L’ancien vice-président syrien Abdul Halim Khaddam s’est immiscé dans le débat politique tendu entre le Liban et la Syrie, offrant une « crédibilité renforcée » et un soutien moral à une partie du spectre politique libanais. Dans le même temps, il a ouvert une partie du récit syrien sur le Liban, mettant en lumière ses problèmes, ses complexités et les défis de la prise de décision. Dans les deux cas, la déclaration de Khaddam a servi de prélude à une allusion, tout comme le signal subtil dans l’insinuation, une indication claire de ce que la déclaration devrait englober, présentée sous la forme d’une question rhétorique ou exprimée à travers une approche attentiste.
Dans le contexte libanais, la déclaration de Khaddam a éliminé toute ambiguïté politique concernant « la liberté de prise de décision libanaise, la non-ingérence dans les affaires libanaises, la coopération et la coordination entre deux gouvernements distincts », etc. La nature dictée et imposée était évidente dans le style de gestion de la relation avec les Libanais. Cela n’était pas caché à l’humeur libanaise, ni à ceux qui abordaient la politique depuis l’extérieur du « mythe de la relation exemplaire entre deux pays arabes ». Néanmoins, la reconnaissance « officielle » exprimée par M. Khaddam reste significative. Elle s’ajoute à l’humeur politique populaire libanaise et, depuis une position officielle informée et influente, expose toute la « rhétorique arabe » improvisée par la classe politique libanaise qui détient les rênes du pays depuis l’Accord de Taëf et même avant.
Dans le contexte de la gestion des affaires politiques libanaises depuis l’extérieur et en reconnaissant que le centre officiel de prise de décision n’était pas à Beyrouth, M. Abdul Halim Khaddam a inclus l’assassinat du président Rafik Hariri dans l’agenda politique, et non en dehors. Cela a ramené à l’attention un ensemble d’opinions libanaises déclarant que « le soupçon politique est fondamental » dans l’analyse de tout crime politique, et que l’enquête judiciaire, avec sa nature différente, ne nie pas le « soupçon politique ». De plus, le temps nécessaire pour atteindre les « outils du crime matériel » peut devenir un élément contre la « stabilité collective » si cet ensemble laisse tomber l' »arme » du soupçon politique de ses mains. Les deux soupçons, judiciaire et politique, se complètent, bien que chacun ait ses propres mécanismes de fonctionnement. Dans le domaine du « soupçon politique », le « vice-président précédent » n’a pas absous la Syrie de responsabilité « quelque part ». En d’autres termes, il n’a pas acquitté l’arène de la « prise de décision politique syrienne », même s’il a formulé la non-accusation sous la forme de « nous attendons les résultats de l’enquête ». M. Khaddam a été plus logique à cet égard qu’un chœur libanais qui insiste encore pour se contenter du « soupçon judiciaire » et appelle toutes les parties à attendre l’achèvement de l’assemblage des éléments criminels, permettant ensuite à la justice de former un « soupçon judiciaire ». Cela pourrait devenir un autre sujet de division parmi les Libanais, car « la politisation du cas Hariri se produit et s’est produite par ceux qui veulent obscurcir l’enquête », selon M. Khaddam.
Dans le prolongement de cette « gestion politique », M. Abdul Halim Khaddam a fourni un autre témoignage sur la manipulation des affaires libanaises et la mauvaise gestion de ses « ressources politiques et économiques ». Cela implique de faire référence à « l’abus de la Banque Al-Madina », d’annoncer « le mépris pour certains leaders libanais et de les insulter », et d’indiquer que « l’intimidation et les menaces » faisaient partie des principales méthodes de « persuasion ». Cependant, l’aspect le plus alarmant réside dans la réponse des bénéficiaires de cette politique parmi les Libanais, recourant à l’arme de la médisance et à la politique de l’incitation…
La conclusion découlant de cette divulgation par le « vice-président précédent » met en lumière la structure interne du Liban, qui a servi de plateforme à la domination syrienne externe. Cela ouvre la porte à une autre conclusion qui a été réitérée de nombreuses fois et est toujours utile à mentionner : la relation « externe » avec le Liban reste toujours interne car elle est construite sur des intérêts internes réels, les reproduisant, y ajoutant tout en en prenant. La réalité est que l’affirmation selon laquelle « la situation interne du Liban est saine et en bonne santé » et qu’il suffit de « chasser le virus étranger de son corps » n’est pas valide !! Les faits disent le contraire, le dernier en date étant la déclaration d’Abdul Halim Khaddam, indiquant que le malaise est inhérent à la structure libanaise !
Le témoignage du « vice-président précédent » concernant le Liban est crucial et pourrait donner un élan à la reprise de l’enquête internationale. Il apporte un soutien en ce moment aux Libanais qui font face à une contre-attaque politique de la part des cercles politiques qui voulaient mettre le Liban dans une position de créer son espace d’indépendance avec ses forces locales et de construire son identité arabe interne sans l’ingérence de modèles ou d’idéologies arabes externes. Dans ce contexte libanais, du témoignage de M. Abdul Halim Khaddam, il y a également un aspect syrien interne significatif qui porte une grande importance et un degré élevé de sensibilité, simplement en le signalant rapidement car il a sans aucun doute un impact clair sur la nation libanaise. Les éléments de cet aspect incluent une mise au point sur la « concentration de la prise de décision politique et la marginalisation des institutions constitutionnelles », en d’autres termes, la limitation de l’initiative politique en dehors du centre de prise de décision, entraînant le recul de la base du système populaire, limitant la question à un cercle restreint d' »initiés ». Cela touche à la question de la « légitimité » jetée au visage du régime arabe général, y compris le régime syrien.
Un autre élément est la réfutation par « Khaddam de la théorie de la vieille garde » entravant la réforme, l’attribuant aux agences de sécurité et à certains « conseillers » qui ont mal interprété les transformations régionales et internationales, plaçant à tort « la Syrie au centre du danger » en raison de leurs erreurs. En d’autres termes, s’il y a une réforme à espérer au sein du « système », la vieille garde en est l’un de ses créateurs, et parmi eux, sinon en première ligne, se trouve M. Abdul Halim Khaddam, qui a « présenté ses idées réformatrices » !
Un élément supplémentaire abordé par Khaddam est lié à la « nouveauté de l’expérience de leadership syrienne », la rendant susceptible « d’enthousiasme », et donc ses décisions deviennent sujettes à la possibilité « d’inexactitude », nécessitant « des excuses et une réévaluation avec des mesures alternatives ». La signification implicite de cette déclaration supplémentaire soulève des questions sur la capacité de cette direction à faire face aux nouvelles circonstances politiques régionales et internationales et sa disposition à s’adapter à leurs exigences.
Que veut transmettre M. Abdul Halim Khaddam au public syrien ? Quels éléments supplémentaires cherche-t-il à cristalliser ? Il pourrait être prématuré de sauter aux conclusions maintenant, et il pourrait être plus prudent d’attendre les répercussions déclenchées par le discours télévisé du « vice-président précédent ». Cela n’empêche pas de faire quelques observations.
La première observation concerne l’exploration de l’avenir du régime en Syrie. Abdul Halim Khaddam a-t-il décidé d’initier des discussions internes sur cette question, la déclarant publiquement après qu’elle ait été largement discutée au sein de cercles politiques fermés ? La deuxième observation est liée à « l’alternative », soulevant une question suggérée par les remarques de Khaddam en bref : est-ce que le « vice-président précédent » veut laisser entendre que la possibilité d’une « alternative » interne syrienne est possible au sein du régime lui-même ? Cela épargnerait à la Syrie une autre expérience irakienne, que l’Occident ne veut pas maintenant, et que les Arabes, en général, rejettent.
La troisième et dernière observation concerne « l’innocence et l’indépendance » de l’initiative de M. Abdul Halim Khaddam. On ne peut pas ignorer que l' »écran » qui a diffusé son discours a une référence arabe bien connue, et l’espace français qui a accueilli sa transmission n’est pas un espace neutre !
Entre la Syrie et le Liban, d’une patrie à l’autre, Abdul Halim Khaddam se déplace avec l’agilité d’un expert et d’un connaisseur. Il est le « fils du régime » et l’un des principaux architectes de ses politiques, sans négliger le fait qu’il a admis faire partie de l’équipe « dominante » au Liban. Cela nécessite d’enquêter sur les sujets qu’il a soulevés, et s’ils sont vrais ou non. Ainsi, le bénéfice est atteint par le poids des significations voulues par le « vice-président précédent », et peut-être cela atténue-t-il une partie du poids dérivé de lui, soulageant le fardeau subi par la Syrie et le Liban.