La crise au Liban et dans le monde arabe face à l’assassinat politique
Le climat de paix se renforce dans la région, mais les opposants restent en place
Quel impact pourrait avoir la tentative d’assassinat contre Abdel Halim Khaddam sur l’évolution de la crise libanaise vers sa résolution finale, et quelle influence pourrait-elle avoir sur les solutions proposées pour la crise régionale ?
Un homme politique libanais responsable a prédit hier que l’incident aurait des répercussions tant sur le plan sécuritaire que gouvernemental. Il a noté que des développements militaires sont inévitables après la tentative, rappelant, par leur nature, les événements survenus dans certaines régions libanaises à la suite de l’incident de l’hôtel Samiramis. Une confrontation, si elle se produit avec certaines parties, pourrait retarder la formation du gouvernement ou, tout au moins, conduire à une réévaluation du cadre actuel de celui-ci.
Cependant, les proches du palais présidentiel restent convaincus que le président Sarkis est déterminé à former un gouvernement qui lancera le programme de reconstruction et abordera les questions administratives urgentes que le gouvernement Karami a perturbées en raison de ses contradictions croissantes jour après jour.
Ces sources ajoutent que les consultations préliminaires sur cette question ont fait des progrès significatifs, d’une part avec le Rassemblement islamique et, d’autre part, avec le Front libanais, et qu’elles ont indirectement inclus M. Kamal Jumblatt.
Cependant, ces consultations ne sont pas encore suffisantes et pourraient nécessiter un certain temps pour aboutir à un accord sur une formule acceptable pour toutes les parties.
Climat de paix
Le climat régional est marqué par une urgence à établir la paix, malgré la présence persistante d’opposants sur la scène. De nombreux indicateurs témoignent de ce climat, notamment les déclarations faites hier par Yitzhak Rabin concernant les « concessions géographiques significatives » qu’Israël pourrait offrir dans le cadre d’un règlement. Il a également affirmé que la paix n’est plus loin et qu’elle est plus proche que ce qu’ils avaient anticipé. De plus, il a parlé de manière optimiste d’un marché économique au Moyen-Orient.
D’autres indicateurs incluent les remarques du ministre égyptien des Affaires étrangères Ismail Fahmy sur la nécessité pour Israël d’accepter un État palestinien, la visite du colonel Mouammar Kadhafi à Moscou, qui devrait aboutir à une plus grande flexibilité dans la position libyenne, le renouvellement des forces de l’ONU sur le plateau du Golan, et le vote du Conseil de sécurité de l’ONU pour entamer des négociations de paix à Genève, suite au vote de l’Assemblée générale sur le projet d’État palestinien.
Tentative de Gel
Personne ne parle actuellement de guerre au Moyen-Orient, et les observateurs considèrent les actions d’Israël à la frontière libanaise comme une tentative de geler l’Accord du Caire, rien de plus et rien de moins. Ils sont convaincus que la deuxième ronde de Genève n’est plus très loin et que la récupération du plateau du Golan apporte une assurance supplémentaire à la sécurité du Liban.
S’il y a une signification directe à la tentative d’assassinat contre le ministre Khaddam, elle ne suggère pas de désaccords internes en Syrie découlant de deux visions incompatibles de la stratégie actuelle du pays. Le ministre Khaddam n’est pas visé en raison de son appartenance sectaire ou politique, et toute attaque contre lui ne changera certainement pas le cours politique de la Syrie à ce stade.
De plus, le consensus arabe qui a émergé de la Conférence de Riyad et qui s’est cristallisé au Sommet du Caire est une autre confirmation que le train arabe se dirige vers les négociations de Genève, et les mouvements diplomatiques de la Syrie s’alignent sur cette direction, tant dans leurs motivations que dans leurs objectifs durant cette phase.
Considérations Clés
Quoi qu’il en soit, le dialogue rationnel—dépourvu des bruits de tirs—entre le Liban, la Palestine, le monde arabe et la communauté internationale a effectivement commencé. Un certain temps devra passer avant qu’il ne porte ses fruits. La situation libanaise pourrait être considérée comme étant en phase de convalescence sécuritaire, et il est essentiel de consolider cette étape avant que le peuple libanais puisse retrouver une normalité tant sur le plan psychologique que matériel.
Les sources diplomatiques arabes s’attendent à de nouvelles surprises similaires à la tentative d’assassinat contre le ministre Khaddam, mais ces surprises ne modifieront pas significativement le cours des solutions, car elles ne sont que des actions tactiques incapables de perturber une stratégie globale.
Quant à l’importance de cette tentative sur la scène libanaise, notamment à ce stade, elle peut être attribuée, selon les milieux libanais, à plusieurs considérations clés, dont les plus notables sont trois :
La première considération est que le ministre Abdel Halim Khaddam, tout au long des mois d’épreuve sévère du Liban et en l’absence d’un ministère libanais des Affaires étrangères, a agi comme ministre des Affaires étrangères à la fois pour la Syrie et le Liban. Il a défendu les droits du peuple libanais dans les forums arabes et internationaux avec le même enthousiasme qu’il a mené la diplomatie dynamique de la Syrie.
La deuxième considération est que le ministre Khaddam fait partie des quatre ou cinq dirigeants qui, aux côtés du président syrien Hafez al-Assad, participent à la formulation des politiques générales de la Syrie et à la prise de décisions finales à leur sujet.
La troisième considération est que le ministre Khaddam a été étroitement impliqué dans la crise libanaise depuis ses débuts, d’abord comme médiateur politique, puis lors de l’intervention militaire syrienne, et enfin pendant la phase de résolution. Sa récente déclaration sur la décision de collecter les armes lourdes des Libanais et des Palestiniens incarne clairement l’esprit des Conférences de Riyad et du Caire, qui ont ramené le calme au Liban.
Il est tout à fait naturel que la sécurité libanaise soit plus liée à la sécurité syrienne à ce stade que jamais auparavant, et que l’impact politique et psychologique de l’incident à Beyrouth résonne autant à Damas.