Khaddam, le tsunami syrien

publisher: UPI

AUTHOR: CLAUDE SALHANI

Publishing date: 2005-12-31

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Une interview accordée vendredi à une télévision arabe par l'ancien vice-président syrien Abdel Halim Khaddam, insinuant que la Syrie a joué un rôle dans l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais Rafik Hariri, pourrait offrir la preuve irréfutable que l'enquêteur des Nations Unies Detlev Mehlis recherche.

La révélation de Khaddam au journal al-Arabia, basé à Dubaï, a été l'équivalent d'une bombe qui a explosé à Damas. C’était la rupture que le gouvernement syrien redoutait depuis longtemps. C’était la pause que la communauté internationale espérait depuis longtemps. Et c’est la rupture saluée par l’opposition syrienne.

L'entretien de Khaddam pourrait entraîner une pression accrue sur le gouvernement du président Bashar Assad. Khaddam a déclaré qu'Assad avait menacé Rafik Hariri, l'ancien Premier ministre libanais assassiné le 14 février.

« Le témoignage de Khaddam à ce moment critique de l'histoire syrienne a en effet provoqué une onde de choc dans le paysage politique du pays et entraîné de graves conséquences », a déclaré l'écrivain de l'opposition syrienne Akram Al-Beni à IslamOnline.net.

Depuis qu'il a démissionné de son poste de vice-président en juin 2005, Khaddam s'est installé à Paris. S'exprimant depuis la capitale française, Khaddam a déclaré vendredi à la chaîne d'information al-Arabiya que le président syrien Bashar Al-Assad avait menacé Hariri quelques mois seulement avant son assassinat.

L'ancien vice-président et diplomate syrien de longue date a déclaré que les services de renseignement syriens n'auraient pas pu mener une telle opération sans qu'Assad en soit informé. Khaddam a également accusé le président libanais Emile Lahoud et d'autres responsables libanais d'avoir « incité » Assad à s'en prendre à Hariri.

Khaddam, qui a assisté aux funérailles de Hariri à Beyrouth, semblait visiblement secoué à ce moment-là.
L'assassinat de Hariri a déclenché une réaction en chaîne au Liban alors que des centaines de milliers de Libanais sont descendus dans la rue pour protester, exigeant que la Syrie retire ses forces et ses unités de renseignement du Liban. La pression internationale de Washington et de Paris, co-auteurs de la résolution 1559 du Conseil de sécurité des Nations Unies, a contraint Damas à s’y conformer. À contrecœur, la Syrie s’est retirée du Liban après 29 ans de présence militaire.

Certains analystes prédisent que la dénonciation du gouvernement d’Assad par Khaddam accélérera l’effondrement du régime en Syrie.

Ali Sadrudin Al-Bayouni, chef des Frères musulmans en Syrie, a reconnu que la position de Khaddam pourrait forcer un changement de régime en Syrie et en faire un pays démocratique. "Le témoignage de Khaddam brisera le monopole du pouvoir en Syrie", a-t-il déclaré.

Le journal libanais Al-Mostakbal a cité samedi les propos du leader druze de l'opposition libanaise, Walid Joumblatt, qui a déclaré : "Ce témoignage donne effectivement du crédit à l'enquête de l'ONU sur le meurtre effroyable de Hariri".

Khaddam a cependant refusé de spéculer sur qui aurait pu ordonner le meurtre de Hariri. "Nous devons attendre" les résultats définitifs d'une enquête de l'ONU qui a déjà impliqué de hauts responsables syriens", a déclaré l'ancien vice-président syrien.

Khaddam, pour sa part, a accusé le régime d'Assad de corruption, affirmant que les dirigeants syriens avaient commis de nombreuses erreurs et que le major Rustom Ghazali, responsable des renseignements syriens, "avait réprimandé l'ancien Premier ministre libanais Rafik Hariri".

Khaddam s'était installé à Paris après avoir démissionné en juin dernier. United Press International avait appris il y a quelques semaines que le gouvernement syrien avait gelé les avoirs de l'ancien vice-président à Damas.

La Syrie a toujours nié toute implication dans l'assassinat de Hariri, mais, se conformant aux pressions internationales, elle a retiré ses troupes du Liban en avril après 29 ans de présence militaire.

Des sources de l'opposition syrienne à Washington pensent que Khaddam aurait déjà témoigné devant le comité de l'ONU chargé d'enquêter sur le meurtre de Hariri.
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