Question palestinienne – Session d’urgence de l’AG – Compte rendu in extenso de la septième session extraordinaire d’urgence… Discours de Khaddam

publisher: General Assembly, General Assembly 7th Emergency Special Session

Publishing date: 1982-04-20

Facebook
Twitter
LinkedIn
WhatsApp
Question palestinienne – Session d’urgence de l’AG – Compte rendu in extenso

Septième session extraordinaire d'urgence


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE


PROCÈS VERBATIM PROVISOIRE DE LA DOUZIÈME RÉUNION

Tenu au Siège, à New York,

le mardi 20 avril 1982, à 15 heures

Président : M. KITTANI (Iraq)


M. KHADDAM (République arabe syrienne) (interprétation de l’arabe) : La communauté internationale estime nécessaire que l’Assemblée générale des Nations Unies reprenne sa septième session extraordinaire d’urgence pour discuter des pratiques agressives d’Israël dans les territoires arabes occupés contre le peuple arabe et les droits du peuple palestinien, conformément à la Charte et aux résolutions des Nations Unies.

Un rapide examen des activités, des documents et des résolutions de notre Organisation internationale confirmerait sans aucun doute que les discussions sur les politiques israéliennes et les violations occupent la majeure partie du temps à la fois du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale.

Ce qui semble toujours se produire, c’est que nous nous réunissons encore et encore, session après session, pour ensuite assister à une escalade persistante de l’agression d’Israël contre les terres arabes et aux graves violations des droits du peuple palestinien et à la répression brutale infligée par les autorités israéliennes dans les territoires syriens et palestiniens occupés.

L’agression d’Israël augmente de manière constante et indirecte proportionnellement aux réunions successives tenues ici aux Nations Unies pour discuter de cette agression et adopter des résolutions appropriées pour y faire face. Ce phénomène amène à poser la question suivante : Pourquoi tout cela se passe-t-il de cette manière ? La réponse claire et directe peut être résumée en deux faits :

Premièrement, Israël bafoue cette Organisation internationale, qui lui a donné son acte de naissance. Israël fait preuve d’un mépris total pour les principes de la Charte des Nations Unies et les résolutions. Tout ce qui est dit ici ne fait qu’accroître le mépris d’Israël pour le droit international et son défi envers le monde entier.

Deuxièmement, les États-Unis d’Amérique sont toujours prêts avec leur arme de veto au Conseil de sécurité des Nations Unies pour paralyser les projets de résolutions du Conseil, protégeant ainsi Israël de ses mesures et sanctions. Cette attitude encourage Israël à poursuivre ses actes d’agression contre les terres et les peuples arabes et à violer toutes les mesures, sanctions ou résolutions adoptées par l’Assemblée générale des Nations Unies. C’est ce parapluie de protection américaine qui encourage Israël à poursuivre sa politique d’annexion des territoires arabes et palestiniens occupés.

Je n’ai pas l’intention de passer en revue les centaines de résolutions adoptées par l’Assemblée générale des Nations Unies et le Conseil de sécurité que Israël a refusé de respecter. Je rappellerai seulement les résolutions les plus récentes, afin que nous puissions examiner le comportement d’Israël.

La résolution 476 (1980) du Conseil de sécurité a déclaré nulles et non avenues toutes les mesures d’Israël à Jérusalem. Que fit Israël après l’adoption de cette résolution ? Non seulement il l’a rejetée, ou simplement refusé de s’y conformer, mais il a également suivi cette décision en annexant le plateau du Golan syrien occupé. Dans une résolution ultérieure – la résolution 497 (1981) – le Conseil de sécurité a exigé l’annulation de cette décision agressive dans le Golan. Une fois de plus, Israël n’était pas satisfait de rejeter cette résolution, il a également commencé à intensifier, de manière sans précédent, ses actes d’agression contre les terres syriennes et palestiniennes occupées, en prélude à leur annexion, et contre les habitants arabes de ces terres.

Nous nous réunissons ici aujourd’hui pour discuter des actes de répression brutaux perpétrés par Israël contre des jeunes, des femmes, des enfants et des personnes âgées arabes. Bien que ces personnes fussent totalement désarmées, des dizaines d’entre elles sont tombées mortes ou blessées sous les rafales de balles israéliennes. Elles manifestaient leur opposition à la règle répressive et injuste de l’occupation israélienne. Elles protestaient contre les mesures arbitraires d’Israël lorsque celui-ci a renvoyé de force les maires légitimement élus. Les troupes israéliennes sont utilisées pour intimider les citoyens arabes dans le plateau du Golan occupé, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Le nombre de victimes arabes, martyrs et blessés, continue de s’accroître jour après jour.

Pourtant, la rancœur raciste des Israéliens ne s’est pas arrêtée là. Elle s’est bientôt étendue aux lieux de culte et aux sanctuaires religieux. Ils ont attaqué les fidèles, tuant et blessant au hasard, sous les yeux du monde entier. Les Israéliens n’étaient pas satisfaits de violer les lois et les statuts du monde. Ils ont donc levé leurs mains ensanglantées contre les lois du Ciel, profanant les sanctuaires et attaquant les fidèles.

Je ne propose pas de passer en revue l’histoire et ses différents événements. Je voudrais seulement me référer à quelques phases historiques qui témoignent que cet État, Israël, a été établi sur notre terre arabe de Palestine en l’absence des deux tiers des États du monde d’aujourd’hui. Depuis les jours de la préparation, Israël avait des tâches spécifiques liées au colonialisme et à l’impérialisme mondial. Cela a amené Israël à jouer un rôle non moins injuste et pire que celui du régime raciste en Afrique du Sud.

Pendant la Première Guerre mondiale, le mouvement sioniste s’est allié à l’impérialisme occidental. La récompense offerte par Balfour, le ministre des Affaires étrangères britannique, fut la Déclaration Balfour promettant l’établissement d’un État hébreu en Palestine, comme si la Palestine faisait partie des possessions de la Couronne britannique. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le mouvement sioniste s’est allié au chef de l’impérialisme mondial, à savoir, les États-Unis d’Amérique. La récompense fut l’établissement de l’État hébreu en Palestine.

Entre ces deux guerres, les impérialistes britanniques en Palestine étaient très actifs dans leur encouragement à l’immigration juive, exerçant des pressions sur et persécutant les habitants arabes. Ils ont également apporté toutes les formes d’aide et de soutien aux gangs sionistes jusqu’au jour de la grande catastrophe en 1948, lorsque l’établissement de l’État d’Israël a été proclamé sur une partie du sol de la Palestine.

Israël est donc le résultat d’un mariage de convenance entre un mouvement raciste, c’est-à-dire le sionisme, qui adopte la mentalité de supériorité et de distinction par rapport au reste de l’humanité, et l’impérialisme et le colonialisme, qui sont venus dans notre région pour la gouverner, la contrôler, lui imposer leur hégémonie et exploiter ses ressources économiques et humaines afin d’utiliser tout dans cette région au service des intérêts stratégiques du sionisme. Un État basé sur une idéologie raciste et allié aux forces de l’impérialisme et du colonialisme ne peut qu’être à la fois agressif et injuste.

Cet État a été admis à adhérer aux Nations Unies à condition qu’il respecte la Charte de l’Organisation internationale et s’engage à mettre en œuvre les résolutions des Nations Unies. Cependant, Israël a utilisé tous les moyens pour violer la Charte, refuser de mettre en œuvre les résolutions des Nations Unies et ne montrer qu’un mépris total pour cette Organisation et le droit international.

Le lien organique entre le sionisme et Israël, d’une part, et l’impérialisme et le colonialisme, d’autre part, a conduit aux résultats suivants. Premièrement, le peuple palestinien a été expulsé de sa patrie et toute la Palestine ainsi que d’autres territoires arabes ont été occupés. Deuxièmement, un état de tension constamment explosif a été créé, menaçant continuellement la paix et la sécurité au Moyen-Orient et dans le monde entier. Troisièmement, en 1956 et dans le cadre de son alliance avec les gouvernements britannique et français, Israël a mené une guerre d’agression contre l’Égypte simplement parce que cette dernière avait repris son droit de contrôler sa propriété nationale et nationalisé le canal de Suez. Ainsi, Israël a été utilisé comme un instrument de vengeance, mais en même temps, Israël a utilisé ses deux alliés pour réaliser certains gains territoriaux. Quatrièmement, en 1967, Israël a mené une autre guerre d’agression contre trois pays arabes, occupant toute la Palestine et des parties des territoires de la Syrie et de l’Égypte. Après cette guerre, Israël a commencé à établir des colonies et à poursuivre une politique répressive de terrorisme visant au déplacement des habitants arabes afin d’évacuer la population autochtone des territoires occupés et de créer un vide démographique. Il a changé les repères et les caractéristiques de ces territoires arabes occupés. Il a perpétré des dizaines d’attaques contre des villes et des villages libanais ainsi que contre les regroupements palestiniens au Liban. Il a bombardé le réacteur nucléaire irakien. Il a proféré des menaces contre la Syrie. Ces menaces ont presque entraîné une conflagration militaire à la suite des attaques israéliennes contre les forces de dissuasion arabes au Liban. Israël a promulgué deux « lois » – l’une prévoyant l’annexion de la ville arabe de Jérusalem et l’autre prévoyant l’annexion du plateau du Golan syrien occupé.

Tous ces actes corroborent les faits suivants.

Tout d’abord, Israël continue de mettre en œuvre ses complots agressifs, refusant de permettre le développement de toute situation propice à l’établissement d’une paix juste et durable dans la région. Une paix juste exige qu’Israël se retire totalement de tous les territoires arabes occupés et reconnaisse les droits nationaux inaliénables du peuple palestinien, y compris le droit au rapatriement, à l’autodétermination et à l’établissement de leur propre État indépendant sur leur sol national. Tout cela est contraire à l’idéologie sioniste dont l’objectif est l’établissement d’un État fondé sur la discrimination raciale, la supériorité raciale et l’expansion.

Deuxièmement, Israël refuse catégoriquement d’adhérer à la Charte des Nations Unies et refuse de mettre en œuvre ou d’honorer les résolutions des Nations Unies. La Charte rejette le principe de l’utilisation de la force pour annexer un territoire. L’idéologie sioniste d’Israël est basée sur une expansion continue et l’annexion de territoire jusqu’à ce que l’État hébreu devienne conforme aux principes et à la stratégie du mouvement sioniste.

Troisièmement, Israël refuse de mettre en œuvre toutes les résolutions pertinentes des Nations Unies. Il refuse de se conformer à la résolution 478 (1980) concernant ses mesures à Jérusalem, à la résolution 497 (1981) concernant ses mesures sur le plateau du Golan et à la résolution 446 (1979) concernant l’établissement de colonies juives, toutes adoptées par le Conseil de sécurité des Nations Unies. Il y a aussi des centaines d’autres résolutions adoptées par l’Assemblée générale, toutes formant un ensemble solide de preuves décisives et irréfutables du mépris total d’Israël pour l’Organisation internationale et pour toutes les valeurs sur lesquelles les Nations Unies sont fond

Ces faits sont corroborés par le développement historique de l’agression israélienne contre la nation arabe en général, et contre le peuple palestinien en particulier. Ils sont également confirmés dans les dossiers de l’Organisation internationale, que ce soit ceux du Conseil de sécurité, de l’Assemblée générale ou des agences spécialisées des Nations unies.

Nous croyons que ce phénomène très anormal dans la situation internationale, à savoir le phénomène d’Israël, est le résultat des facteurs suivants :

Premièrement, l’idéologie sioniste, qui vise à l’expansion et à la pratique de l’agression pour atteindre les objectifs stratégiques du mouvement sioniste dans l’établissement d’un État expansionniste sans frontières connues.

Deuxièmement, l’aide et le soutien prodigués par l’Occident au mouvement sioniste, puis à l’entité sioniste en Palestine, afin de faire de cette entité un bastion pour la protection des intérêts de l’impérialisme occidental dans la région. Cette entité reçoit ainsi une assistance, un soutien et une couverture politique et militaire des pays impérialistes.

Troisièmement, le soutien illimité des États-Unis à Israël dans tous les domaines économiques, politiques, militaires et internationaux. Ce soutien a transformé Israël en une puissance militaire arrogante et agressive dans la région.

Quatrièmement, l’incapacité de l’Organisation internationale à prendre des mesures de dissuasion contre cet État agressif. Cet échec a permis à Israël de mépriser la Charte des Nations unies et les résolutions.

Face à cette situation, nous devons poser une question lors de cette session : que faire pour faire face à ce phénomène irrégulier sur la scène internationale, et imposer le respect de la Charte, la mise en œuvre des résolutions, repousser l’agression et aider les victimes des actes de cet État raciste ? Devrait-on permettre à Israël de se comporter de cette manière sans être dissuadé ? Est-ce que quelqu’un imagine que cette situation bizarre et anormale puisse perdurer au Moyen-Orient ?

En poursuivant cette politique agressive, en refusant d’adhérer à la Charte des Nations unies, en continuant d’occuper des terres arabes et de réprimer à la fois les activités privées et publiques des citoyens arabes dans les territoires occupés, Israël pousse délibérément la région du Moyen-Orient vers l’explosion, jour après jour. Une telle explosion constitue une menace pour la paix et la sécurité, non seulement au Moyen-Orient, mais aussi dans le monde entier.

L’échec du Conseil de sécurité des Nations unies à prendre des mesures appropriées conformément à la Charte des Nations unies, grâce à l’utilisation du veto par les États-Unis, oblige l’Assemblée générale des Nations unies, conformément aux dispositions de la Charte, à assumer ses responsabilités pour la sauvegarde de la paix mondiale et de la sécurité, et à imposer le respect de la Charte et la mise en œuvre des résolutions de l’Organisation.

Par conséquent, l’Assemblée générale des Nations unies n’a d’autre choix que d’adopter une résolution révoquant la résolution 273 (III) adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies en 1949, admettant Israël en tant que membre de l’Organisation internationale. L’Assemblée générale, qui a adopté la résolution 273 (III), a l’autorité pour révoquer une résolution – qu’elle avait le droit d’adopter en premier lieu – d’autant plus que la partie concernée par cette résolution, c’est-à-dire Israël, n’a pas respecté ses engagements définis par cette résolution et par la Charte des Nations unies.

L’adoption d’une telle résolution restaurerait la confiance dans l’organisation internationale et consoliderait la légitimité internationale, et ne permettrait pas l’utilisation de l’universalité de cette Organisation comme couverture pour l’agression, l’oppression et l’injustice. Elle ferait plutôt de l’Organisation un pilier de la justice, du droit et de la liberté.

Alors que nous présentons cette image à l’Assemblée, nous affirmons que la nation arabe continuera la lutte juste et légitime pour la libération de tous ses territoires occupés, aussi bien syriens que palestiniens, et pour le rétablissement des droits nationaux inaliénables du peuple arabe palestinien dans sa patrie, la Palestine, y compris son droit au rapatriement, à l’autodétermination et à l’établissement de son propre État indépendant sous la direction de l’Organisation de libération de la Palestine. Depuis cette tribune internationale, nous déclarons que nous et nos frères au Golan, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, ainsi que dans toute la Palestine, continuerons à offrir des sacrifices.

La lutte de nos frères dans les territoires arabes occupés fait partie intégrante de la lutte menée par les nations souffrant de l’occupation et de l’impérialisme pour recouvrer leur liberté et leur indépendance nationale.

Cette lutte est en elle-même une défense du droit des peuples à l’autodétermination, ainsi que des droits et de la dignité de l’homme partout.

Par conséquent, le peuple arabe dans les territoires syriens et palestiniens occupés attend l’aide et le soutien de l’Organisation pour sa lutte légitime afin de recouvrer sa liberté et ses droits.

La lutte du peuple pour sa liberté ne peut être vaincue, quelle que soit sa durée. L’injustice peut prévaloir pendant un certain temps, mais elle ne peut pas prévaloir éternellement.

Facebook
Twitter
LinkedIn
WhatsApp

Articles Récents


Dossiers Khaddam : mes premiers contacts avec Bachar el-Assad

2025-02-12

Dans la première partie d’une série en trois parties, Al Majalla présente des extraits exclusifs des mémoires de l’ancien vice-président syrien Abdul Halim Khaddam, notamment la manière dont il a contribué à remplacer un Assad par un autre. Al Majalla Pour marquer le 20e anniversaire de l’assassinat du Premier ministre libanais Rafic Hariri, survenu le […]

Les mémoires de Khaddam… « lettres d’amour et de menaces » entre Reagan et Assad… L’Amérique se retire du Liban, Israël se retire et la Syrie « est isolée »

2024-10-28

Damas libère le pilote américain au milieu des tournées en navette de l’envoyé de la Maison Blanche Rumsfeld… et Washington déjoue une visite secrète de Hikmat Al-Shihabi Au milieu des échanges militaires entre les États-Unis et la Syrie au Liban, la maladie du président Hafez al-Assad, les ambitions de pouvoir du colonel Rifaat et l’intensification […]

Les mémoires de Khaddam… un affrontement américano-syrien au Liban… et l’envoyé de Reagan demande une rencontre avec Rifaat al-Assad après que « Monsieur le Président » soit tombé malade

2024-10-27

Khaddam menace l’ambassadeur de Washington d’une « expulsion immédiate »… et d’un échange de bombardements syro-américains Le président Ronald Reagan a tenté de contenir la crise avec le président Hafez al-Assad après le bombardement des « Marines » et les tirs d’artillerie, en envoyant son envoyé spécial, Donald Rumsfeld, à Damas le 20 novembre 1983. Rumsfeld, ancien secrétaire à […]