L’ancien vice-président syrien Khaddam : Le régime syrien « vise à entraîner le Liban dans la guerre civile

publisher: MEMRI

Publishing date: 2006-08-31

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Dans une interview du 28 août 2006 avec la chaîne de télévision libanaise Al-Mustaqbal, l’ancien vice-président syrien ‘Abd Al-Halim Khaddam, aujourd’hui leader expatrié de l’opposition syrienne, a ridiculisé les excuses des hauts responsables syriens pour la non-intervention dans la récente guerre entre Israël et le Hezbollah. Khaddam a soutenu que le refus du régime syrien de marquer les frontières avec le Liban est un prétexte visant à continuer la résistance dans le sud du Liban, puisque, selon lui, ces frontières « peuvent être marquées sur la carte en une heure ». Il a également révélé des informations selon lesquelles, après le retrait d’Israël du sud du Liban en mai 2000, alors qu’il était encore vice-président, la Syrie avait donné des instructions pour présenter la libération des Fermes de Chebaa comme l’un des objectifs de la résistance libanaise, un objectif qui n’avait pas été nommé dans le passé.

Voici une traduction des principaux points de l’interview :

Tous les éléments au Liban doivent accepter le fait que l’État est celui qui prend les décisions

« La garantie qu’il n’y aura pas de deuxième tour [de la guerre] est l’établissement de l’unité nationale libanaise, et [quand] tous les éléments libanais accepteront que l’État est celui qui prend les décisions et a la responsabilité. Mais si les choses restent telles qu’elles sont… alors le problème passera à l’arène intra-libanaise… »

Hafez Al-Assad a donné l’ordre d’empêcher la résistance dans le Golan

« En 1982, Israël a envahi le Liban et la guerre est devenue directe entre nous et Israël sur le sol libanais. Nous avons combattu à Beyrouth, dans les montagnes, dans la Bekaa et nous avons arrêté l’avance israélienne entre ‘Ayn Zhalta et Sultan Ya’aqoub dans la région ouest de la Bekaa. Puis vint la décision d’un cessez-le-feu. Après cela, [le président syrien de l’époque] Hafez Al-Assad a décidé d’épuiser Israël au Liban. [Même avant cela,] lorsque Hafez Al-Assad a décidé que la guerre traditionnelle avec Israël était devenue impossible en raison de ce qui est devenu clair pendant la guerre d’octobre [1973], il a donné des ordres stricts aux forces armées et aux appareils de sécurité [syriens] pour empêcher toute activité de résistance dans le Golan. Cela était dû au fait que toute réponse d’Israël aurait atteint l’arène interne syrienne…

Ainsi, en 1982, lorsque la décision a été prise, nous avons commencé à encourager les parties libanaises à mener des activités de résistance [au Liban]… »

Les explications des hauts responsables syriens sur la non-intervention de la Syrie dans la guerre d’août 2006 sont toutes des excuses

« [Le président syrien] Bachar Al-Assad est craintif et appréhensif à l’idée que la guerre se développe et atteigne le territoire syrien… Pour lui, la guerre peut être menée au Liban sans que la Syrie soit contrainte de supporter un fardeau militaire quelconque. Si vous me demandez quelle est la valeur de l’accord militaire syro-libanais, qui fait partie du contrat [militaire] entre eux, [je dirai] qu’il s’est avéré n’être qu’un bout de papier.

« [Ils prétendent avoir] une excuse. Certains des hauts responsables proches de Bachar Al-Assad l’ont dit : ‘Ce qui nous empêche d’intervenir [dans la guerre] est l’Accord sur la Séparation des Forces [entre la Syrie et Israël] dans le Golan’… [Pourtant] Israël a violé cet accord en attaquant à ‘Ayn Al-Saheb. Ils ont dit, ‘Si les forces israéliennes s’approchent des frontières de la Syrie, nous intervenons.’ [Pourtant] les forces israéliennes sont sur les terres syriennes dans le Golan. Bachar Al-Assad a dit dans son discours du [15 août 2006] qu’Israël a été vaincu dès les premiers jours. Si tel est vraiment le cas, pourquoi cette défaite n’a-t-elle pas été exploitée pour intervenir dans le Golan et le libérer? »

Il ne peut y avoir de résistance en Syrie tant que le peuple syrien lui-même est retenu prisonnier

« Comment peut-il y avoir de la résistance en Syrie lorsque le peuple syrien se considère lui-même comme un prisonnier, lorsque qu’un intellectuel syrien prononce trois mots et est immédiatement arrêté, et lorsque le peuple syrien est privé de sa liberté, opprimé et pillé par la famille au pouvoir ?… »

Il doit y avoir des relations d’égal à égal entre la Syrie et le Liban ; aujourd’hui, il n’y a pas de place pour l’unité syro-libanaise

« Quelle est la différence entre le Liban et tout autre État arabe ? Ce n’est absolument pas le moment d’établir une unité entre la Syrie et le Liban. [L’idée d’une] telle unité n’a jamais [même] traversé nos esprits. L’unité syro-mauritanienne [viendra] avant l’unité syro-libanaise… Dans mon expérience avec les subtilités de la situation libanaise, je dis qu’il doit y avoir des relations d’égal à égal entre la Syrie et le Liban, et cela servira les intérêts des deux pays. Pourquoi ne devrait-il pas y avoir de relations diplomatiques entre la Syrie et le Liban ? »

Les objections syriennes à la délimitation de la frontière aux Fermes de Chebaa sont une excuse pour continuer la résistance

« La délimitation de la frontière entre la Syrie et le Liban ne nécessite rien de plus que la volonté diplomatique… Même les frontières entre l’Arabie saoudite et le Yémen sont délimitées, malgré les disputes qui durent depuis plus d’un siècle. Pourquoi la frontière entre la Syrie et le Liban ne serait-elle pas délimitée ? L’occupation n’a rien à voir avec cela… Elles peuvent être tracées sur la carte en une heure…

« En réalité, [les objections de la Syrie] à la délimitation de la frontière sont un prétexte visant à justifier la continuation du mouvement de résistance dans le Sud. La libération des Fermes de Chebaa n’était pas l’un des objectifs de la résistance [c’est-à-dire le Hezbollah]. Personne n’a parlé des Fermes de Chebaa. [On a commencé à en parler] après le retrait [israélien de mai 2000] du Liban. C’était un ordre venant de Syrie. »

Assad vise à entraîner le Liban dans la guerre civile afin de clore l’enquête sur l’assassinat de Hariri et de revenir au Liban

« Il est clair que le régime syrien a deux objectifs : le premier est d’entraîner le Liban dans la guerre civile, afin de clore l’enquête sur l’assassinat du premier ministre libanais Rafiq Al-Hariri… Le deuxième objectif du régime syrien est de créer une situation où les choses au Liban exploseront, et ensuite [les alliés de la Syrie, c’est-à-dire le Hezbollah] réussiront à prendre le contrôle du Liban – ce qui permettra au régime syrien de revenir au Liban… »

La décision d’assassiner Al-Hariri a été prise par Bashar Al-Assad

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