Khaddam : « La campagne syrienne vise l’Arabie saoudite car elle est considérée comme un obstacle à l’influence iranienne. »
L’ancien vice-président syrien, Abdul Halim Khaddam, a condamné les déclarations faites par le vice-président syrien, Farouk al-Sharaa, les considérant comme faisant partie d’une politique visant à couper les liens de la Syrie avec le système arabe et à renforcer ses liens avec la stratégie régionale de l’Iran.
Khaddam, dans une interview avec « Al-Watan », a déclaré que le ciblage de l’Arabie saoudite est lié à la stratégie régionale de l’Iran, et le rôle du régime syrien dans cette stratégie est déterminé en lançant une campagne contre le Royaume et ses dirigeants. L’Arabie saoudite, en raison de sa position arabe et internationale, représente l’un des principaux obstacles aux intérêts iraniens dans la région, que ce soit dans le Golfe arabe, en Irak, en Palestine ou au Liban.
Khaddam a également affirmé que la Syrie est actuellement dirigée par une clique au pouvoir qui a paralysé les institutions constitutionnelles, propagé la corruption et semé la peur parmi les citoyens en intensifiant la répression et en imposant un état d’urgence.
Q : Que veulent les dirigeants syriens ? Autrement dit, où conduisent-ils le peuple syrien ?
R : Il n’y a pas de dirigeants en Syrie qui gèrent les affaires du pays, mais plutôt une clique au pouvoir qui a paralysé les institutions constitutionnelles, violé les lois, utilisé des mesures répressives contre les citoyens, répandu la corruption dans le pays et instillé la peur dans le cœur des citoyens syriens. Ils ont monopolisé la prise de décision et ont placé la Syrie dans une position dangereuse. De plus, ils ont causé de graves crises économiques entraînant la pauvreté, le chômage et l’épuisement des ressources de l’État, ce qui a conduit à une stagnation économique.
Q : Les déclarations de Farouk al-Sharaa reflètent-elles le sentiment de la rue syrienne ?
R : Les déclarations d’al-Sharaa font partie d’une politique poursuivie par la clique au pouvoir pour couper les liens de la Syrie avec le système arabe et renforcer ses liens avec la stratégie régionale de l’Iran. Farouk al-Sharaa parle au nom de son maître, et il est évident que la campagne a commencé avec les déclarations de Bashar al-Assad contre les dirigeants arabes, suivies d’attaques intensifiées contre l’Arabie saoudite à travers de multiples déclarations d’al-Sharaa et d’autres, ainsi que par les agents du renseignement syrien au Liban. Le ciblage de l’Arabie saoudite est lié à la stratégie régionale de l’Iran, et le rôle du régime syrien dans cette stratégie est défini en lançant une campagne contre le Royaume et ses dirigeants. L’Arabie saoudite, en raison de sa position arabe et internationale et de ses capacités, représente l’un des principaux obstacles à l’influence iranienne dans la région, que ce soit dans le Golfe arabe, en Irak, en Palestine ou au Liban.
Après s’être impliqué dans la prolongation du mandat du président libanais Lahoud et l’adoption de la Résolution 1559, l’assassinat du président Hariri et de certains dirigeants libanais, et le retrait des forces syriennes du Liban, ainsi que la formation du Comité d’enquête international, Bashar al-Assad s’est retrouvé confronté à des responsabilités internationales et arabes. Sa grande erreur a été de lier la Syrie aux intérêts régionaux de l’Iran, espérant que cela garantirait sa position en utilisant le Hezbollah pour intensifier la situation au Liban et la pousser vers une explosion. À ce moment-là, Bashar al-Assad imagine qu’il se transformera d’accusé en partenaire pour résoudre les problèmes de la région, et la question du Tribunal international sera close. Ces déclarations d’al-Sharaa sont condamnées par le peuple syrien, qui entretient des relations historiques et étroites avec l’Arabie saoudite depuis la création des deux pays. Tous les Syriens connaissent le soutien significatif et l’aide que l’Arabie saoudite a apportés à la Syrie depuis l’époque du feu roi Abdulaziz, et ils sont conscients de l’aide politique et économique que le Royaume a offerte à la Syrie au cours des trois dernières décennies. Le peuple syrien, avec son authenticité et ses valeurs, rejette fermement ces campagnes suspectes contre l’Arabie saoudite, qui servent ceux qui complotent contre la nation arabe.
Q : Selon vous, quelle est la raison derrière la campagne actuelle des responsables syriens contre l’Arabie saoudite ?
R : Comme je l’ai mentionné précédemment, Bashar al-Assad a commis une série d’erreurs majeures, dont l’une a été de lier la Syrie aux intérêts régionaux de l’Iran. Cela a suscité des craintes et des préoccupations parmi les Syriens selon lesquelles la Syrie deviendrait une arène pour les conflits en cours dans la région, avec l’Iran comme partie prenante. Par conséquent, dans le cadre de cette stratégie, Bashar al-Assad a lancé des campagnes consécutives contre l’Arabie saoudite.
Q : Comment envisagez-vous l’avenir de la Syrie sous ses dirigeants actuels ?
R : Le peuple syrien a deux options. La première est de se débarrasser de la clique au pouvoir et de construire un État fondé sur la primauté du droit et des institutions où les citoyens jouissent de droits et de devoirs égaux, indépendamment de leur religion, de leur secte, de leur ethnie ou de leur genre. Ce faisant, la Syrie retrouvera sa position sur les scènes arabe et internationale et poursuivra son chemin de progrès et de développement. Le deuxième scénario, sous la continuation de ce régime, entraînera plus de souffrances pour le peuple syrien. La pauvreté et le chômage augmenteront, les crises économiques s’aggraveront, la corruption rongera l’État, la répression s’intensifiera et l’extrémisme peut croître pour faire face à l’extrémisme du régime, risquant potentiellement de transformer la Syrie en un autre Irak. En bref, la continuation du régime actuel signifie la perte de la Syrie.
S – Comment envisagez-vous l’avenir de la Syrie sous ses dirigeants actuels ? R – Le peuple syrien est confronté à deux scénarios. Le premier consiste à se débarrasser de la clique au pouvoir et à construire un État de droit et des institutions où les citoyens ont des droits et des devoirs égaux, indépendamment de leur religion, de leur secte, de leur ethnie ou de leur genre. Cela permettrait à la Syrie de retrouver sa place sur la scène arabe et internationale, favorisant le progrès et le développement. Le deuxième scénario, avec la poursuite du régime actuel, entraînerait une augmentation des souffrances pour le peuple syrien, avec la pauvreté, le chômage, les crises économiques, la corruption et la répression qui s’intensifieraient. Cela pourrait conduire à la croissance de l’extrémisme, transformant potentiellement la Syrie en un autre Irak. En résumé, la poursuite du régime actuel signifierait la perte de la Syrie.
S – Quel rôle la société civile syrienne devrait-elle jouer pour rectifier le cours des politiciens au pouvoir ? R – L’autorité dirigeante en Syrie n’est pas disposée à être corrigée en raison de sa nature dictatoriale, qui engendre des comportements contraires aux intérêts du peuple syrien. Il n’y a pas de solution avec ce régime, et la tâche du peuple syrien est de renforcer l’unité nationale, la coopération et de surmonter la peur. Ils devraient concentrer leurs efforts sur la réalisation du changement.
S – La question du leader de l’opposition Riad Seif a été soulevée au plus haut niveau, et Washington est intervenu pour demander l’autorisation de le laisser voyager à l’étranger pour un traitement contre le cancer. La Syrie est-elle vraiment devenue une grande prison pour ses citoyens ? R – La Syrie est une prison depuis des décennies, avec l’état d’urgence et la répression qui punit tout appel à la réforme par des années de détention. Les Syriens ont le sentiment de ne pas vivre dans un État gouverné par l’État de droit, mais plutôt sous un système qui utilise la répression pour confisquer les libertés. Le fait d’empêcher Riad Seif, une personnalité de l’opposition syrienne, de voyager pour un traitement médical, expose la nature de ce régime et son mépris pour les droits humains fondamentaux.
L’Inévitabilité du Changement : S – En revenant à la situation interne en Syrie, voyez-vous une solution qui permettrait votre retour en Syrie, et quelles démarches avez-vous entreprises à cet égard, étant donné que vous dirigez un mouvement de réforme à cette fin ? R – Le changement en Syrie est inévitable, et un peuple souffrant de répression et de persécution, sous une politique de discrimination, d’exclusion et d’isolement, et privé des besoins de base tels que l’emploi, ne tolérera pas ce régime. Le Front de salut national, qui rassemble diverses factions et personnalités de l’opposition, a formulé son programme pour réaliser le changement et travaille à créer les conditions de son succès. Ce front a pris des mesures sérieuses dans son travail, et le peuple syrien se prépare au jour où il se soulèvera pour renverser la tyrannie, avec l’aide de Dieu.
S – Où en est le Tribunal international dans le procès des meurtriers du président Rafic Hariri, et avez-vous des informations sur sa convocation de certains responsables syriens pour interrogatoire ? R – Le Tribunal international est une réalité, et l’enquête, selon ce que je crois, touche à sa fin. Il est certain que toutes les personnes impliquées dans les crimes d’assassinat seront tenues responsables, quelles que soient leurs fonctions. Les progrès de l’enquête ont révélé l’implication de Bashar al-Assad et de ses collaborateurs, poussant le Liban vers l’explosion.
S – Certains en Syrie vous accusent d’être à l’origine de la campagne internationale, notamment en Europe et en Amérique, visant à imposer un siège à la Syrie. Y a-t-il vraiment un siège imminent contre la Syrie ? R – Il est essentiel de faire la distinction entre les intérêts de la nation et du peuple syriens et le régime despotique. L’opposition syrienne a appelé et continue d’appeler les communautés arabes et internationales à aider le peuple syrien dans sa lutte contre le régime despotique, et non à imposer un siège sur le peuple. L’opposition n’a pas d’informations sur un siège imminent ou lointain, et de toute façon, elle rejette toutes les mesures qui nuiraient au peuple syrien.
Les Élections Présidentielles : Un Intérêt Libanais : S – Selon votre expérience des affaires libanaises, croyez-vous qu’il y aura un vide constitutionnel le 25 novembre ? Quelles sont vos solutions, et pensez-vous qu’il est possible d’organiser des élections présidentielles au Liban, ou le pays se dirige-t-il vers le désastre ? R – Il est dans l’intérêt du Liban de tenir des élections présidentielles à temps, suivies de la formation d’un gouvernement d’unité nationale pour faire face à la situation complexe résultant des pratiques de Bashar al-Assad au Liban. Si les intérêts nationaux libanais l’emportent parmi toutes les parties libanaises, alors les choses se dérouleront naturellement, et les élections présidentielles auront lieu, conduisant à la formation d’un gouvernement d’unité nationale. Cependant, si le régime syrien est inquiet à propos du Tribunal international, il travaillera à entraver les élections et poussera ses alliés à susciter des problèmes de sécurité, espérant se transformer d’une partie accusée en un participant pour résoudre les problèmes du Liban et de la région, assurant la perturbation du Tribunal et la continuation de son régime. La communauté internationale et les pays arabes sont déterminés à soutenir la tenue des élections présidentielles, mais la question est de savoir si le régime syrien se conformera à ces directives. Si ce n’est pas le cas, que se passera-t-il, et l’Iran continuera-t-il à faire pression sur le Hezbollah pour répondre aux demandes de Bashar al-Assad ? L’échec des élections présidentielles pourrait avoir des conséquences graves, non seulement pour le Liban, mais aussi pour l’ensemble de la région, et pourrait être une porte d’entrée à des explosions majeures dans la région.
Le Meilleur Chemin pour l’Armée Libanaise : S – Si les élections présidentielles n’ont pas lieu, quel est l’avenir du Liban ?
Deux gouvernements ? Guerre civile ? Renforcement du contrôle de l’armée sur les décisions politiques ? R – Comme je l’ai mentionné précédemment, la question ne concerne pas ce qui se passera au Liban, mais plutôt ce qui se passera dans la région, car la question libanaise est devenue un problème international et régional, affectant la sécurité et la stabilité dans toute la région. Je doute que l’armée libanaise prenne le contrôle en raison des complexités des situations sectaires et politiques au Liban. Il serait préférable que l’armée libanaise reste à l’écart de l’implication dans les questions politiques, en particulier compte tenu que la situation sectaire et politique au Liban peut affecter l’armée si elle intervient. Certaines forces possèdent des capacités militaires qui dépassent les capacités de l’armée, en particulier dans certaines régions, et l’armée, telle qu’elle est actuellement, est incapable d’exercer un contrôle sur l’ensemble des territoires libanais.