La question frontalière entre le Yémen et l’Arabie saoudite a émergé lorsque l’Imam Yahya Hamid al-Din du Yémen a tenté de saisir l’émirat d’Asir, le considérant historiquement affilié à la succession Sulaimani, historiquement liée à la règle de Sanaa. Cela s’est produit à un moment où il y avait un accord entre l’émir d’Asir, l’Imam Hassan bin Ali Al-Idrisi, et le roi saoudien pour placer l’émirat sous la protection saoudienne en 1926, connu sous le nom d’Accord de La Mecque. Cependant, le prince roi Faisal bin Abdulaziz s’y est opposé, entraînant une guerre entre les deux parties. Les Saoudiens en sont sortis victorieux, reprenant Najran et les hauteurs d’Asir et pénétrant les territoires yéménites.
Des négociations entre les deux parties ont abouti à la signature de l’Accord de Taëf en 1924, délimitant les frontières entre les deux pays en vingt-trois articles. Le quatrième article spécifiait les limites du milieu de la mer Rouge et les frontières entre Yama bin Zaid et Ayli jusqu’à Yama, avec tout ce qui restait à gauche de cette ligne appartenant à l’Arabie saoudite et tout à sa droite appartenant au Yémen. Le deuxième article reconnaissait la reconnaissance mutuelle et claire de l’indépendance des deux parties, renonçant à toute revendication de modification de ces frontières.
Évolutions récentes dans la question frontalière :
Phase un : Après l’unité yéménite et la sympathie du leadership yéménite envers Saddam Hussein pendant la guerre du Golfe, la possibilité de découvrir du pétrole dans les zones contestées a intensifié la question frontalière. Des pourparlers ont commencé en septembre 1992 entre un comité bilatéral d’experts après des consultations bilatérales à Genève en juillet 1992. Sept réunions ont eu lieu alternativement entre Riyad et Sanaa. Cependant, une réunion du comité d’experts prévue pour avril 1994 à Riyad a été reportée en raison de la guerre civile yéménite.
Il est à noter que le conflit frontalier tourne autour d’interprétations différentes de la nature contraignante du Traité de Taëf de 1934. Au cours des sept rounds de réunions du comité d’experts, la vision yéménite proposait une redélimitation complète des frontières. On s’attendait à ce que les négociations soient longues, nécessitant un accord pour garantir les droits des deux pays dans la région frontalière contestée.
La vision saoudienne comprenait deux aspects. Premièrement, la nature contraignante du Traité de Taëf, en particulier dans la section spécifiant les engagements, et le travail pour renouveler les repères placés sur cette ligne qui s’étaient estompés avec le temps. Deuxièmement, examiner les signes ou délimiter les repères frontières restants de Jabal Athor jusqu’à l’intersection des frontières yéméno-omanaises-saoudiennes, en plus de déterminer les frontières maritimes.
Phase deux : Cette étape a impliqué chaque partie accusant l’autre de violations frontalières, franchissant les frontières convenues dans l’Accord de Taëf, et menant des négociations pour parvenir à un règlement. Les pourparlers prévus entre les deux parties ont été reportés en raison d’incidents frontaliers, incitant à une médiation arabe. Le président syrien Hafez al-Assad a envoyé son adjoint Abdel-Halim Khaddam et le ministre des Affaires étrangères Farouk al-Sharaa pour des pourparlers avec des responsables en Arabie saoudite et au Yémen, conduisant à des discussions avec les parties saoudienne et yéménite. Le président Assad a également contacté le roi Fahd et le président Ali Abdullah Saleh.
D’autre part, le président Moubarak a rencontré le président yéménite à l’aéroport du Caire et a eu des discussions avec le roi Fahd et le président syrien. Ces communications, facilitées par la Syrie et l’Égypte, ont abouti à une déclaration conjointe saoudo-yéménite. La déclaration soulignait l’accord pour revenir aux conditions antérieures, s’abstenir de recourir à l’utilisation de la force et exprimait l’intention de reprendre les pourparlers bilatéraux pour résoudre les questions frontalières en suspens. Les deux nations étaient déterminées à créer une atmosphère propice à la réussite des négociations bilatérales et à rétablir leurs relations dans la normalité avec un esprit de compréhension, de fraternité, de bon voisinage, assurant la sécurité régionale et la stabilité par le biais de négociations bilatérales.
Une délégation yéménite dirigée par le cheikh Abdullah bin Hussein al-Ahmar, président du Parlement, accompagné d’Abdulkader Bajammal, vice-Premier ministre et ministre de la Planification, et Abdo Ali Abdul Rahman, vice-ministre des Affaires étrangères, s’est rendue en Arabie saoudite pour des pourparlers avec la partie saoudienne.
La délégation saoudienne, dirigée par le prince Saud al-Faisal, le ministre des Affaires étrangères, comprenait Abdulaziz al-Khwaiter, le ministre de la Connaissance, et Ali bin Muslim, conseiller à la Cour royale. Le cheikh al-Ahmar a confirmé le soutien saoudien et la levée des tensions, notant l’absence de renforcement militaire des deux côtés de la frontière après le retrait des forces avant l’incident frontalier récent. Plusieurs réunions ont eu lieu entre les deux délégations, échangeant des documents de travail.
Une source yéménite a expliqué qu’il y avait de nombreux points de convergence dans les documents, et les deux parties ont exprimé leur détermination à poursuivre le dialogue pour parvenir à un document de travail commun. Dans ce contexte, il est important de mentionner les déclarations des responsables des deux pays. Le président yéménite Ali Abdullah Saleh a déclaré que le Yémen n’était pas prêt à entrer en guerre avec ses frères arabes, exprimant son engagement envers le dialogue pour résoudre toute question politique ou frontalière.
Il a souligné que les efforts du Yémen reflétaient de bonnes intentions et un désir sincère de résoudre la question frontalière par le dialogue et la compréhension fraternelle, assurant les droits légitimes des deux parties et transformant les frontières en ponts pour la communication et l’amour entre les deux nations fraternelles.
En réponse, le roi Fahd a affirmé l’engagement de son pays envers la paix avec le Yémen dans son différend frontalier. Le prince Saud al-Faisal, ministre des Affaires étrangères, a déclaré que le roi Fahd avait choisi une politique de retenue et de prudence malgré les violations frontalières depuis décembre 1994. L’Arabie saoudite désirait une désescalade avec le Yémen, mais n’accepterait pas la tentative yéménite d’imposer la situation actuelle. L’Arabie saoudite avait l’intention d’éviter une escalade de la situation, soulignant l’importance du respect des accords et des engagements.
La médiation syrienne a conduit à la formation d’un comité juridique des deux côtés pour discuter de deux questions procédurales : le litige en cours sur la formulation de la délimitation frontalière, non couverte par le Traité de Taëf de 1934, et la délimitation de la frontière terrestre entre l’Arabie saoudite et l’ancien Yémen du Sud. De plus, la délimitation de la ligne frontalière restante à partir de la région de « Ras Al-Ma’uj » sur la mer Rouge jusqu’à la vallée de « Jizan », y compris le « Jabal Al-Thawr ». Dans le cadre de ces négociations, le niveau politique des pourparlers a été élevé avec la participation de M. Ibrahim Al-Anqari, conseiller spécial du roi Fahd, remplaçant M. Ali bin Muslim. M. Isma’il Al-Wazir, conseiller juridique du président yéménite, a remplacé M. Abdo Ali Abdul Rahman, vice-ministre des Affaires étrangères.
Les deux parties sont parvenues à un accord pour surmonter toutes les questions procédurales en formant quatre comités mixtes qui ont été négociés de manière préliminaire, comprenant :
Un comité militaire chargé de surveiller la situation aux frontières entre les deux pays, de prévenir toute activité militaire susceptible de menacer la stabilité dans les zones frontalières et d’arrêter les opérations de contrebande. Un comité frontalier qui engendre des sous-comités traitant des questions liées à la définition et à la délimitation des frontières et à la pose de repères. Un comité ministériel chargé de normaliser les relations entre les deux pays et de superviser le travail des trois comités. Un comité supérieur, dont la mission n’a pas encore été définie selon le mémorandum d’entente.