Lettre de M. Abdel Halim Khaddam aux ministres des Affaires étrangères des membres permanents du Conseil de sécurité

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Publishing date: 2013-06-27

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Monsieur le Ministre,

Suite à l'annonce d'un accord entre les États-Unis d'Amérique et la Fédération de Russie pour convoquer une conférence internationale à Genève, visant à discuter de la crise en Syrie, à mettre fin à l'effusion de sang et à parvenir à une solution politique négociée entre l'opposition syrienne et le régime brutal. , je crois qu'il est de ma responsabilité de présenter les faits suivants :

Premièrement, les négociations impliqueront deux équipes : l’une possédant tous les moyens de tuer, de destruction et d’extermination. Leur agression a entraîné la mort de plus de cent mille martyrs, d’innombrables blessés et handicapés, ainsi que la destruction systématique de bâtiments en Syrie. En outre, cela a conduit au déplacement de plus de cinq millions de Syriens à l’intérieur du pays et à l’étranger, en utilisant diverses méthodes de meurtre, de destruction et d’extermination. D'un autre côté, la partie victime se défend et défend son droit à la vie avec des moyens limités en raison du silence et de la réticence de la communauté internationale à prendre des mesures décisives pour sauver le peuple syrien.

Le processus de négociation est voué à l’échec dans la mesure où l’équipe puissante reçoit le soutien de la Russie et de l’Iran, tandis que l’autre équipe s’appuie uniquement sur des déclarations.
Deuxièmement, le problème en question va au-delà de l’élimination du tueur en série Bachar al-Assad. Cela englobe le démantèlement de l’ensemble du régime meurtrier au sein des institutions militaires et sécuritaires.

Troisièmement, toute solution politique manquant d’équité ne résoudra pas la crise sanglante en Syrie ; au contraire, ils exacerberont les disparités de richesse entre des millions de Syriens, ce qui en soi constitue un grand danger.

Quatrièmement, la Russie ne consentira pas au renversement de Bachar al-Assad du pouvoir jusqu'à la fin de son mandat, ni n'autorisera aucun changement dans les forces armées et les services de sécurité, malgré leur complicité en tant que complices de tous les crimes commis par le meurtrier. régime en Syrie.

Cinquièmement : l’Iran et le Hezbollah, qui lui sont affiliés, sont complices de tous les crimes de meurtre et d’extermination. Cependant, la communauté internationale a fermé les yeux sur l’Iran, malgré la menace importante qu’il représente pour la sécurité et la stabilité de la région.

Sixièmement : il est évident que vous avez choisi la Coalition nationale pour représenter les Syriens dans les négociations. Il est bien connu que la coalition n’a pas de racines en Syrie et n’a joué aucun rôle significatif dans la révolution en cours. Il ne pourra donc remplir aucun engagement. S’appuyer sur la coalition peut être assimilé à une approche peu pratique, comme accorder aux États-Unis le pouvoir de négocier les questions internationales depuis Chypre, alors que la véritable crise se situe ailleurs. Malheureusement, vous êtes détaché de la réalité du terrain.
Si une équipe entend recourir à la force pour imposer un accord rejeté par le peuple syrien, cela entraînera de nombreuses répercussions que nous souhaitons éviter. Cela poussera des millions de Syriens vers l’extrémisme, et la Syrie deviendra un refuge pour les extrémistes des mondes arabe et islamique. Même si les Syriens ne souhaitent pas un tel scénario, celui-ci se produira inévitablement en raison des solutions erronées proposées à cette agression sanglante sans précédent.

Septièmement : le gouvernement de transition sera incapable de prendre des décisions en raison de sa structure inhérente. Toute proposition avancée par l'équipe adverse sera rejetée par l'équipe adverse. Cette situation entraînera les conséquences suivantes :

a) L'escalade du chaos et des conflits sectaires, alimentés par de profondes tensions sectaires suscitées par le régime meurtrier, qui a exploité les membres de la communauté alaouite en commettant des meurtres, des exterminations et des déplacements contre l'écrasante majorité des Syriens, qui représentent quatre-vingt-cinq pour cent de la population. la population.

b) Un autre résultat potentiel est la survenue d’un coup d’État militaire dirigé par un certain groupe armé, visant à rétablir la sécurité et à demander des comptes aux auteurs. Toutefois, cela entraînerait le retour de la dictature en Syrie, ce qui entraînerait davantage de souffrances et de périls.

Je vous exhorte à reconnaître la gravité de la situation. C’est bien plus grave que ne le pensent certains gouvernements.
Vous savez bien que le Moyen-Orient est une région où se croisent les intérêts internationaux et régionaux. Ne laissons pas cette région devenir le théâtre de conflits sectaires ou d’affrontements motivés par des intérêts internationaux concurrents. J’insiste sur ce point parce que le gouvernement russe a déployé des navires militaires sur la côte méditerranéenne, apparemment pour protéger ses intérêts dans la région. Cette action évoque les ambitions expansionnistes de la Russie tsariste et les campagnes coloniales subies par les nations asiatiques et africaines.

Le Moyen-Orient est actuellement une poudrière. L’Iran et la Russie contribuent à l’accumulation de poudre à canon, inconscients des dangers qu’elle représente pour la sécurité et la stabilité mondiales.

En conclusion, je vous présente mes meilleures salutations.

Abdel Halim Khaddam. Ancien député de la République arabe syrienne
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