.

Israël a récemment entrepris des démarches pour modifier l’avenir de la Mosquée Al-Ibrahimi dans la ville d’Al-Khalil et l’a divisée en deux parties, s’appropriant ainsi la plus grande partie, prouvant ainsi une fois de plus son mépris des valeurs spirituelles et humaines.

Je ne suis pas ici pour énumérer les résolutions violées ou ignorées par Israël ; ce sont des faits dont tous les représentants sont conscients et que notre peuple observe chaque jour.

Une autre question, tout aussi dangereuse que la précédente, est la violation par Israël des droits de l’homme. Israël exerce le pire type d’oppression et de discrimination raciale contre les habitants arabes résidant en Palestine. De telles pratiques dépassent de loin celles poursuivies par le nazisme pour éliminer ses opposants.

Cette politique, profondément ancrée dans l’âme des dirigeants israéliens, est même appliquée contre les Juifs orientaux résidant en Israël.

Tout au long de l’histoire des Nations Unies, aucun État n’a bafoué la Charte des Nations Unies et les résolutions comme l’a fait Israël. Jusqu’à quand ce silence peut-il être maintenu ? Ce silence envers Israël ne constitue-t-il pas un précédent dangereux qui encouragera d’autres États à en faire autant ? Quelle serait la situation dans un tel cas et quel serait le sort des Nations Unies et de la paix mondiale ?

Le cas d’Israël est différent de celui des autres membres de cette Organisation. L’admission d’Israël aux Nations Unies, sur la base de la résolution de l’Assemblée générale 273 (III) du 11 mai 1949, était liée à deux conditions : premièrement, l’engagement d’honorer les obligations de la Charte des Nations Unies à partir du jour où il est devenu membre des Nations Unies ; et deuxièmement, la mise en œuvre de la résolution 181 (II) du 29 novembre 1947 et de la résolution 194 (III) du 11 décembre 1948, concernant la nécessité de permettre aux réfugiés palestiniens de retourner chez eux.

Le ministre israélien des Affaires étrangères de l’époque a solennellement promis d’accepter ces deux conditions.

Mais, inutile de dire qu’Israël n’en a rempli aucune. L’engagement d’honorer les obligations de la Charte était un engagement fallacieux.

Les résolutions sur le retour des réfugiés sont restées lettre morte, bien que les Nations Unies les aient réaffirmées chaque année depuis 1950 : Il en va de même pour la résolution 181 (II). Israël occupe des zones équivalant à quatre fois la superficie qui lui a été accordée en vertu de cette résolution.

Israël, qui a été admis aux Nations Unies par la résolution 273 (III) et sous les deux conditions que j’ai mentionnées, ne mérite pas d’être membre de la communauté internationale. Il viole constamment la Charte des Nations Unies et les résolutions des Nations Unies, par conséquent, la résolution conditionnelle approuvant l’adhésion d’Israël doit, après plus d’un quart de siècle d’expérience, être réexaminée à la lumière du non-respect par Israël des obligations de ladite résolution.

En 1967, Israël a perpétré une nouvelle agression et occupé des territoires appartenant à trois États, y compris le plateau du Golan. Il refuse de se retirer du plateau sous prétexte de son besoin de « frontières sécurisées ». Il est très étrange de parler de frontières sécurisées à l’ère des missiles et des armes sophistiquées. Ces « frontières sécurisées » ont-elles empêché les armées égyptienne et syrienne de pénétrer dans les territoires arabes occupés lors de la guerre d’octobre ? De quel côté le besoin de frontières sécurisées est-il plus pressant ? Est-ce Israël, dont l’histoire regorge d’agressions, ou les Arabes, qui ont toujours été les victimes de l’agression ? Que deviendrait la carte politique du monde et quel serait le destin de la paix mondiale si chaque État avançait le prétexte de frontières sécurisées pour commettre des agressions contre ses voisins et acquérir des gains territoriaux ?

Le slogan de frontières sécurisées brandi par Israël est en réalité un slogan derrière lequel il cache ses intentions expansionnistes afin de conserver les territoires arabes occupés.

Nous avons essayé à de nombreuses reprises, par le biais des Nations Unies, de contraindre Israël à se retirer de ces territoires. Nous avons déployé des efforts considérables pour la mise en œuvre des résolutions des Nations Unies, notamment celles concernant Jérusalem et la garantie des droits nationaux du peuple palestinien. La majorité de l’opinion publique mondiale était de notre côté, en soutien à notre juste lutte. Cependant, tous ces efforts ont été vains. Israël a persisté dans son intransigeance et sa détermination et continue de poursuivre sa politique agressive et expansionniste, en construisant des colonies et en chassant les Palestiniens pour les exterminer.

Face à tout cela, nous n’avions qu’un seul recours : la guerre d’octobre, que nous avons menée avec volonté, honneur et courage. Nous étions déterminés à ne pas nous arrêter tant que nous n’aurions pas réalisé l’objectif de libérer nos territoires et de garantir les droits légitimes du peuple palestinien. Certaines circonstances ont émergé pendant la guerre qui ont conduit à l’adoption de la résolution 338 (1973) du Conseil de sécurité. Notre pays l’a acceptée dans un télégramme que j’ai envoyé au Secrétaire général, dans lequel j’ai déclaré que notre compréhension de la résolution était basée sur les deux principes suivants : premièrement, le retrait complet d’Israël de tous les territoires arabes occupés depuis juin 1967 ; et deuxièmement, la reconnaissance des droits nationaux du peuple palestinien.

Beaucoup pensaient que les Israéliens avaient tiré les leçons de la guerre d’octobre. Cependant, les faits démentent cette croyance. Les Israéliens ont une fois de plus commencé à parler de la même manière et à utiliser le même langage qu’avant la guerre d’octobre. Ils réaffirment leur refus de se retirer de tous les territoires arabes occupés, notamment le plateau du Golan, que les déclarations et les déclarations israéliennes considèrent comme faisant « partie d’Israël ». Les Israéliens sont inflexibles, refusant de reconnaître le peuple palestinien, ignorant ainsi non seulement l’existence de ce peuple, mais aussi la volonté internationale qui reconnaît leur existence, comme le manifeste la résolution 3236 (XXIX) de l’Assemblée générale.

Je trouve important de souligner que les Arabes qui ont refusé d’accepter les conséquences de la guerre de 1967 refusent aujourd’hui de perdre ce qu’ils ont réalisé en 1973. Ils sont plus déterminés que jamais à sauvegarder et défendre leurs droits, en comptant sur le soutien et le backing de l’Organisation. Ainsi, il ne s’agirait pas seulement de sauvegarder les droits arabes, mais aussi la Charte, ses principes et les principes de liberté et de dignité.

Nous ne sommes pas des va-t-en-guerre; au contraire, nous œuvrons pour la paix, la paix que nous voulons est celle qui garantira une solution globale pour notre cause sur la base des résolutions des Nations unies. Notre point de vue découle du fait que toute tentative qui ne traite pas du cœur du problème – c’est-à-dire le peuple de Palestine et son expulsion de sa patrie – est vouée à l’échec et serait, de toute façon, rien de plus qu’une trêve temporaire.

C’est avec cette compréhension que nous avons signé l’accord de désengagement concernant le plateau du Golan. Nous avons tenu à mentionner explicitement dans l’accord que celui-ci n’est qu’une étape vers la mise en œuvre de la résolution 338 (1973) du Conseil de sécurité.

Nous n’avons jamais cru en la solidité des démarches partielles ou de la « politique du pas à pas », comme la désignent ses initiateurs, car une telle politique ignore l’unité de notre cause et représente la situation comme un différend frontalier entre Israël et l’Égypte, ou entre Israël et la République arabe syrienne, ou entre Israël et la Jordanie, alors que la situation est en fait entre les Arabes dans leur ensemble et Israël, pour une cause indivisible, à savoir la restauration des droits nationaux du peuple de Palestine et la récupération de tous les territoires arabes occupés.

C’est pour cette raison que ces démarches sont pleines de dangers et nous éloignent de la paix plutôt que de nous en rapprocher. Elles donnent l’impression que la paix dans la région est à portée de main, alors qu’en réalité, l’impasse et le calme qui prévalent portent en eux les germes d’une nouvelle explosion. La paix que nous nous efforçons d’atteindre avec l’aide de cette Organisation et avec le soutien de tous les peuples est cette paix juste qui nous rend tous nos territoires occupés et rend aux Palestiniens leurs droits nationaux. Nous rejetons toute tentative d’imposer des règlements qui portent atteinte aux droits de notre peuple. Par conséquent, nous considérons l’accord récemment signé entre l’Égypte et Israël comme nous éloignant davantage de la voie de la paix. De plus, considérer cet accord comme une avancée implique une tentative de tromperie ou signifie que les éléments de paix dans la région ne sont pas pleinement compris.

Je juge nécessaire de déclarer depuis cette tribune que les tentatives de nous placer devant l’alternative consistant à accepter soit la continuation de l’impasse – qui finirait par conduire à la guerre – soit l’acceptation d’accords partiels et individuels conclus au détriment des droits et intérêts de notre peuple sont vouées à l’échec et ne nous détourneront ni ne nous empêcheront de chercher les moyens conduisant à une paix réelle, juste et durable. Quelles que soient les circonstances, nous ne tomberons pas dans le piège de l’accord du Sinaï récemment conclu. Cet accord n’est qu’une de ces tentatives de tromperie. C’est un moyen de forcer notre peuple à se soumettre à la volonté de l’agresseur. Cet accord a donné à l’agresseur tout ce qu’il voulait, tandis qu’il n’a donné à la victime de l’agression rien de plus qu’un sentiment d’amertume et d’injustice, avec tous les dangers inhérents à l’accumulation de tels sentiments – dangers qui conduiraient inévitablement à la rupture de tous les pactes et accords, mettant ainsi la région au bord d’une nouvelle guerre. Le monde réalisera alors que cet accord n’était pas un pas vers la paix, mais plutôt une trêve temporaire dans une situation qui menace toute la région d’explosion.

La recherche d’une paix juste et durable au Moyen-Orient doit se faire en dehors du cadre trompeur des accords du Sinaï et des engagements qui en découlent, pris par ses parrains pour fournir à Israël les armes les plus destructrices. Comment nos peuples peuvent-ils croire que l’accord rapprochera la paix alors qu’une partie de celui-ci est conçue pour fournir à Israël des missiles qui mettent à portée les capitales et les villes des pays arabes entourant le centre des agressions ? Comment pouvons-nous être convaincus que cet accord est un pas vers la paix alors qu’Israël reçoit en échange, par chantage, des milliards de dollars des États-Unis ?

Quel genre de paix un tel accord peut-il apporter, puisqu’il a été conclu en dehors du cadre des Nations unies ? Comment cet accord peut-il être un pas vers la paix alors qu’Israël occupe toujours notre sol national, et qu’il y a une partie qui renforce ses forces offensives afin de devenir la plus puissante force de frappe de la région et ainsi mener sa politique expansionniste et agressive ? Comment pouvons-nous considérer cet accord comme un pas vers la paix alors qu’il a ouvert la voie à une présence des États-Unis dans la région et qu’il a fait des États-Unis une partie principale au conflit, avec tous les dangers implicites d’une telle présence – des dangers qui menacent l’avenir de notre peuple, qui se souvient clairement comment les États-Unis sont devenus impliqués au Viet Nam ?

Nous sommes contre cet accord parce qu’il va à l’encontre de la volonté de nos peuples.

L’accord est une tentative pour miner la solidarité de notre peuple, compromettre son unité et l’isoler en prélude à l’abolition de tous les acquis obtenus lors de la guerre d’octobre pour la libération.

Nous sommes contre cet accord car il permet à l’agresseur de persister dans sa politique expansionniste et agressive et lui assure la sécurité dans le Sinaï afin qu’il puisse exercer tout son poids et pratiquer ses actes terroristes contre les autres fronts arabes.

Nous sommes contre cet accord car il ignore les droits légitimes des peuples de Palestine à l’autodétermination et à l’établissement de leur entité nationale sur leur terre natale.

Nous sommes contre cet accord car il a été conclu en dehors du cadre des Nations unies. Nous sommes contre cet accord car il renforce l’arrogance d’Israël et son intransigeance à ne pas respecter les résolutions des Nations unies, et surtout parce qu’il a été conclu contre la volonté de nos peuples arabes.

Nous entendons récemment des discussions sur d’éventuelles négociations concernant les territoires syriens occupés. Je déclare depuis cette tribune que toute discussion sur ce sujet dans le cadre de la politique du « pas à pas » n’est pas fondée sur une base pratique et réaliste. La raison en est que les territoires syriens occupés font partie d’une seule cause, à savoir la cause de la Palestine et des territoires arabes occupés. Nous refusons d’être entraînés dans la politique de division de la cause. Nous voulons une paix juste et durable. Cependant, une telle paix ne peut être réalisée que dans le cadre des deux principes suivants : premièrement, le retrait inconditionnel d’Israël de tous les territoires arabes occupés lors de l’agression de juin 1967 ; et deuxièmement, l’engagement d’Israël à mettre en œuvre les résolutions pertinentes des Nations unies concernant la cause palestinienne, notamment les résolutions de l’Assemblée générale 3236 (XXIX) et 3237 (XXIX).

Toute discussion sur la paix dans un autre sens n’est rien d’autre qu’une tentative de tromper l’opinion publique mondiale et de tromper la communauté internationale. En parlant de l’accord du Sinaï, je tiens à rappeler le sort des accords sur l’Indochine, notamment l’accord de Paris sur le Vietnam. Les peuples du monde ne peuvent pas permettre à l’agresseur, quelles que soient les forces matérielles qu’il possède, de persister à imposer sa volonté.

La paix dépend du désir ardent des États membres de voir que les résolutions qu’ils ont adoptées sont pleinement mises en œuvre.

Il est de leur devoir de nous apporter leur soutien et leur appui, et ainsi de renforcer le prestige des Nations unies dans l’intérêt d’une telle paix.

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