- Relations Étrangères des États-Unis, 1977-1980, Volume VIII, Conflit Arabo-Israélien, Janvier 1977 – Août 1978 Télégramme du Secrétaire d’État Vance à l’Ambassade en Israël et au Département d’État Riyad, 14 décembre 1977, 12h00 Z
Secteur 12126. S’il vous plaît, transmettez à la Maison Blanche pour Brzezinski. Au Caire pour Atherton. Pour le Chargé par le Secrétaire. Objet : Rapport sur la Réunion du Secrétaire avec le Président Assad, le 13 décembre 1977.
- J’ai rencontré mardi après-midi pendant deux heures le Ministre des Affaires Étrangères Khaddam, suivi de deux autres heures avec le Président Assad. Bien que les Syriens soient profondément en désaccord avec la politique de Sadate et notre soutien à celle-ci, le ton des réunions, en particulier celle avec Assad, était assez positif.
- J’ai commencé par réaffirmer notre engagement envers une paix globale et la reprise de la Conférence de Genève. J’ai expliqué que nous soutenions la réunion du Caire dans le cadre d’un processus que nous espérions faire avancer la cause de la paix. J’ai ensuite passé en revue les résultats de mon voyage jusqu’à présent. Assad a montré un intérêt considérable pour l’atmosphère en Israël, posant de nombreuses questions sur les indications de changements de mentalité. Je lui ai dit qu’il y avait eu un changement fondamental dans les attitudes israéliennes et que la direction israélienne et le public semblaient être conscients de la nécessité de s’attaquer aux questions clés et de prendre une mesure qui serait une réponse sérieuse à la décision de Sadate.
- Au cours d’une longue discussion sur leurs propres points de vue, Assad et Khaddam ont tous deux critiqué le voyage de Sadate en Israël car à leur avis, il avait perturbé « l’équilibre des forces » dans la région, affaibli la position arabe et rendu Genève impossible jusqu’à ce qu’un « nouvel équilibre » soit trouvé. Comme Assad l’a décrit, par le passé, les Arabes étaient unis contre Israël. Maintenant, l’un des principaux pays arabes a « rejoint l’autre camp ».
- Assad a veillé à ne pas attaquer personnellement Sadate, bien qu’il ait été très critique envers ses actions. Lui et Khaddam ont tous deux souligné que la Syrie reste engagée envers l’objectif de paix, mais que la situation a changé et que la réunion du Caire ne servira à rien. Assad est inquiet face à la perspective d’un accord bilatéral entre l’Égypte et Israël. Il doute que Begin prendra vraiment les décisions difficiles que Sadate exige de lui. Ce scepticisme explique en grande partie son inquiétude face à l’initiative de Sadate. Il croit que Sadate a beaucoup donné avec peu de chances d’obtenir beaucoup en retour. Il semble impliquer que si les Israéliens devaient changer leurs positions sur le territoire, les Palestiniens et Jérusalem, le processus de paix pourrait se rouvrir. Mais il est sceptique quant à la réalisation de cela et préfère donc rester en retrait jusqu’à ce que la situation s’éclaircisse.
- Assad était impatient de souligner que nos relations bilatérales restent solides et que nous devrions rester en contact. Je lui ai parlé en privé du prochain voyage de Begin.
- Vous devriez utiliser ce qui précède comme vous le jugez approprié pour informer Dayan de mes discussions à Damas.
- De plus, vous devriez aborder les points suivants concernant mes étapes à Amman et à Beyrouth :
A. À Amman, j’ai constaté que Hussein soutenait les initiatives de Sadate, convaincu que ses vues et celles de Sadate sont proches, en particulier en ce qui concerne la Cisjordanie et Gaza. Il a répété sa conviction qu’il n’y aurait pas de paix réelle à moins que la question palestinienne ne soit résolue. Hussein dit qu’il continuera ses efforts pour empêcher Assad de rejoindre les opposants.
B. À Beyrouth, j’ai transmis les inquiétudes d’Israël concernant le déplacement des Palestiniens hors de portée des roquettes à la frontière. Sarkis a souligné son grand intérêt à éloigner les Palestiniens du sud du Liban afin de progresser dans la reconstruction d’un consensus national. Cependant, ils estiment toujours ne pas avoir la capacité d’imposer un retrait complet. J’ai transmis les déclarations israéliennes selon lesquelles ils devraient agir en cas d’attaques sérieuses contre Israël en provenance du sud du Liban. En ce qui concerne le renforcement des Palestiniens dans le sud, ils pensaient que la probabilité que les renforts viennent de l’intérieur du Liban était faible.
Vance