Les « détails libanais » portent de lourdes charges avec leurs complexités entremêlées qui, à première vue, semblent politiques mais révèlent rapidement leurs racines sectaires, culminant finalement dans une personnalité renforcée par la famille, la tribu ou un « individu de confiance ».
Lors des réunions fermées, le vice-président syrien Abdul Halim Khaddam se plaint souvent de ces « détails », qui semblent largement encapsuler la vie politique libanaise et peuvent noyer ceux chargés de les aborder dans un tourbillon de calculs « au coup par coup », de spécificités, de sensibilités et d’animosités, allant jusqu’aux ragots et aux biographies des acteurs et de leurs descendants méritants.
Même une question aussi critique que la Résolution 425 du Conseil de sécurité, qui appelle au retrait immédiat et inconditionnel des forces israéliennes du sud, peut se transformer – dans le marché toujours ouvert des enchères et des appels d’offres – en une demande pour une secte, un groupe ou un parti spécifique, comme si ce qui reste du pays est « sain et sauf ».
Hier, en marge de sa visite en soirée à Beyrouth, le vice-président syrien a abordé certains de ces « détails » dans son discours bref et riche en gestes, soulignant – en tant qu’homme d’État – les moyens de traiter ceux qui « veulent être soignés et guéris plutôt que de jouer à épuiser les blessés pour bénéficier de l’apparence d’un « guérisseur » et du mythe de sa main bénie ».
Abdul Halim Khaddam a déclaré, au cœur du siège présidentiel, que « l’institution » est la source du pouvoir et le cadre naturel du dialogue ou de la discussion, que cela mène à un accord ou à un désaccord. Les questions sont soulevées et résolues au sein du Cabinet, et non en dehors.
Abdul Halim Khaddam a précisé que les individus acquièrent leur importance ou cristallisent et incarnent cette importance au sein de l’institution, et qu’ils grandissent avec elle plutôt qu’à ses dépens.
En reconnaissant les rôles des individus (responsables), et à travers cette reconnaissance, Abdul Halim Khaddam a souligné une formule que les Libanais, en particulier ceux avec des rôles et une influence, tendent à négliger : la règle de la République de Taëf est un partenariat clair entre ceux qu’il appelle les « traditionalistes » et ceux qui se décrivent comme des « réformistes ».
En termes plus clairs : la règle est un partenariat entre les politiques d’avant-guerre et ceux qui ont dominé la scène politique pendant la guerre, poussés par les vagues générées par les soulèvements d’injustice, de privation, de peur et de quête de dignité restaurée.
Il semble que le principe prévalent et accepté, jusqu’à nouvel ordre, soit : un « prince » venant de l’extérieur des milices et un « ministre » de l’intérieur. La présidence appartient aux traditionalistes, les héritiers de la première génération de politiques de la « République de l’indépendance », mais elle n’est pas absolue ; elle est régulée au sein d’une « institution » construite par et ensuite décidée par les « réformistes ».
En ce qui concerne le sectarisme, il n’y a pas d’avantage pour les traditionalistes par rapport aux réformistes. Peut-être que les « traditionalistes », en raison des souvenirs et des pratiques menant à l’ère des élections, des listes et des régions avec diverses affiliations religieuses et sectaires, sont moins explicites dans la déclaration de leur « sectarisme », et peut-être qu’ils en ont moins besoin pour affirmer leur « prestance » et leur statut représentatif.
N’est-ce pas un paradoxe frappant que le vice-président syrien se rende à Beyrouth avec les « lourdes tâches » de réconcilier les responsables des « bâtisseurs » de la seconde république, de réparer les institutions constitutionnelles et de les inviter à revenir et à les revitaliser à travers leur « dialogue » sur leurs « détails », qui sont rarement divertissants ?
Et quand cela se produit-il ?
…alors que le secrétaire d’État américain James Baker commence sa septième tournée dans la région, en préparation d’un appel à une « conférence de paix » chargée de concevoir un « règlement acceptable » pour le conflit arabe-israélien.
…alors que les Israéliens font face à leur « grand invité » avec une unité de façade, malgré leurs nombreux partis politiques et religieux, utilisant cette diversité même comme un outil supplémentaire de pression et d’extorsion, certains allant même jusqu’à lui lancer des « tomates ». Pendant ce temps, les « sages » tentent de masquer ou de minimiser le désaccord pour maintenir un fil de communication, sinon l’extorsion deviendrait impossible.
…alors que la Syrie déploie des efforts intensifs pour obtenir une position arabe unifiée ou coordonnée sur la base du niveau minimum de solidarité, et pour empêcher l’exploitation des divisions arabes afin d’enraciner une ère de défaite ou de justifier la reddition de certains partis épuisés cherchant une paix séparée (peut-être) ou pire, ce qui minerait la Palestine sans fournir de protection ou de garanties pour tout autre pays arabe, avec tout le monde menacé et le danger imminent.
« Grâce aux discussions permanentes basées sur nos intérêts communs, nous arrivons à des conclusions unifiées. »
C’est ainsi qu’Abdul Halim Khaddam a commencé ses remarques à son arrivée à Beyrouth hier soir, à la veille du « voyage impérial » à New York.
Mais le problème réside dans l’« identité » de l’interlocuteur libanais avec le partenaire syrien.
C’est le problème qui a été abordé par la composition de la délégation tripartite aux Nations Unies, avec cette fabrication remarquable et unique.
Une institution absente à l’intérieur ne peut être invoquée et ensuite utilisée à l’étranger pour affirmer son adhésion à l’ère de la démocratie et des institutions. Les justifications pour le voyage commun des trois présidents confirment la faiblesse des institutions existantes, sinon leur disparition. Le monde n’a pas besoin d’une délégation conjointe pour croire que le Liban a été guéri de son sectarisme chronique.
En l’absence de « l’institution », la discussion restera défaillante, et « l’État » en Syrie continuera de chercher au Liban quelqu’un qui interagit réellement avec lui, que ce soit en accord ou en désaccord, basé sur les intérêts et la politique, et non sur l’humeur, le désir ou motivé par une hostilité chronique.
En attendant ce jour, les « détails libanais » pèseront lourdement sur ceux qui les portent, gaspillant leur temps et leurs efforts dans des affaires futiles, puis ils seront accusés d’ingérence dans les affaires internes de cette république particulière qui n’a pas de véritable « intérieur »… du tout !